Fernando-Pessoa rompt avec l’ISEEP : le projet d'école de santé réduit à une prépa

Virginie Bertereau Publié le
L’ISEEP, une nouvelle école privée, voulait nouer un partenariat avec l’université portugaise Fernando-Pessoa et proposer dès la rentrée 2014 sept formations en santé, en marge des cursus classiques français. Mais les vives réactions des syndicats de professionnels et d'étudiants et la bataille juridique menée par Geneviève Fioraso ont rendu le projet compliqué... Son initiateur s’oriente donc plutôt vers une année de préparation à l'entrée des universités privées médicales et paramédicales du sud de l’Europe.

"Un projet génial mais un peu trop chaud". Jacques Weischenck, ostéopathe et ancien président du COS (Collège ostéopathique Sutherland), est prêt à renoncer à son projet d'ouvrir une école privée de santé à Neuilly-sur-Seine et Gennevilliers (92) sur le modèle du CLESI (Centre libre d'enseignement supérieur international), lié à l'université portugaise Fernando-Pessoa.

L'ISEEP (Institut supérieur européen d'enseignement privé) proposerait plutôt une classe préparatoire d'un an aux étudiants qui veulent rejoindre une filière santé (pharmacie, odontologie, kinésithérapeute, psychomotricité, orthophonie, infirmier, podologie) sans passer les concours très sélectifs en France et tenter leur chance dans des universités privées du sud de l'Europe (Espagne, Portugal, Italie), voire de Belgique – l'Europe de l'Est, en revanche, intéresse moins Jacques Weischenck. Coût de cet accompagnement : 6.500 € l'année.

Fernando-Pessoa fait marche arrière

Le projet initial de l'ISEEP avait suscité de vives réactions de la part des syndicats de professionnels et d'étudiants en santé, hostiles à toute tentative de "contournement du numerus clausus". Ils avaient manifesté vendredi 14 mars 2014. Ces réactions ont fini par effrayer l'université Fernando-Pessoa et les établissements français qui avaient été approchés par l'ISEEP pour nouer des partenariats. Or, pas de partenaires, pas d'école selon la loi Fioraso.

"Nous avons des contacts avec d'autres universités européennes, assure Jacques Weischenck. Nous sommes en pleine réflexion pour proposer un projet 'moins agressif' pour les syndicats. Je me suis battu pendant 30 ans contre la sélection imposée par le monde médical, en tant que président du COS. Je n'ai pas envie de repartir dans une guerre."

Avant de créer son groupe de quatre écoles d'ostéopathie, racheté par Novetude Santé en 2010, l'ostéopathe avait déjà eu l'idée de lancer des prépas paramédicales. L'aventure, sur ce marché déjà très développé, n'avait duré qu'un an.

Une rentrée différée ?

Côté timing, rien n'est joué pour l'ouverture de l'ISEEP à Neuilly-sur-Seine et Gennevilliers (92). L'établissement risque de ne pas être prêt pour la date prévue, c'est-à-dire la rentrée 2014. Le site Internet de l'école "disponible très prochainement" a été remis en construction, aucun dossier de candidature ne peut être déposé et aucun frais de pré-inscription n'est demandé. Peut-être pour la rentrée 2015 ?

Dans tous les cas, il existe bel et bien un marché pour ce type de formation. Aujourd'hui, les deux antennes du CLESI, à Béziers (34) et La Garde (83), comptent 330 inscrits – souvent des recalés de la PACES (première année commune aux études de santé). De son côté, l'université de Cluj, en Roumanie, recense à elle seule 814 étudiants français. La plupart d'entre eux sont partis s'ouvrir là-bas des portes restées closes en France.

Virginie Bertereau | Publié le