Emplois d’avenir professeur : une nouvelle filière de pré-recrutement ?

Fabienne Guimont Publié le
Entre 2013 et 2015, 18 000 « emplois d’avenir » seront réservés à des étudiants qui se destinent à devenir enseignants. Le projet de loi sur les 150 000 emplois d’avenir prévus au total doit être présenté au conseil des ministres du 29 août 2012 avant d’être examiné par les parlementaires fin septembre. Une mesure d’urgence pour pallier les difficultés de recrutement sans être une véritable filière de pré-recrutement.


C’est l’une des annonces de rentrée de Vincent Peillon. Dès 2013, 6000 emplois d’avenir professeur seront proposés à des étudiants en deuxième année de licence, "sur critères sociaux". Les disciplines ou les académies connaissant des difficultés de recrutement seront prioritaires. Les étudiants venant des zones urbaines sensibles (ZUS) ou ayant fait leurs études secondaires dans des établissements relevant de zones d’éducation prioritaires sont ciblés en priorité par ce dispositif.

Avec les aides spécifiques liées au dispositif et leur bourse sur critères sociaux, les étudiants toucheront 900€ pendant trois ans maximum. Les contreparties à cette aide seront de « s’engager à suivre une formation initiale dans un établissement d’enseignement supérieur et à se présenter à un concours de recrutement des corps enseignants de l’Education nationale », précise le projet de loi. Des missions péri-éducatives voire des fonctions pédagogiques, évolutives au cours du temps du contrat, seront confiées aux étudiants dans un ou plusieurs établissements scolaires sur des temps partiels adaptables.

Un dispositif à préciser et à pérenniser

A priori favorable à ce dispositif, le SNPDEN, premier syndicat des proviseurs de l’Education nationale, souhaite que l’engagement des étudiants dans les établissements scolaires puisse être reconnu lorsqu’ils passeront le concours de recrutement des enseignants. Du côté des missions confiées, le syndicat précise qu’elles devraient s’assimiler davantage à du soutien et de l’accompagnement scolaires auprès des élèves, sans se limiter à de la surveillance.

Pour la présidente de la commission éducation et culture du Sénat, Marie-Christine Blandin, ce dispositif est une mesure pragmatique d’urgence, sociale et pédagogique, dans une situation difficile pour les finances publiques. Ces 6000 bourses restent, pour elle, une mesure transitoire mais pas une véritable filière de pré-recrutement pérenne comme le l’esquissait le dernier rapport sénatorial sur le métier enseignant. Ce rapport remettait les pré-recrutements en avant dès la licence pour faire face à la baisse du vivier de candidats aux concours.

« Le pré-recrutement doit être un vrai canal de formation comme l’étaient les IPES ou les écoles normales, avec la vertu de mettre le pied à l’étrier », assure la sénatrice du Nord. « Dans mon département, ces dispositifs avaient été très intégrateurs socialement notamment pour les fils de mineurs polonais par exemple. » Suite au rapport sénatorial, un groupe de travail piloté par Jacques-Bernard Magner (socialiste, Puy-de-Dôme) a été chargé de définir le périmètre d’un dispositif de pré-recrutements. La discussion ne fait que commencer.

De son côté, le ministre de l'Education nationale va mettre en place, dans les prochains jours, des groupes de travail pour définir les missions, les critères de sélection et de la rémunération des emplois d'avenir professeur. 



22 000 postes aux concours en 2013

22000 postes seront ouverts aux concours externes de l’enseignement pour 2013. C’est ce qu’a annoncé Vincent Peillon le 27 août 2012. Ces postes devraient permettre de remplacer les départs à la retraite, a précisé l’entourage du ministre de l’Education nationale.

Par ailleurs, une décharge de 3 heures hebdomadaires devra permettre aux enseignants recrutés ces trois dernières années de bénéficier d’une formation continue. Elle devrait pallier l’absence d’année de stage pratique suite à la mastérisation.

Fabienne Guimont | Publié le