Enquête CGE : les diplômés des grandes écoles s’insèrent plus difficilement

Marie-Anne Noury Publié le
Les jeunes diplômés 2009 des grandes écoles ont été confrontés à un marché du travail particulièrement difficile. Pour la première fois depuis longtemps, leurs salaires sont en baisse par rapport à leurs camarades diplômés en 2008 ! C’est ce que révèle la dernière enquête d’insertion de la CGE (Conférence des grandes écoles) , dévoilée le 8 octobre 2010.

Le salaire annuel brut hors primes de l’ensemble des diplômés s’élevait à 32.000 € en 2010, contre 32.700 € en 2009. Quant au salaire avec primes, il est passé de 35.500 € à 34.500 €. Une baisse que les promotions de diplômés des grandes écoles n’avait pas connue depuis plus de dix ans. Autre tendance : les salaires des managers sont rattrapés par ceux des ingénieurs, leurs rémunérations hors primes augmentant plus rapidement. La CGE évoque « une tendance à la convergence sur le long terme des rémunérations moyennes ».

Malgré la détérioration évidente de leurs conditions d’insertion, les diplômés des grandes écoles ont été épargnés par rapport à ceux de l’université. Moins de deux mois après l’obtention de leur diplôme, les trois quarts d’entre eux occupent un emploi, dont 70 % en CDI (contrat à durée indéterminée). Par rapport à l’an passé, cette proportion de CDI a quand même baissé de près de 10 %.

En outre, pour la première fois depuis dix ans et après s’en être approché l’an dernier, le nombre d’emplois en province dépasse celui de la région parisienne. « La part des emplois à l’étranger suit des cycles, mais semble augmenter sur le long terme. »

Renforcer les liens avec les entreprises

Pour contribuer à une meilleure insertion des futures promotions, les écoles doivent continuer de tisser des liens solides avec les entreprises. En effet, 38 % des emplois s'obtiennent dans l’entreprise d’accueil du stage de fin d’études ou d’apprentissage. Voilà de quoi inquiéter les jeunes diplômés qui n’ont pas décroché d’emploi avant la sortie de l’école, car « ils se trouvent en concurrence sur un marché réduit regroupant à peine plus de 60 % des emplois disponibles ».

La recherche d’emploi commence généralement avant la sortie de l’école. Et lorsqu’on interroge les diplômés sur les difficultés qu’ils rencontrent, le manque d’expérience vient en premier, suivi des difficultés à trouver des offres emploi. Les autres difficultés mentionnées sont principalement la mobilité géographique, la formation inadaptée au marché de l'emploi et l’insuffisance du salaire.

Un quart des emplois ont été décrochés grâce à des propositions sur Internet (sites d’emploi et sites d’entreprises). Les relations personnelles ont gagné en importance dans les modes de recrutement (9,5 % des emplois cette année, contre 7,5 % en 2009), tandis que le réseau d’anciens élèves est à la traîne (3 % des emplois).

Ingénieurs : bureaux d’études et sociétés de conseil en progression

« L’accroissement du recrutement des bureaux d’études et des sociétés de conseil correspond essentiellement à une externalisation de travaux. Certains secteurs paraissent artificiellement réduire leurs embauches, alors que l’activité demeure sous une autre forme contractuelle. » Les secteurs qui recourent le plus à ces sociétés sont les industries du transport, le BTP et les institutions financières. En revanche, le secteur de l’énergie, qui connaît la plus forte progression d’embauche des jeunes ingénieurs, tend à opérer un recrutement direct de ses collaborateurs.

L’externalisation par le recours aux bureaux d’études et sociétés de conseil est moindre chez les managers. Mais une partie des activités des « cabinets d’audit et d’expertise comptable » pourrait s’en rapprocher.

Des poursuites d’études en hausse

Lorsque le taux d’emploi baisse, la proportion de diplômés poursuivant des études augmente. Et inversement. Ainsi, sur la promotion 2009, un diplômé sur six a décidé de poursuivre des études : 18 % des ingénieurs, qui s’orientent plus souvent vers le doctorat, et 9 % des managers.

Pourtant, lorsqu’on interroge les diplômés, la raison principale invoquée à la poursuite d’études est rarement la solution d’attente avant de trouver un emploi (3,8 %). Ils motivent leur choix par la volonté d’acquérir une double compétence (38 %) ou une spécialisation (36 %). Probablement dans le but d’arriver sur le marché de l’emploi avec les meilleures armes.

Parité et insertion professionnelles

Pas d’amélioration notable du côté de la parité homme-femme. Les écarts restent importants et systématiquement en faveur des premiers, aussi bien pour les ingénieurs que les managers. Les salaires avec primes les plus bas sont ceux des femmes ingénieurs (31.600 €), tandis que les plus hauts reviennent aux hommes managers (36.600 €). « Le seul cas d’inversion concerne le temps mis à trouver un emploi pour les ingénieurs diplômés en 2009 : 78 % des femmes ayant un emploi en janvier 2010 l’ont trouvé en moins de deux mois, contre 75 % des hommes. » Mais cela reste un écart faible.

Marie-Anne Noury | Publié le