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Face à son déficit budgétaire, l'université Gustave Eiffel devra "faire des arbitrages"

Clémentine Rigot Publié le
Face à son déficit budgétaire, l'université Gustave Eiffel devra "faire des arbitrages"
L'université Gustave Eiffel affiche un budget négatif à moins 3,5 millions d'euros pour 2024-2025. // ©  Romain GAILLARD/REA
L'université Gustave Eiffel, qui accuse, comme de nombreux établissements, des difficultés budgétaires, a présenté ses grands enjeux et défis à venir, lors de sa conférence de rentrée 2024 à l'Académie du Climat, jeudi 12 septembre.

Sa cinquième année d'existence s'annonce comme charnière en matière de réorganisation. L'université Gustave Eiffel garde un objectif majeur : sortir de son statut expérimental. Cette transition représente un tournant pour ses missions de recherche, de formation et d'appui aux politiques publiques.  

Née en janvier 2020 de la fusion de l'université Paris-Est-Marne-la-Vallée (UPEM) et de l’Ifsttar (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux), Gustave Eiffel est un EPE (établissemennt public expérimental) qui intègre aussi quatre grandes écoles.  

Évaluation du HCERES, visite de l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable… L'établissement prépare "tous les éléments pour la sortie d'expérimentation", insiste Gilles Roussel, son président. 

Un contexte budgétaire préoccupant

Déjà déficitaire l'année dernière, l’université Gustave Eiffel devrait connaître une année 2025 tout aussi compliquée en matière budgétaire, marquée par des finances en chute du fait des coupes budgétaires du gouvernement (- 900 millions d'euros dans la recherche et l'enseignement supérieur), des prélèvements dans les fonds de roulement des établissements et des effets de la crise énergétique.  

L'université affiche un "budget négatif à moins 3,5 millions d'euros", précise Corinne Blanquart, vice-présidente. "Nous avions construit un budget initial à moins 1,5 million, nous sommes en train de préparer le budget rectificatif pour la fin de l'année, avec un résultat qui va donc se dégrader", regrette-t-elle.

Au total, ce sont 4,5 millions d'euros de subventions pour charge de service public en moins, qui ne viennent donc pas compenser la hausse des dépenses, en particulier celles liées à la masse salariale. 

"L'université n'est pas en danger" (G. Roussel)

Pour rappel, un peu moins d'une université sur deux était déficitaire en 2023. Le contexte budgétaire des universités se tend donc nettement alors que le futur gouvernement devra présenter prochainement son budget 2025.  

Des arbitrages financiers à faire

Cette situation affecte directement les capacités de recrutement de Gustave Eiffel et fragilise le financement des opérations courantes et des investissements. Cependant, l’université n'est "pas en danger" pour l'heure, rassure son président. C'est essentiellement la part libre de l'utilisation pour le fonctionnement et l'investissement qui se réduit.

"Il y aura des arbitrages à faire", annonce Gilles Roussel. "Par exemple, lorsqu'on doit rénover énergétiquement un bâtiment, il faut revoir à la baisse un certain nombre d'autres projets", déplore-t-il. 

Un serrage de ceinture qui advient parallèlement à une hausse de l'attractivité. Cette année, l'université enregistre une augmentation des candidatures. "On est allé chercher moins loin sur les listes d'attentes pour les licences", détaille Gilles Roussel.

Un accroissement des capacités en perspective ? "On pourrait accueillir plus de monde si on en avait les moyens", explique le président, qui observe un réel besoin "de poursuite d'études dans l'enseignement supérieur en Seine-et-Marne"

Consolider les points forts de l’université

Malgré ces contraintes financières, l’université entend se renforcer sur plusieurs axes stratégiques. Elle prévoit une poursuite des investissements dans les équipements scientifiques, "utiles en recherche et en formation", précise Corinne Blanquart. 

Simulateurs, bancs de mesure, centrifugeuses, IRM… L'université Gustave Eiffel dispose d'une multitude d'équipements à travers tout le territoire, principalement autour de ses différents campus (Île-de-France, Lyon, Nantes, Lille, Bouches-du-Rhône). 

Nous voulons continuer à renforcer l'appui aux politiques publiques dans plusieurs projets phares (C. Blanquart)

Autre priorité pour l’année à venir : le renforcement des liens avec les partenaires, qu’il s’agisse de collectivités locales, d’entreprises ou d’associations. "Nous voulons continuer à renforcer l'appui aux politiques publiques dans plusieurs projets phares, où l'on a vraiment construit et développé un dialogue avec les collectivités sur l'ensemble de nos campus", insiste Corinne Blanquart. 

Une accélération des projets et partenariats

L'établissement continu par ailleurs de se démarquer sur plusieurs thématiques-clés, comme les mobilités ou encore la transition écologique et numérique. L'université accueillera ainsi en octobre les journées Recherche & Action publique, organisées en partenariat avec le CEREMA et l’INRAE.

Elle pilote également deux programmes et équipements prioritaires de recherche : le PEPR "Ville Durable et Bâtiments Innovants", lancé en mai 2023 avec le CNRS, et le PEPR "Digitalisation et Décarbonation des Mobilités", mené aux côtés de l’IFPEN. 

Sur le plan européen, Gustave Eiffel consolide son rôle via l’Alliance PIONEER, un regroupement de dix universités et leurs écosystèmes autour de la thématique des villes et communautés durables (en lien avec l’Objectif de développement durable 11 des Nations Unies). Financé par Erasmus+, ce programme vise à développer des villes "inclusives, sûres, résilientes et durables", rappelle la présidence. 

Clémentine Rigot | Publié le