Adopter une "méthode renouvelée". C'est l'ambition de Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui s'est adressée aux présidents d'université lors de la soirée de l'université d'été organisée par France universités, le 25 août.
La ministre souhaite notamment privilégier une planification pluriannuelle. "Je crois profondément que seule une vision à long terme permet véritablement de donner du sens, de la compréhension, et de s'approprier pleinement les projets menés, tout en responsabilisant davantage tous les acteurs", a-t-elle ainsi affirmé.
Renforcer l’autonomie des universités
Elle souhaite en priorité mettre l'accent sur l’autonomie des universités. En ce sens, la ministre a annoncé les premiers contrats d'objectifs et de moyens pluriannuels pour 2023. "Cette confiance renouvelée et renforcée en l'ensemble des acteurs, ne doit pas être le corollaire d'un désinvestissement du suivi par le ministère mais au contraire d'une simplification des processus de financement, d'orientation et d'évaluation", a par ailleurs assuré la ministre.
Pour réaliser ces contrats, la ministre compte sur l'augmentation du budget de l'ESR dont les premiers éléments du PLF 2023 prévoit une hausse de 1,5 milliard d'euros, et devrait s'établir à 90,8 milliards d’euros pour l’année 2023. Le budget de l’Education nationale devrait lui aussi être revalorisé : le projet prévoit un budget de 60,2 milliards d’euros, soit 3,6 milliards de plus qu’en 2022.
Simplifier la LPR
La ministre a aussi abordé la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPR), autre sujet crucial pour l’ESR, et notamment sa simplification. Elle a d'ailleurs rappelé la publication à venir des "premiers textes qui simplifient certains objets de cette loi [...] pour être opérationnel en 2023".
Cette simplification concerne plusieurs aspects et notamment les processus de "repyramidages" qui permet le passage du statut de maître de conférences à celui de professeurs d'université prévu par la LPR mais aussi le RIPEC soit le régime indemnitaire des personnels enseignants et chercheurs ainsi que l'attribution des CPJ, les chaires de professeurs juniors mis en place par la loi de programmation de la recherche - une nouvelle voie de recrutement permettant d’accéder à un emploi de titulaire dans le corps des professeurs de universités et assimilés ou de directeurs de recherche.
L’axe européen sera également une priorité, avec notamment un renforcement des alliances européennes. Le gouvernement continuera à "accompagner les universités dans leurs stratégies d'alliances, en renforçant l'articulation des politiques de recherche et d'innovation, et en prolongeant toutes les formes de collaborations innovantes", a assuré Sylvie Retailleau.
Remettre les étudiants au centre
Depuis le début de son mandat, la ministre insiste par ailleurs sur la place cruciale à redonner aux étudiants dans la politique du gouvernement. Le premier cycle sera "prioritaire", notamment l’accompagnement à l’orientation dès le secondaire. Le ministère de l’Enseignement supérieur devrait pour cela travailler étroitement avec le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, notamment sur l’évolution de Parcoursup.
La vie étudiante et la lutte contre la précarité seront aussi au cœur des chantiers du gouvernement. La réussite dépend aussi de la politique sociale et du soutien des étudiants, dont la précarité de certains a été soulignée et amplifiée par la crise sanitaire.
Lancer une concertation sur la vie étudiante
La ministre a affirmé sa volonté de "prendre le plus grand soin des étudiants" et rappelé les mesures qui ont été mises en place pour la rentrée 2022. Des réponses d’urgence qui devront être complétées par une réflexion plus large.
Une concertation sur la vie étudiante démarrera par conséquent dès en octobre avec les acteurs des territoires, les établissements et les étudiants. Elle abordera la question essentielle des bourses sur critères sociaux, mais aussi les aides sociales, la santé avec un focus sur la santé mentale des étudiants, le logement, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la restauration et l’accès au sport et à la culture.
Enfin, la transition écologique devra prendre une place essentielle dans les formations et les pratiques des établissements. "Il y a urgence à agir", a martelé Sylvie Retailleau, qui souhaite "sensibiliser et former les étudiants et étudiantes aux métiers verts de demain". Un colloque sera ainsi organisé pour identifier les actions à lancer dans le domaine de la formation à partir du rapport de Jean Jouzel. Il se tiendra à l’université de Bordeaux, les 20 et 21 octobre 2022.