Fabrice Bardèche : "La demande de contenus hybrides et transversaux, couplant marketing, business, design ou management et digital, est forte."

Éléonore de Vaumas Publié le
Fabrice Bardèche : "La demande de contenus hybrides et transversaux, couplant marketing, business, design ou management et digital, est forte."
Le Groupe Ionis accroît son implantation à l'international avec deux nouveaux campus à l'étranger en 2019-2020. // ©  ISEG Group
À l’occasion de nouvelles nominations au board du Groupe Ionis, son vice-président exécutif, Fabrice Bardèche, revient, pour Educpros, sur la stratégie du groupe, qui mise sur l’amplification de la formation continue, de l’enseignement online et du numérique, tout en conservant son indépendance. Entretien.

Que représente la nomination de Gilles Lodolo, dont la carrière est résolument orientée vers le secteur de l'apprentissage, à la tête de la formation continue et de l’alternance ?

Le groupe Ionis s’est développé autant que possible sur le plan de la formation initiale, mais nous avions besoin de redonner un nouvel élan. Idem pour l’apprentissage, dont la libéralisation nous permet d’envisager d’être beaucoup plus présents dans cette forme d'enseignement, notamment pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir les filières classiques des grandes écoles.

Fabrice Bardèche
Fabrice Bardèche © Groupe Ionis

Aujourd’hui, la demande de contenus hybrides et transversaux, couplant marketing, business, design ou management et digital, est forte. Or, c’est un secteur dans lequel nous ne sommes pas très présents, à l’exception de quelques contrats sporadiques avec des grandes entreprises.

Contrairement à d’autres écoles "monoproduits", nous disposons d’une pluralité de compétences au sein de notre groupe. À nous d’assembler ces blocs de compétence pour proposer des contenus en adéquation avec les attentes des professionnels.

Quelles sont vos aspirations en termes de Edtech ?

Le déploiement de la formation continue est indissociable de nos dynamiques de développement numérique. L’idée est de rayonner depuis le centre névralgique du groupe vers l’extérieur, et pas uniquement vers nos écoles, en se positionnant comme le leader de l’enseignement supérieur online.

Raison pour laquelle nous avons nommé Yannick Lejeune, comme digital chief officer, et Stéphane Zibi, comme directeur d’Ionisx. Nous envisageons ainsi de multiplier les contenus digitaux de façon à avoir une offre publique plus riche qu’elle ne l’est actuellement. Nous ne pouvons pas nous contenter de proposer des contenus corrélés à nos diplômes, il faut aussi que cette offre numérique soit découpée en compétences utiles.

Votre indépendance vous tient à cœur, n’êtes-vous pas tentés de céder aux sirènes des investisseurs ?

Si nous sommes régulièrement contactés par des investisseurs, notre motivation est autre que financière. Nous tenons vraiment à conserver cette liberté d’action qui nous permet d’être précurseurs, comme nous l’avons été sur la pédagogie par projets.

Ces dernières années, nous nous sommes beaucoup implantés en région et à l’étranger ; ce qui nous a permis de bénéficier d’un accroissement naturel du chiffre d’affaires, qui devrait atteindre 200 millions en 2019.

Après le Bénin, l’Albanie et le Sénégal en 2018, votre appétit pour la conquête internationale semble insatiable. Pensez-vous continuer sur la même lancée ?

Il y a une forte demande de formation à l’international, notamment en Afrique où la langue facilite les échanges. Le seul obstacle à notre implantation dans un pays est la situation politique. C’est pourquoi, nous avons écarté la Tunisie ou l’Algérie pour le moment.

En revanche, un nouveau campus d’Epitech devrait ouvrir au Maroc en 2020. Nous en inaugurerons également un New York à la rentrée prochaine. Autres projets sont en gestation : le Portugal, les Pays-Bas, l’Irlande, ou encore l’Angleterre, lorsque la situation y sera un peu plus stable.

Si, aujourd’hui, nous nous appuyons sur plus de 150 accords de partenariat avec des universités dont les enseignements sont proches des nôtres, nous souhaitons, à l’horizon 2021, avoir nos propres écoles sur place, avec les mêmes contenus qu’en France, traduits en anglais. Il y a un champ immense qui s’ouvre et nous avons fort à faire pour occuper ces terrains-là.

Éléonore de Vaumas | Publié le