Exclusif. Staps : le ministère devrait allouer 1.500 euros par étudiant supplémentaire accueilli

Laura Taillandier Publié le
Exclusif. Staps : le ministère devrait allouer 1.500 euros par étudiant supplémentaire accueilli
L'UBO accueillera 130 étudiants supplémentaires en Staps avec le forfait proposé par le ministère. // © 
Frédérique Vidal avait promis des moyens supplémentaires pour augmenter "encore, là où ce serait possible" les capacités d’accueil des filières Staps. Un certain nombre d'universités ont répondu à son appel. En échange, elles devraient recevoir un forfait de 1.500 euros par étudiant pour la rentrée.

1.500 euros. C'est la somme par étudiant que s'engagerait à donner le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation aux universités qui acceptent d'augmenter leur capacité d'accueil dans la filière Staps pour la rentrée 2017, selon les informations recueillies par EducPros.

Dans un courrier envoyé le 4 juillet 2017 aux présidents d'université, Frédérique Vidal souligne que "le ministère est prêt à dégager des moyens exceptionnels" pour les établissements "où des dernières marges de manœuvre demeureraient disponibles". Elle invite les universités à faire remonter à la Dgesip une évaluation de leurs besoins d'ici au 8 juillet. 

Dans le cadre d'Admission postbac, le nombre de futurs étudiants ayant placé une licence Staps en vœu 1 absolu du secteur et n'ayant pas obtenu de propositions "est plus élevé qu'il ne l'a jamais été", soit 8.791 à l'issue du second tour. Dans le cadre de la troisième phase, 30 des 92 formations ayant eu recours au tirage au sort concernent les Staps.

De quoi éviter le tirage au sort

Matthieu Gallou, président de l'université UBO (université de Bretagne occidentale) est l'un de ceux qui ont répondu à l'appel de la ministre. Son établissement prendra à la rentrée 130 étudiants supplémentaires en L1 Staps, soit 480 au total. "Cette somme ne couvre pas le coût d'un étudiant mais elle nous permet a minima d'éviter le tirage au sort", explique-t-il. Et de glisser : "Nous serons dans la limite absolue de fonctionnement mais cela devrait tenir pour la rentrée..." Cette "rallonge budgétaire" permettra en effet à l'université de "recruter entre trois et quatre enseignants contractuels" pour septembre mais ne résout pas en revanche le problème des installations sportives. 

D'autant que l'établissement chiffre à 500.000 euros le coût de la rénovation de sa piste d'athlétisme. "Le ministère s'est engagé à discuter du sujet", précise Matthieu Gallou. En attendant, "nous sommes en train de nous organiser sur une rotation des installations et nous aurons peut-être la possibilité d'utiliser des équipements municipaux. On va pouvoir tenir", estime-t-il. 

Des conséquences pour les personnels et les étudiants

De son côté, l'université de Strasbourg évite également cette année le tirage au sort en Staps, contrairement à la rentrée 2016. "C'est un choix délibéré et revendiqué, car nous avons très mal vécu ce recrutement qui écarte de très bons candidats", témoigne Benoit Tock, le vice-président en charge de la formation. Avec le forfait promis par le ministère, l'établissement accueillera 166 étudiants supplémentaires pour arriver à 500. "Nous avions demandé à la faculté de sport d'évaluer ses besoins pour prendre ces étudiants en attente. Quand le ministère a fait sa demande, nous avons saisi l'occasion car cela correspondait à nos calculs", expose-t-il. 

Un afflux de 166 élèves supplémentaires entraîne un surcroît de travail pour les personnels administratifs et les enseignants mais a aussi des conséquences pour les élèves.
(B. Tock)

Cette somme servira à la mise en place de groupes de travaux dirigés "confiés soit à des chargés de cours soit à des enseignants contractuels". "La plus grosse difficulté est le manque de place et d'infrastructures. Nous allons devoir réquisitionner plus longtemps les installations sportives au détriment des autres étudiants", détaille Benoit Tock. "Un afflux de 166 élèves supplémentaires entraîne un surcroît de travail pour les personnels administratifs et les enseignants – tous les services sont mobilisés sur ce sujet – mais a aussi des conséquences pour les élèves", insiste-t-il. "Cela ne concourt pas à la qualité de l'enseignement. Et oblige à repenser l'ensemble des dispositifs de formation, pour les stages, les débouchés..." 

Un forfait reconduit ?

Pour la CPU (Conférence des présidents d'université), il ne peut s'agir là que d'une mesure transitoire. "Ce n'est pas une solution pérenne mais une rustine", juge Gilles Roussel, le président de la conférence. "1.500 euros, ce n'est pas ce que coûte un étudiant à l'université. L'accueil ne peut pas se faire dans de bonnes conditions", ajoute-t-il. Même constat pour le président de la C3D (Conférence des directeurs et doyens de structures Staps), Didier Delignières : "C'est bien, mais pas suffisant. La plupart des UFR ont besoin de nouveaux titulaires et la question du manque de place et des infrastructures reste entière. Nous verrons ce que cela donnera à la rentrée...", relève-t-il. Parmi les universités ayant répondu à cet appel, il cite Orléans-Tours, Dijon, Nancy ou encore La Réunion... 

La plupart des UFR ont besoin de nouveaux titulaires et la question du manque de place et des infrastructures reste entière. 
(D. Delignières)

Didier Delignières s'interroge aussi sur la pérennité de cette dotation. "Nous avons eu l'engagement pour trois ans", assure de son côté Benoit Tock. Sollicité par EducPros, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation n'a pas donné suite. Mais, dans son courrier aux présidents d'université, Frédérique Vidal évoque une "mesure d'urgence" et précise même "à très court terme"

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