Etudes d'infirmier : la licence de nouveau sur le tapis

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De mémoire de jeune infirmier, cela fait des années que l’on évoque la création d’une licence en sciences infirmières… Sans résultat jusqu'à présent. Mais la situation va peut-être (enfin) se décanter, si on en juge par les indices qui s'accumulent dans cette direction.

Un nouveau programme de formation 

Conçu par la DHOS (direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins), sorte de « médiateur » entre le ministère de la Santé et les établissements de soins, le nouveau programme de formation des études d'infirmier doit entrer en vigueur à partir de septembre 2009. Les travaux sur ce sujet ont commencé en mai 2006... La grande nouveauté réside dans l’acquisition des connaissances non plus par modules mais par compétences. Ce qui permettra à l’infirmier de s’adapter à toutes les situations.

« Prenons un exemple d’actualité : la grippe porcine. Aujourd’hui, si on veut la faire étudier aux élèves, on doit programmer un cours en plus. Demain, les élèves sauront gérer les maladies pandémiques, quelles qu’elles soient », explique Clément Jérôme, cadre santé formateur et coordinateur pédagogique pour les sites Internet Mediformation et infirmiers.com . En outre, la formation théorique sera plus courte (4200 heures au lieu de 4760) mais la part de la pratique (la moitié) ne changera pas.

Le ministère de la Santé attend à présent l’avis du Haut conseil des professions paramédicales – qui devait le rendre le 29 avril 2009 – pour publier l’arrêté fixant ce nouveau programme. « Cela devrait être fait d’ici la fin du mois de mai 2009 », pronostique Clément Jérôme.

 
Les présidents d'université favorables au rapprochement avec les IFSI

Le 16 avril 2009, la CPU (Conférence des présidents d’universités) a rendu un avis favorable à « l’intégration dans le LMD […] dans l’immédiat des formations en soins infirmiers ». Du reste, elle invite les universités à accompagner l’universitarisation de celles-ci « en préparant puis en signant, dès l’automne 2009, des conventions de partenariat entre les IFSI (instituts de formation en soins infirmiers), les conseils régionaux, et les universités du même ensemble géographique, coordonnées par une université disposant d’un secteur de formation de santé ».

Vers une licence professionnelle ?

A l’heure actuelle, il n’existe pas de licence, de master, de doctorat en sciences infirmières. En dépit d'une volonté massive en ce sens dans le secteur, il est peu probable que ces diplômes nationaux universitaires soient créés à la rentrée 2009. Il semble plus probable que la délivrance d’un grade de licence adossé au diplôme d’Etat d’infirmier soit la prochaine étape. Le 5 mai 2009, le groupe de travail LMD de la DHOS doit rendre sa conclusion à ce sujet, après six mois de travaux.

La CPU considère que la délivrance de ce grade « constitue un compromis permettant l’engagement du processus d’universitarisation de ces formations […] » et « ne peut être qu’une étape vers l’intégration des formations en soins infirmiers dans les universités ».

« Je pense qu’on s’oriente, comme première étape, vers la mise en place d’une licence professionnelle, estime Clément Jérôme. Cela collerait davantage au mode de fonctionnement actuel qui mêle formation dans les IFSI, qui sont des établissements de proximité, et stages ». Ce qui permettrait aux infirmiers d’obtenir tout de même un diplôme de niveau bac + 3 (contre bac + 2 actuellement) et par conséquent une revalorisation des salaires (négociée à partir de juin 2009)… Mais cette licence professionnelle ne plaît pas aux étudiants qui y voient un obstacle à une mobilité à l’international ou une carrière dans la recherche.

La loi Bachelot en priorité

Le projet deloi Bachelot sur l'hôpital (ou loi HPST, pdf) pourrait-il nuire à la réforme des formations en soins infirmiers ? Indirectement, oui. S’il continue à faire des remous au sein des personnels hospitaliers, ce texte pourrait être retravaillé en priorité par le ministère de la Santé. Mardi 28 avril 2009, de 8000 (selon la police) à 20 000 (selon la CGT) médecins, infirmiers, aides-soignants ont manifesté contre la loi Bachelot, aux côtés des enseignants-chercheurs opposés, eux, à la réforme de l'université.

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