L’EM Normandie passe le cap. En pleine crise sanitaire, alors que les mobilités internationales étaient à la peine, l’école de management a finalisé ses projets pour continuer à parier sur la croissance à l’international.
Après Dublin en 2017, c’est à Dubaï (Émirats Arabes Unis) que l’école plantera son drapeau, en janvier 2022, date à laquelle trois salariés de l’EM Normandie s’installeront. Ils auront six mois pour recruter les enseignants sur place et sélectionner les étudiants, avant la rentrée 2022.
Situé dans le quartier du Knowledge Park, le futur campus portera la thématique des "smart cities" et des "smart ports". 500 places sont prévues à terme, dont 70% pour les étudiants du Golfe et 30% pour les étudiants des autres campus de l’école.
Côté formation, le programme grande école (PGE) ne sera pas concerné mais un nouveau BBA international business en quatre ans, s’appuyant sur les campus parisiens et internationaux, y sera ouvert. L’objectif est que l’étudiant change de campus chaque année. Pour les inscrits issus du Golfe, les tarifs locaux seront appliqués, soit autour de 20.000 $ (environ 17.000 €).
En 2022, le campus de Dubaï proposera un MSc Supply chain management. Deux autres MSc suivront : l’un en intelligence artificielle et digital marketing et l’autre en marketing and digital in luxury and lifestyle, pour des frais se situant entre 23.000 $ et 26.000 $ (entre 19.000 € et 23.000 €).
Good Morning, Vietnam
Pour 2023 : direction l’Asie. En septembre, un campus ouvrira dans le sud du Vietnam, à Hô Chi Minh-Ville, l’un des principaux ports de cette zone du monde. Un choix naturel puisque l'EM Normandie travaille, depuis 2015, à la formation de cadres politiques vietnamiens.
"Nous travaillons très bien avec nos interlocuteurs sur place. Le dialogue est clair et fluide et nous avons une marge de manœuvre. La Chine est peut-être plus complexe. Et aujourd’hui, le Vietnam représente le nouveau relai de croissance de la zone : il veut s’internationaliser et former sa jeunesse", précise Elian Pilvin, directeur de l’EM Normandie.
Le campus sera axé sur les "sustainable supply chains and port management" et orienté formation continue, en lien avec la demande locale. Des programmes de logistique et supply chain sont prévus avec l’University of Transport and Communications (Hanoï), le partenaire académique local.
En formation initiale, le bachelor en management international de l’EM Normandie sera proposé. Le nouveau BBA international business sera déployé ensuite. Au total, le campus accueillir 750 apprenants en formation continue et 300 en initial (dont 70% d’étudiants de la zone et 30% issus des autres campus).
En route pour l’Amérique
Le prochain eldorado restera à trouver sur le continent américain, pour septembre 2024. Un groupe de travail étudie le sujet pour resserrer la recherche d’ici fin 2021.
Une certitude : "Nous retiendrons une ville portuaire d’envergure internationale. C’est notre stratégie puisque c’est là que nous déployons notre savoir-faire, enraciné au Havre. Ces territoires ont des limites d’expansion et cherchent de nouveaux modèles. Nos étudiants travaillent sur ces thématiques-là. Ouvrir ces campus permet de répondre aux problèmes à l’échelle planétaire", explique le directeur.
Une école "mère" et ses filiales
L’expansion s’accompagne d’un changement de modèle. Originellement, les campus de Dublin et Oxford accueillaient plutôt des étudiants français en quête d’interculturalité.
Les nouveaux campus seront créés en tant que filiales, avec un recrutement local, un fonctionnement autonome et visant une rentabilité propre. Ainsi, "en réflexion avec l’entité mère, le centre de profit de Dubaï pourra, dans un deuxième temps, se déployer à Abu Dhabi", indique le directeur de l’EM Normandie.
Dublin et Oxford sont aussi en cours de transformation pour développer leurs effectifs locaux. "C’est un changement de paradigme vertueux, afin de mieux mixer les parcours", explique Elian Pilvin. De quoi aussi aplanir les difficultés engendrées par le Brexit, notamment sur les questions de visa des étudiants européens.
La conquête du monde par l’école havraise pourrait se poursuivre en Afrique. "Si nous nous y implantons, nous irons sûrement vers un pays anglophone, à l’Est, comme le Rwanda ou le Kenya", glisse Elian Pilvin.
Une logique d’organisation globale
Ces projets sont ambitieux mais le directeur l’assure : "Nous ne sommes pas dans une dynamique mercantile. Nous restons un établissement d’enseignement supérieur et de recherche, labellisé Eespig. Les fonds générés par ces activités seront réinjectés dans nos projets prioritaires, selon une logique d’organisation globale. Tout sera réinvesti au profit exclusif de nos étudiants et de leur employabilité".
La logique de filialisation s’était enclenchée avec la création, en mars, d’EM Normandie Compétences, regroupant des activités de formation continue. L’externalisation d’Ingenium digital learning, business unit de l’EM Normandie spécialisée dans la formation e-learning, en septembre, prolongera la démarche. Cette mutation libère les filiales de certaines contraintes académiques de l’école, notamment celles liées aux organismes d’accréditation. Les filiales peuvent espérer alors une plus forte croissance.
Côté finance, l’école, qui possède un budget de 42 millions d'euros cette année, vise toujours les 60 millions d'euros pour 2022.