ENI de Metz : anciens élèves et syndicats souhaitent davantage de transparence

De notre correspondant dans l’Est, Philippe Bohlinger Publié le
Un an après la polémique qui a enflammé l’École nationale d’ingénieurs de Metz (ENIM), le SNESUP et l’Association nationale des ingénieurs de l’ENIM (ANIENIM) demandent davantage de transparence sur la gestion de l’ancien directeur, Pierre Padilla.

En mars 2011, l’attention du ministère de l’Enseignement supérieur avait été attirée par la mobilisation d’enseignants-chercheurs dénonçant les sanctions prononcées à l’encontre d’un de leurs confrères pour «défaut d’activité de recherche». Invalidée par le CNESER (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche), la décision du conseil de discipline de l’ENIM avait mis en lumière les pratiques de l’ancien directeur qui a quitté ses fonctions en novembre 2011, après seize ans de mandat. Celui-ci avait notamment recruté comme «professeur invité» l’ancien président colombien Alvaro Uribe.

«Corriger les dérives»

L’IGAENR (Inspection générale de l’administration, de l’Éducation nationale et de la Recherche) avait lancé une enquête ; la seconde en trois ans à l’ENIM. Cependant, un an après le passage des trois inspecteurs à Metz, aucun document n’a été transmis au conseil d’administration. S’ils se félicitent de l’attitude constructive du nouveau directeur, Pierre Chevrier, le SNESUP et l’ANIENIM craignent un enterrement du rapport, comme ce fut le cas en 2008 : «Il ne s’agit pas de régler des comptes, mais de corriger les dérives qui ont été trop importantes par le passé. De l’argent qui aurait pu servi à la formation des élèves a été gaspillé, or c’est maintenant que l’école en aurait besoin», détaille Louis Coussement, président de l’ANIENIM et membre du CA. Celui-ci aurait écrit à deux reprises au président du CA de l’ENIM, André Vernier, pour demander la transmission du rapport au CA afin qu’il puisse délibérer en conseil restreint. Sollicité par courriel, ce dernier n’a pas souhaité répondre aux questions d’Educpros : «À l'heure actuelle, aucun rapport de cette mission n'a été validé et par voie de conséquence [il] n'existe pas.» À noter qu’un nouveau président du CA doit être élu à l’automne 2012.

Confidentiel, le prérapport serait accablant concernant la gestion des seize dernières années. René Zille, le représentant du SNESUP à l’ENIM, souligne que «d’après les inspecteurs des sommes considérables auraient servi à verser des rémunérations complémentaires. Ils parlent de 1,45 million d’euros d’argent public en 2010. Des enseignants-chercheurs auraient fait trois ou quatre fois leur service.» Interrogé par EducPros, le ministère de l’Enseignement supérieur a indiqué sobrement «suivre ce dossier».

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