ENA-ENM : vers un tronc commun ?

Guillaume Lecompte Boinet Publié le
ENA-ENM : vers un tronc commun ?
L'ENM pourrait avoir une première année commune avec l'ENA. // ©  Sebastien ORTOLA/REA
Un projet de formation commune entre les élèves de l’ENA et les élèves magistrats de l’ENM est à l’étude. Même si l’idée commence à faire son chemin, il faudra surmonter beaucoup d’obstacles pour y parvenir.

Les apprentis énarques et magistrats vont-ils étudier ensemble ? Ce serait une petite révolution dans le Landerneau des écoles de l’État. C’est en tout cas un projet qui a fait l’objet de réflexions au plus haut niveau gouvernemental, même si pour le moment, rien de concret n’est ressorti.

L’idée serait de rassembler les deux corps d’État dans un même cursus pour la première année. Puis les élèves de l’ENA (École nationale d’administration), et les futurs magistrats - auditeurs de justice - pourraient poursuivre leurs études dans leurs spécialisations respectives. "Il y a bien un projet, qui est lié à la décision du président Macron de supprimer l’ENA et les grands corps. Mais, à l'heure actuelle, nous n'en savons pas tellement plus. Si ces idées se concrétisent, cela risque toutefois de poser de nombreux problèmes", estime un haut magistrat de la Cour de Cassation qui a souhaité rester anonyme.

Le mariage de la carpe et du lapin

De fait, les formations dispensées à l’ENA et à l’ENM (École nationale de la magistrature) sont très différentes. Relativement généraliste à l’ENA, la formation initiale de 24 mois vise à former au management d’équipes et à la mise en place des politiques publiques. Un cursus plus proche d’une école de commerce que d’une école d’application.

À l’ENM, c’est tout l’inverse : "Notre cursus est très technique, donc si nous rajoutons un tronc commun avec l’ENA, il va peut-être falloir rallonger la scolarité des élèves magistrats (actuellement de 31 mois, ndlr) pour être certains qu’ils aient le même bagage technique qu’auparavant", ajoute ce haut magistrat.

Les auditeurs de justice suivent de nombreux stages d’application, dans la police, la médecine légale, l’administration pénitentiaire, et naturellement dans les tribunaux. Toutefois, pour les étudiants actuels, ainsi que pour la prochaine promotion de l’ENM, il n’y aura rien de changé puisque l’arrêté ministériel qui fixe le nombre de places au concours 2019 a été publié.

Guillaume Lecompte Boinet | Publié le