Lycée : comment les proviseurs ont-ils bouclé la rentrée 2011 ?

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Lycée : comment les proviseurs ont-ils bouclé la rentrée 2011 ?
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Le syndicat des chefs d'établissement - SNPDEN (syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale) - a mené son enquête sur les suppressions de postes dans l'Education nationale. En interrogeant un panel représentatif de 1501 collèges et lycées, le syndicat a tenté de savoir qui payait le plus l'addition. Le document a été rendu public lundi 29 août 2011. Des résultats qui confirment ceux de notre dossier .


« « Les rentrées techniquement réussies » succèdent inlassablement aux « rentrées techniquement réussies » ». Le SNPDEN (syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale) ironise sur cette expression régulièrement employée par le ministère de l’Éducation nationale. Dans son enquête intitulée « À quel prix les établissements vont-ils payer la rentrée techniquement réussie ? » (voir document PDF en pièce jointe), le syndicat montre en 5 points clés comment les établissements ont vécu la préparation de la rentrée 2011, et notamment quelles variables d’ajustement ils ont utilisé pour palier les suppressions de postes (16000 à la rentrée 2011, 66000 depuis 2007).

Les heures supplémentaires à la rescousse

La baisse moyenne de la dotation horaire globale des 1501 répondants est passée de 825,31 heures en 2010 à 820,32 heures à la rentrée 2011, soit une baisse de 0,61 %. Cela revient à 1 % de postes en moins. Pour compenser, les établissements proposent aux professeurs des heures supplémentaires, au-delà de l’heure obligatoire. Le SNPDEN compte 1,73 d’heure supplémentaire par poste en moyenne (+3,9 %). Au lycée général et technologique, le chiffre atteint le record de près de 2,2 heures par poste (+6,7 %).

Attribution des dotations horaires : des fluctuations selon les académies

D’après l’enquête du SNPDEN, 16 % des établissements ne savent pas ou ne comprennent pas comment leur dotation a été calculée. Cette part passe à 22 % en lycée général et technologique. Et le syndicat d’indiquer : « Des variations considérables sont observées entre des établissements « toutes choses égales par ailleurs » sans qu’aucune explication ne puisse être apportée autre que les mœurs locales ».

Établissements-académies : le courant ne passe pas toujours

« Seuls 40 % des établissements ont pu faire valoir (au moins partiellement) leurs difficultés à quelqu’un [dans l’académie] et obtenir une aide même incomplète », révèle le SNPDEN. Le syndicat recense plus d’insatisfaits en collège et en lycée professionnel (38 % estiment avoir été entendus).
Le « dialogue de gestion » est également différent selon la taille des établissements. Pour être reçu et obtenir une réponse positive à une demande auprès de son académie, mieux vaut être un gros lycée polyvalent ou général et technologique qu’un petit lycée professionnel. De même, mieux vaut être situé dans une grande agglomération et en zone urbaine. En revanche, les établissements défavorisés obtiennent plus souvent gain de cause que la moyenne (43 %).
Enfin, preuve que la communication est dégradée : un établissement sur cinq soupçonne que les prévisions d’effectifs ont été volontairement minorées afin de supprimer des classes.

Les leviers utilisés par les établissements

En mai 2010, Luc Chatel, le ministre de l’Éducation nationale avait chargé les académies de « mobilier des gisements d’efficience ». Huit « leviers » ont été proposés aux établissements. Près de 70 % d’entre eux en ont utilisé au moins un.
Le plus employé (à plus de 33 %) est la limitation du nombre de cours à effectifs réduits. Dans le top 5, viennent ensuite la suppression d’actions de remédiation, l’abandon de projets éducatifs, l’utilisation de regroupements pédagogiques artificiels et l’utilisation de l’accompagnement personnalisé et des itinéraires de découverte comme variable d’ajustement. Plus grave : 12 % des établissements disent ne plus pouvoir respecter les horaires nationaux. 13,3 % ont l’intention de se servir de cela comme levier.  
Pour le SNPDEN, en lycée, « ce sont plutôt les dispositifs mis en avant par les réformes qui servent de variables d’ajustement afin d’épargner les horaires obligatoires ».

Les plus fragiles sont les plus touchés

Les lycées professionnels et les lycées polyvalents font le plus les frais des mesures d’économies. « Dans un système rigidifié par des normes, les retraits de moyens se font en priorité là où des moyens supplémentaires avaient été mis. Là où le minimum était déjà donné, il est évidemment plus difficile de reprendre quelque chose », indique le SNPDEN. À noter : mieux vaut faire partie d’un dispositif (par exemple, RAR ou CLAIR) car, parmi les établissements défavorisés, ils se révèlent les plus protégés. Sans être complètement à l’abri…
Comme les autres, ils sont contraints de s’attaquer au qualitatif. Ainsi, tous établissements défavorisés confondus, 33 % vont réduire leur dispositif de remédiation (contre 27 % en moyenne), 28 % vont supprimer des projets éducatifs (contre 23 % en moyenne) et 36 % vont supprimer des cours à effectifs réduits (contre 33 % en moyenne). « No comment », conclut le SNPDEN.

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