Erasmus+ : les enseignants-chercheurs retournent à l’auberge espagnole

Johanna Bouquet Publié le
Erasmus+ : les enseignants-chercheurs retournent à l’auberge espagnole
La Commission européenne veut promouvoir le dispositif Erasmus+ à destination des enseignants-chercheurs. // ©  Gong Bing/XINHUA-REA
Plus de 2.500 enseignants-chercheurs français ont effectué une mobilité européenne en 2014-2015 dans le cadre du programme Erasmus+. Un dispositif méconnu, que la Commission européenne souhaite développer.

Bénéficiaire du programme Erasmus quand elle était étudiante, Céline Gailleurd a eu envie de retenter l'aventure une fois devenue maître de conférences en cinéma à l'université Paris 8. Passionnée par la langue italienne, elle est repartie à Rome en tant que professeur en 2015.

"Comme nous sommes invités, nous sommes plus libres, on se fait plaisir dans notre façon d'enseigner ! C'est une parenthèse dans notre quotidien, pour nous et pour les étudiants, qui sont plus réceptifs", détaille-t-elle.

Un dispositif de 27 millions d'euros

Comme Céline Gailleurd, plus de 2.500 enseignants-chercheurs français ont effectué une mobilité européenne et ont enseigné entre deux jours et deux mois dans une autre langue en 2014-2015. En tout, plus de 38.000 personnes ont bénéficié du programme en 2013-2014, pour un budget européen de 27 millions d'euros.

Si les champions de la mobilité sont les Polonais, la destination la plus prisée par les enseignants est l'Espagne. En France, le dispositif a connu une augmentation de 16% des participants en 2015, et le pays reste la quatrième destination préférée en Europe. En cinquième position au niveau européen, les enseignants français font partie des plus mobiles, après les Turcs, les Espagnols, les Roumains et les Allemands. La Commission européenne a l'ambition de promouvoir ce dispositif à travers les agences nationales et des événements sur Bruxelles.

Des bourses Erasmus pour les enseignants

Cet Erasmus des enseignants-chercheurs dépend des départements de la mobilité de leurs universités d'origine. Ce sont eux qui assurent sa coordination et permettent d'obtenir des bourses Erasmus+. Ils sont "chargés d'introduire la candidature pour le projet de mobilité, de signer et de gérer l'accord de subvention", rappelle la Commission européenne.

Les bourses Erasmus pour la mobilité des enseignants varient entre 180 et 1.100 euros pour les frais de voyage, et entre 50 et 160 euros par jour pour les frais de vie (calculés en fonction du niveau de vie du pays d'accueil). En revanche, "certains professeurs ne partent pas car il faut souvent débourser de l'argent soi-même", explique Céline Gailleurd.

Une fois la destination choisie, le candidat à la mobilité devient maître de son projet. À lui de contacter un enseignant référent de l'université d'accueil souhaitée et de faire des propositions de cours. "Il s'agit de dispenser des cours intégrés dans le programme officiel de l'établissement partenaire", indique l'Agence Erasmus France.

Bart Stoffels, le responsable du bureau de la mobilité de l'université catholique de Louvain (Belgique) précise toutefois : "Dans la mesure où les cours doivent continuer, c'est assez difficile pour les enseignants de partir pour de longues périodes."

Participer au rayonnement de son université

Bart Stoffels en est convaincu : la mobilité des enseignants est un excellent moyen d'"internationaliser l'université" et de faire connaître ses pratiques pédagogiques. Céline Gailleurd le confirme : "J'ai eu l'impression de donner plus de visibilité à mon université, comme si j'avais été investie d'une mission : faire connaître le département du cinéma de Paris 8."

Céline Gailleurd a été invitée à renouveler l'expérience par Veronica Pravadelli, son enseignante référente de l'université de Roma Tre. De son côté, elle a convié cette dernière à venir faire une intervention à Paris 8, et leurs départements sont restés en contact.

Une expérience formatrice

C'est aussi un défi d'enseigner dans une autre langue : "Outre l'italien, je me suis remise à prendre des cours d'anglais. Je redécouvre le plaisir d'apprendre des langues." D'autant qu'il est possible de partir plusieurs fois. Après Rome, Céline Gailleurd s'est envolée pour un échange au Japon. "Et cette année, je postule pour un échange, peut-être en Espagne", s'enthousiasme t-elle. Une mobilité boule de neige...

Johanna Bouquet | Publié le