Le rapport Apparu se situe-t-il dans la tendance internationale ?
Oui, d’autant plus qu’il reprend plusieurs objectifs internationaux comme l’objectif de Lisbonne : avoir 50 % d’une classe d’âge dans le supérieur. C’est un projet très ambitieux, à budget constant, et basé sur une grande consultation, comme l’était le rapport Thélot. Il faut espérer qu’il ne soit pas lui aussi jeté aux oubliettes.
Quels en sont les points clés ?
Ce rapport prend en compte de nombreuses recommandations de l’OCDE. Par exemple, la diminution du temps scolaire. Dans plusieurs de nos études PISA et nos publications, nous avons souligné que les élèves français étaient ceux qui avaient le plus d’heures de cours, sans pour autant obtenir les meilleurs résultats. Les élèves au Royaume-Uni, au Japon ou en Corée ont plus de réussite. Autre exemple : l’intégration du soutien scolaire à l’intérieur de l’école, comme aux Pays-Bas. Un accompagnement qui permet de rattraper les retards. Les pays nordiques ou anglo-saxons (comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande) ont choisi une variante : le soutien en petit groupe, où l’enseignant adapte sa pédagogie. Ces mesures peuvent contribuer à la diminution du nombre de redoublements en France.
Que faut-il penser de l’idée d’un bloc lycée-licence ?
La situation de la France est assez inédite avec ses grandes écoles, ses formations courtes qui rencontrent un grand succès (plus que dans d’autres pays) et son université érigée en cinquième roue du carrosse. L’idée d’un bloc lycée-licence va dans le bons sens s'il améliore l’orientation entre le secondaire et l’université.
Quelles sont les spécificités du lycée français à réformer ou à conserver ?
En France, il existe une filière S dominante, que les élèves choisissent s’ils veulent intégrer une grande école, Sciences po, Dauphine, etc. et des sous-filières. A l’étranger, le système à options, plus flexible, semble plus équilibré. En outre, cette autonomie laissée aux lycéens permet de les responsabiliser. La dernière étude PISA montrait que les jeunes Français étaient doués pour les expérimentations, mais moins bons en connaissance des sciences. Il faudrait leur apprendre à comprendre l’utilité de ce qu’ils font. D’où l’intérêt de regrouper toutes les sciences dans un même pôle comme au Canada, en Islande, au Japon, en Corée et en Norvège. En revanche, je suis plus sceptique sur l’idée d’instaurer une part de contrôle continu dans le bac, même si ce serait moins coûteux. Ancré dans la culture française, l’examen reste une référence dans notre société.
La Finlande est toujours citée en exemple. A quoi tient le succès de son système éducatif ?
En Finlande, pour un poste d’enseignant, vous avez dix candidats. Le métier est très apprécié, la formation très reconnue. Une lacune majeure du rapport Apparu est de ne pas assez parler de la formation des professeurs. En France, il faut développer leur formation en pédagogie et leur expérience du terrain. Il faut mieux les préparer à ce qui les attend.