Emploi des jeunes : les 18 recommandations du conseil économique et social

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Mercredi 26 septembre 2012, jour même où la barre symbolique des trois millions de chômeurs est officiellement dépassée avec la publication du nombre de demandeurs d'emploi pour le mois d'août, le Conseil économique et social (CESE) présente son avis sur l’emploi des jeunes adopté en séance plénière. Ce rapport composé de 18 recommandations témoigne d’un volontarisme affiché par son rapporteur, Jean-Baptiste Prévost, avançant quelques propositions concrètes et assez inédites.

Partant du constat que le chômage des jeunes résulte d’un contexte structurel, autrement dit un chômage de masse, et « non d’une inadaptation des jeunes au monde du travail », le rapport du CESE propose d’agir sur le court et le moyen terme. « Il n’y a pas de réponse unique. Il faut faire feu de tout bois. Les indispensables mesures d’urgence ne suffiront pas : ce sont les règles du jeu qu’il convient de changer », souligne Jean-Baptiste Prévost.

Des emplois d’avenir avec de la formation

Soutenant l’augmentation du nombre d’emplois aidés en période de crise, notamment les 150.000 emplois d’avenir d’ici 2014, le rapport propose d’améliorer le dispositif en renforçant le volet formation et en l’ouvrant aux jeunes plus qualifiés (de bac à bac + 2) qui ont aussi des difficultés d’insertion. Concernant les «contrats de génération » - 500.000 contrats envisagés d’ici 2017 par le gouvernement –, le CESE propose de mieux les cibler selon les secteurs et la taille des entreprises.

Pour un service d’orientation décentralisé

Pour « améliorer la transition entre le système éducatif et l’emploi », l’avis du CESE marque de fortes réserves sur le nouveau service public de l’orientation, « espace d’information numérique loin de l’accompagnement humain », note Jean-Baptiste Prévost. Le rapport préconise alors une décentralisation qui implique notamment les régions et un renforcement « de sites physiques ouverts et accueillants ». Proposition est faite aussi « d’instaurer des modules de préparation à l’insertion professionnelle au sein des cursus de formation et, le cas échéant, dans l’enseignement secondaire ».

Améliorer le fonctionnement de l’alternance


Sur l’alternance, l’avis du CESE souhaite rompre avec une approche strictement quantitative, à l’exemple de l’objectif improbable de800 000 voire un million d’apprentis d’ici 2015 , au profit d’un approche qualitative : « Ni voie de garage, ni solution miracle, il est nécessaire de porter une vision raisonnée sur les forces et faiblesses de l’alternance ». D’où les préconisations qui visent à lutter contre des taux de rupture élevées, de confier au CFA une mission d’accompagnement des jeunes, notamment pour décrocher leurs contrats ou encore de « fixer, branche par branche, un objectif de jeunes alternants recrutés en CDI à l’issu de leur contrat d’apprentissage. »

Plus de stages mieux encadrés


Concernant les stages en milieu professionnel (1,6 million par an contre 600.000 en 2006), le CESE en souhaite la généralisation avec en parallèle un renforcement de leur réglementation pour garantir leur contenu formatif, une obligation de gratification des stagiaires à l’ensemble de la fonction publique, un renforcement les droits des stagiaires et une lutte accrue contre les stages abusifs remplaçant des emplois. « A titre personnel je suis pour une obligation de stages en premier cycle universitaire, une contrainte qui, pour les représentants des entreprises privées, n’est pas acceptable », a précisé Jean-Baptiste Prévost.

Un bonus-malus précarité

Constatant que « le CDD est de moins en moins un tremplin vers l’emploi durable », le CESE propose de « réduire la segmentation du travail » par une « transformation plus automatique des CDD de longue durée en CDI » et l’instauration d’un « bonus/malus précarité » consistant à moduler les cotisations chômage des entreprises en fonction du recours plus ou moins systématique au travail précaire.

Un ciblage pour les jeunes les plus en difficultés

Enfin, pour les jeunes les plus en difficultés de 16 à 18 ans, le CESE propose d’améliorer l’accompagnement des jeunes dans les missions locales et de créer un dispositif des écoles de la « seconde chance au sein de l’Education nationale pour les jeunes de 16 à 18 ans » (dans les micros lycées ou structures apparentées) qui, jusqu’à présent, ne concerne que les jeunes majeurs.

Pour renforcer la protection sociale des jeunes actifs, le rapport du CESE préconise de mettre en place une aide financière contractualisée à la recherche d’un premier emploi, comme filet de protection pour les jeunes sans emploi et sans ressources. Il propose aussi d’abaisser la limite d’âge de 25 à 18 ans pour l’attribution de plein droit du RSA. Après vote en scéance plénière, cette dernière proposition qui a fait l'objet de vifs débats a été amendée avec la mention d'un RSA dès 18 ans mais "conditionné à un suivi individualisé et à des obligations strictes."

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