Étudiants chinois : comment sont-ils sélectionnés ?

Sylvie Lecherbonnier, envoyée spéciale à Shanghai Publié le
Étudiants chinois : comment sont-ils sélectionnés ?
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Trafic de diplômes, fraudes aux tests de français… les étudiants chinois en mobilité en France ont fait l’objet de nombreuses polémiques au printemps 2009. Comment sont sélectionnés ces étudiants en Chine ? Quelles sont les exigences des autorités françaises ? Comment les concilier avec les objectifs d’attractivité du pays ? Éléments de réponse à CampusFrance Shanghai.

Flambant neufs, les locaux de CampusFrance Shanghai, situés dans les étages d’un immeuble de bureau à l’ouest de la ville, ne sont pas forcément simples à trouver. C’est pourtant la porte d’entrée obligatoire pour tous les étudiants chinois de la région désirant se rendre en France. Avant de pouvoir partir, chacun d’entre eux est convoqué pour un entretien au cours duquel trois points sont vérifiés : l’adéquation entre le parcours et le projet de l’étudiant, sa motivation et bien sûr son niveau en français. Une fois passés par Campus France et le consulat, entre 70 et 85 % des candidats réussissent à décrocher un visa. Soit 3 000 l’année dernière pour Shanghai et sa région.

« Nous essayons d’envoyer le plus possible d’étudiants chinois en France, mais nous avons des exigences de qualité. D’autres pays font du chiffre, ce n’est pas notre cas », assure Jean-Noël Petit, le responsable de CampusFrance Shanghai. Car, au fil des années, la mobilité des étudiants chinois est devenue un marché concurrentiel international. Les différents pays se disputent les meilleurs. Ainsi, près de 150 000 étudiants chinois sont partis étudier à l’étranger en 2007, dont 18 000 dans l’Hexagone. Cela place la France au cinquième rang mondial des pays d’accueil des étudiants chinois derrière les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie et le Japon.

Pas de dossier déposé pour l’IAE de Toulon

À Shanghai, le supposé trafic de diplômes de l’IAE de Toulon au profit d’étudiants chinois, qui a fait scandale dans l’Hexagone, laisse perplexe. Comme les quatre autres centres CampusFrance de Chine (Pékin, Canton, Chengdu et Wuhan), celui de Shanghai s’est livré à des vérifications. Résultat : aucun dossier d'inscription pour l'IAE Toulon n'a été déposé auprès des centres CampusFrance Chine. Pour Jean-Noël Petit, « cela veut dire que ces étudiants sont entrés en France avec une inscription dans un autre établissement et ont ensuite changé de cursus ».

Pour y remédier, les autorités françaises vont « demander aux universités de s'engager fermement à accueillir en spécialité les étudiants chinois ayant suivi leur cursus de perfectionnement en français. Les deux parties de leur formation (langue et spécialité) doivent être considérées dès le départ comme un tout. »

Des tests de langues renouvelés plus régulièrement

Autre critique de ces derniers mois : certains étudiants chinois n’ont pas le niveau de français requis pour venir étudier en France. Des fraudes aux tests linguistiques ont été soupçonnées. Pour évaluer ce niveau de français, en effet, deux tests existent : le TEF (test d’évaluation du français) proposé par la CCIP (Chambre de commerce et d’industrie de Paris) et le TCF (test de connaissance du français) conçu par le CIEP (Centre international d’études pédagogiques).

Pour CampusFrance Shanghai, il s’agit d’un « phénomène marginal ». « Aucune fraude n’a été constatée depuis un an au centre de Shanghai où existe une surveillance vidéo dans les salles de tests », mentionne Jean-Noël Petit. En revanche, ce responsable et ses collaborateurs ont parfois constaté des « différences entre le niveau obtenu au TCF et le niveau de français à  l’entretien oral ». En cause ? Un renouvellement des épreuves pas assez régulier qui a permis à certains étudiants chinois de bachoter les tests. Là encore, des évolutions sont à noter. Depuis le 1er avril, le CIEP s’est engagé à changer les épreuves tous les trois mois. À court terme, les étudiants chinois n’auront plus le choix entre le TEF et le TCF. Ils découvriront le test qu’ils passent le jour de l’examen.

De plus en plus de cursus anglophones

Mais de plus en plus d’étudiants chinois se rendent en France pour suivre une filière anglophone. Dans ce cas, ils échappent aux tests linguistiques. Leur niveau de français n’est vérifié que lors de l’entretien. Selon Jean-Noël Petit, « c'est la pertinence de l'ensemble du projet d'études qui est évaluée. Le niveau de français n’est qu’un des éléments qui entrent en ligne de compte. »  

Une politique que défend le responsable de CampusFrance Shanghai : « Nous ne pouvons pas nous priver des meilleurs étudiants chinois sous prétexte qu'ils ne parlent pas suffisamment bien français. Un étudiant motivé et à fort potentiel réussira souvent mieux, moyennant le suivi d'un sas linguistique, qu'un étudiant bilingue mais sans aucune autre qualification. »

Sylvie Lecherbonnier, envoyée spéciale à Shanghai | Publié le