La fusion séduit les deux universités de Rennes

Camille Stromboni Publié le
La fusion séduit les deux universités de Rennes
Guy Cathelineau, président de Rennes 1, et Jean- Emile Gombert, président de Rennes 2 // © 
Fusions en cascade. Après Clermont-Ferrand la semaine précédente, c'est au tour des présidents rennais d'annoncer la couleur : ils souhaitent voir leurs deux universités fusionner d'ici trois ans, donnant naissance à un mastodonte de 48.000 étudiants. Une décision avec en toile de fond les nouvelles règles du jeu de la loi ESR, mais aussi la future vague des Investissements d'avenir.

Les présidents des universités Rennes 1 et Rennes 2 ont annoncé leur choix de se diriger vers une fusion des deux établissements, à l'horizon 2016, à leurs personnels et conseils le 26 septembre 2013 et lors d'une conférence de presse le lendemain. La restructuration du site rennais était jusqu'ici en réflexion, le mode fusionnel figurant parmi les options en présence.

Une offre de formation complémentaire

"L’université de Rennes se positionnera dans le peloton de tête au niveau national des universités", lui permettant de renforcer la "visibilité internationale et l'attractivité "à la fois du site de Rennes et plus largement de la Bretagne", expliquent Guy Cathelineau (Rennes 1) et Jean-Emile Gombert (Rennes 2) dans une déclaration commune.

"Nos domaines disciplinaires sont totalement complémentaires, sans recoupements. Plusieurs de nos services sont déjà communs, tout comme certains laboratoires", décrit le président de Rennes 1. "Un établissement unique permettra à l'interdisciplinarité de se développer", ajoute son homologue de Rennes 2, Jean-Emile Gombert.

La loi sur l'enseignement supérieur, votée à l'été, ainsi que la seconde vague des Investissements d'avenir qui va être lancée en 2014, avec un nouvel appel à projets pour les Idex (Initiatives d'excellence), ont accéléré ce choix, soulignent également les présidents dans leur déclaration.

L'université Rennes 1

Quid de la communauté d'universités bretonne ?

Pour Pascal Olivard, président de l'UEB (université européenne de Bretagne), ex-PRES devenu communauté qui réunit notamment les quatre universités du territoire, cette fusion va "dans le sens de l'histoire" mais fait naitre plusieurs interrogations. "Les présidents rennais évoquent le rôle majeur de cet établissement unique dans la communauté d'universités et établissements de Bretagne. Quel rôle entendent-ils avoir ? Il faudra l'expliciter pour savoir dans quel sens notre site peut avancer", prévient-il.

"La communauté […] ne jouera pleinement son rôle [...] qu'en s'adossant à des sites infra-régionaux fortement structurés", justifient dans leur déclaration les présidents rennais.

"Nous avons un rôle de chef de file à jouer au sein de la communauté, estime Guy Cathelineau. L'université unique aura plus de puissance, ce qui est légitime et surtout c'est une bonne chose pour l'ensemble de la Région. Chacun a ses atouts et sa place dans la communauté." "Il n'est pas question que notre structuration porte un quelconque ombrage à la communauté bretonne. Nous n'avons aucune attitude impérialiste et chacune a ses domaines d'excellence. Au contraire, la fusion doit profiter à l'ensemble du territoire", rassure Jean-Emile Gombert.

Les deux calendriers – celui de la fusion rennaise et celui de la constitution de la communauté d'universités et établissements bretonne – se superposent néanmoins, avec des échéances différentes (2016 pour la fusion, 2015 pour la CUE). "Cela ne va pas être simple mais nous allons aussi demander l'aide du ministère sur cette question technique", explique le président de Rennes 2.

Nous avons un rôle de chef de file à jouer au sein de la communauté (G.Cathelineau)

Erève, la maison des étudiants de Rennes 2

Les investissements d'avenir et Le lien avec les Pays de la Loire

Reste à déterminer les liens avec les Pays de la Loire, avec lesquels les Bretons étaient partis à la première vague des Idex – en vain. Les présidents rennais évoquent dans leur déclaration toute l'importance des collaborations avec Nantes, dans le cadre des futurs Investissements d'avenir.

Ce qui fait de nouveau naître une interrogation chez le président brestois. "Ce serait une erreur historique de raisonner uniquement sur cet axe Rennes/Nantes, alerte Pascal Olivard. Ces deux métropoles ne s'en seraient pas sorties dans les premiers appels à projet du Grand emprunt sans les autres sites. N'oublions pas par exemple que le pôle d'excellence autour de la mer se situe à Brest. De même sur les STIC (Sciences et technologies de l'information et de la communication), nous avons toute notre place. Il est important de savoir si Rennes va continuer à jouer la carte régionale."

Pas d'économies en vue

Quant aux questions financières, en période de budget contraint, les présidents rennais ne se font pas d'illusions non plus. "Nous avons l'expérience des autres fusions et nous savons qu'elles ont aussi pour conséquence des coûts supplémentaires, et non pas des économies. L'articulation de nos services ne se traduira pas par une diminution de nos personnels, au contraire, nous sommes déjà insuffisamment dotés. L'objectif de la fusion, c'est d'améliorer la formation, la recherche, l'insertion professionnelle, l'international !", défend le président de Rennes 2. 

Prochaine étape : le vote des conseils d'administration des deux universités à propos de la fusion, prévu en mars 2014.

Lire aussi
- La déclaration commune des présidents rennais (pdf)
- Le billet de Pierre Dubois : Fusion dominatrice en Bretagne ?
- Notre article : Les universités clermontoises optent pour la fusion

- La biographie de Guy Cathelineau, président de Rennes 1
- La biographie de Jean-Emile Gombert, président de Rennes 2
- La biographie de Pascal Olivard, président de l'UBO (université de Bretagne occidentale) et de l'UEB (université européenne de Bretagne)

Camille Stromboni | Publié le