L'enseignement de l'économie (toujours) en débat

Isabelle Dautresme Publié le
L'enseignement de l'économie (toujours) en débat
L'Ares souhaite que les questions d'insertion professionnelle et de contenu des enseignements soient débattues au Conseil national de l'enseignement de l'économie. // ©  Marie-Anne Nourry
Le Conseil national de l’enseignement de l’économie tient sa première réunion le 24 septembre 2015. Créé à l'initiative de l’Ares (Association des étudiants en sciences sociales), il a pour objectif de professionnaliser l’enseignement de l’économie à l’université. Erwann Tison, président de l'Ares, explique à EducPros les enjeux de cette nouvelle instance de concertation.

Erwann Tison, président de l'Association représentative des étudiants en sciences sociales (Ares)Jeudi 24 septembre, le Conseil national de l'enseignement de l'économie se réunit pour la première fois. Pourquoi l'Ares a-t-elle souhaité la création d'un tel conseil ?

Ce conseil vise à mettre autour d'une même table les principaux acteurs de l'enseignement de l'économie. Il compte une trentaine de membres, universitaires, étudiants ou issus du monde de l'entreprise. Il se veut un lieu d'échanges constructifs.

Aujourd'hui, les débats portent presque exclusivement sur la question du recrutement des enseignants-chercheurs. En atteste  la bataille que se sont livrée les hétérodoxes et les orthodoxes à l'hiver dernier autour de la création ou non d'une nouvelle section d'économie au CNU. Cette question, certes importante, fait oublier toutes les autres, pourtant essentielles.

En 2014, le rapport Hautcœur sur "l'avenir des sciences économiques à l'université" pointait déjà un manque de dialogue au sein de la filière économie. Il faisait également un certain nombre de préconisations qui n'ont malheureusement pas été mises en application, en l'absence d'instance de suivi.

Quelles sont ces questions dont vous souhaitez débattre ?

La première d'entre elles est relative à l'insertion professionnelle. 16% des diplômés d'un master 2 d'économie occupent un emploi sans lien direct avec cette discipline. Les 84% restants s'orientent vers la gestion, la comptabilité ou les ressources humaines.

Des champs très éloignés de leur formation initiale et dans lesquels ils sont en concurrence directe avec les étudiants d'autres filières universitaires, comme la filière, AES, les IAE ou les écoles de commerce.

Ce constat impose d'ouvrir une réflexion sur ce que doit être l'enseignement de l'économie dans le supérieur. Celui-ci apparaît trop souvent déconnecté des besoins des étudiants.

16% des diplômés d'un master 2 d'économie occupent un emploi sans lien direct avec cette discipline. 

Que faudrait-il faire pour améliorer l'enseignement de l'économie ?

Il faut revoir le contenu des enseignements, mais aussi la pédagogie. La plupart des cours sont magistraux et ne laissent aucune place à l'oral ou au travail en projet. Or, n'oublions pas que la plupart des étudiants d'économie sont de futurs gestionnaires. La filière doit se professionnaliser et se mettre en phase avec les attentes des entreprises.

Parmi les autres chantiers à ouvrir, il y a celui de l'orientation. La plupart des étudiants s'inscrivent en économie sans savoir vraiment pourquoi. Ils ne connaissent ni le contenu des enseignements, ni les débouchés.

Ce que nous proposons c'est un semestre commun à plusieurs filières de sciences sociales : droit, économie, gestion... avec un système de majeure et de mineure. Cela permettrait aux étudiants de tester différentes disciplines avant de préciser leur choix au second semestre.

Revenons à la question du CNU. Êtes-vous favorable à la création d'une nouvelle section ?

L'économie doit évoluer et se réformer. Mais le débat est mal posé. Il faut sortir de l'affrontement stérile qui oppose hétérodoxes et orthodoxes. À une approche doctrinale, nous préférons une approche disciplinaire.

C'est pourquoi nous préconisons la création de trois sections au CNU, à l'image de ce qui existe en droit. L'une en finance internationale, la seconde en microéconomie, et enfin une dernière en économétrie.

Isabelle Dautresme | Publié le