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Exclusif. Le jury des Idex (toujours) soutenu par François Hollande

Camille Stromboni Publié le
Exclusif. Le jury des Idex (toujours) soutenu par François Hollande
François Hollande, devant les présidents d'université à l'Élysée lors d'un dîner en décembre 2014. // ©  Camille Stromboni
Un jury trop "corseté" ? Des "dysfonctionnements" ? Les propos de François Hollande sur l'Idex rapportés à la suite d'un dîner à l’Élysée avec les présidents d’université le 4 février, n’ont pas manqué d’interpeller. Le commissaire général à l’investissement, Louis Schweitzer, apporte sa version des faits et dément toute remise en cause du jury de l'Initiative d'excellence, dans un courrier envoyé à ce dernier le 10 février 2016, qu’EducPros s’est procuré.

La question commençait à être gênante. Le jury international, en charge de sélectionner les champions universitaires français de l’Initiative d’excellence, a-t-il été désavoué par François Hollande ? Les propos du Président de la République, tenus lors d’un dîner à l’Élysée avec les présidents d’université le 4 février, rapportés dans une dépêche AEF, ont pu "provoquer le trouble", reconnaît pudiquement le président du jury de l'Idex, Jean-Marc Rapp.

Un jury trop "corseté", des "dysfonctionnements"… Les expressions qui circulaient – également par bouche-à-oreille, le dîner étant fermé à la presse – étaient lourdes de sens, au moment où la première vague de sélection "Idex-Isite" donne lieu à des crispations, notamment du côté du pôle lillois, qui fait partie des quatre projets non retenus par le jury.

Le jury "nullement mis en cause"

Dans un mail officiel adressé au président Jean-Marc Rapp le 10 février 2016, qu’EducPros s’est procuré, le commissaire général à l’investissement veut balayer cette version des faits.

Louis Schweitzer, commissaire général à l'investissement, au deuxième forum des IRT (Nantes - Octobre 2014)

"Je vous adresse aujourd’hui ce message non pas en mon seul nom personnel mais bien au nom des plus hautes autorités de l’État et avec le plein soutien du président de la République", précise d’entrée Louis Schweitzer. Avant d’ajouter : "Le Président n’a nullement mis en cause le jury ; bien au contraire, il en a confirmé la mission pour voir reconnaître au niveau international l’excellence universitaire et scientifique française".

Une remise en contexte des propos de François Hollande

Le commissaire général revient plus précisément sur les mots prononcés par François Hollande, pour démentir l’interprétation qui en a été faite. "Lorsqu’il a été évoqué des ‘dysfonctionnements’ ou des ‘retards’, il s’agissait du rapprochement des universités, des grandes écoles et des organismes", explique-t-il. "Aucune autorité ne considère qu’il y a eu des dysfonctionnements du jury ou ne demande des modifications dans les procédures qu’il met en œuvre", assure Louis Schweitzer.

Quant à la "souplesse" appelée de ses vœux par François Hollande, il s’agissait, pour le président, d’indiquer "son souhait de voir rechercher, à travers le PIA 3 [le prochain programme des Investissements d’avenir], de nouvelles voies de soutien à l’excellence qui pourront compléter ce qui a été fait avec la politique Idex/Isite", défend le commissaire.

Enfin, "le Président n'a jamais qualifié le jury de 'corseté'", affirme Jean-Marc Rapp, qui a reçu également du CGI (Commissariat général à l'investissement) une retranscription des propos de François Hollande.

"Confiance totale", "respect des recommandations du jury pour les prochaines étapes", "soutien sans faille"… Louis Schweitzer ne veut laisser planer aucun doute sur la position de l’État, alors que la seconde vague de sélection des Initiatives d’excellence est en cours.

Nous mesurons bien la nervosité que provoque cette compétition (Jean-Marc Rapp)

Jean-Marc Rapp. Président du jury Idex, ce professeur à l'université de Lausanne a présidé l'EUA (European University Association) jusqu'en 2012

"Maintenant, l'incident est clos, les choses sont claires, réagit Jean-Marc Rapp. Nous allons pouvoir poursuivre notre travail de manière sereine et en toute indépendance."

Le professeur suisse reconnaît l’importance de cet appui de l'État. "Je fais une différence entre la critique de nos décisions, qui est tout à fait compréhensible – nous sommes des universitaires, c’est le principe même de notre fonctionnement ! – et une remise en cause de l'honnêteté et du sérieux du jury, que nous ne pourrions accepter."

"Nous mesurons bien la nervosité que provoque cette compétition, ajoute le président du jury. C'est normal : les enjeux sont très importants, les candidats ont tous fait un travail immense, avec des dossiers de très bonne qualité. Leur déception est à la hauteur de l’investissement."

"Mais nous avons fait notre travail méthodiquement et avec le plus grand soin. En respectant les règles qui nous ont été fixées depuis le début de cet appel à projets", défend-il.

Aller plus loin

- Le rapport final du jury sur la première vague de sélection du programme des investissements d'avenir.

Camille Stromboni | Publié le