Filières du sport : Toulouse cultive l'esprit d'équipe

Camille Pons Publié le
Filières du sport : Toulouse cultive l'esprit d'équipe
La salle d'analyse du mouvement et de biomécanique du Creps a été créée en vue de servir non seulement la performance sportive, mais également la recherche et la formation. // ©  Camille Pons
À Toulouse, le Creps et la Faculté des sciences du sport et du mouvement humain de l’université Toulouse 3 développent plusieurs projets communs. Offre de formation, projets de recherche, équipements mutualisés… L’objectif ? Développer l’innovation dans cette filière du sport afin de créer, à terme, un institut dédié.

"Sésame, allume-toi !" Pierre-Emmanuel Planes, batteur de l’équipe de France de baseball, s'apprête à tester sa réactivité visuelle sur un panneau composé de cellules qui vont s'éclairer de manière aléatoire. Avec sept autres jeunes sportifs de haut niveau, depuis octobre 2017, il suit un programme d'entraînement d’un genre nouveau au sein du Creps de Toulouse qui héberge le pôle France de baseball. Ici, par de terrain de sport recouvert d’herbe, mais une salle équipée de caméras cinétiques, d'une plate-forme de force pour évaluer les efforts musculaires, de cellules photoélectriques pour mesurer la vitesse, de lunettes stroboscopiques…

Plus qu'un entraînement, il s'agit d'un programme de recherche encadré par des étudiants de filières Staps et orthoptie de l'université Toulouse 3-Paul-Sabatier. Et c’est là l’originalité de la structure : cette salle d'analyse du mouvement et de biomécanique a été créée en vue de servir non seulement la performance sportive, mais également la recherche et la formation, aussi bien du côté du Creps – rattaché au ministère des Sports – que du côté de l’université.

Des équipements et projets de recherche mutualisés qui alimentent la formation

Rénovée par le Creps à hauteur de 100.000 euros, cette salle a été équipée par le département F2SMH (Faculté des sciences du sport et du mouvement humain) de l'université de Toulouse 3, grâce à des fonds issus de l'ancien Idex (1,2 million d’euros).

Les deux partenaires ont aussi choisi de mutualiser un poste chargé du développement des projets – six à ce jour – et de l'animation de cette salle, qui profite aussi bien aux étudiants et stagiaires engagés dans des filières sportives qu'aux entraînements des sportifs de plusieurs fédérations, et, dans le cadre de travaux pratiques, à des étudiants des filières biomécanique et neurosciences.

Au-delà de ces projets déjà bien concrets, la salle est surtout la matérialisation du point d'ancrage d'un plus vaste partenariat. Il préfigure un autre projet d'équipement mutualisé : une piste d'athlétisme connectée qui remplacerait l'actuelle piste des Staps, en très mauvais état. Aménagée avec divers capteurs, elle permettrait de produire des retours en direct aux étudiants ou sportifs, tout comme des données pour la recherche. Projet qui alimente d’ores et déjà la recherche et la formation : deux étudiants de master 2 sont associés à l'étude préliminaire.

Actuellement au stade de l'identification des solutions technologiques, pour boucler le financement de cette piste dont le coût est estimé à 750.000 euros, les partenaires espèrent, en plus du soutien de la Région Occitanie, récolter des fonds auprès de mécènes via la Fondation Catalyses de Toulouse 3.

Pourquoi jouer dans son couloir avec l'argent du contribuable, alors que nous sommes avant tout au service des usagers ?
(E. Journaux)

Vers un Institut des sciences et des métiers du sport

De manière plus générale, Creps et Staps collaborent également sur le déploiement de formations communes, dont l’une "constituera une première en France", selon le directeur du Creps, Éric Journaux. Ouverte à titre expérimental à la rentrée 2018, elle s'appuiera sur les 15 des 30 places octroyées pour des formations initiales au Creps, par le ministère des Sports dans le cadre du plan destiné à compenser la saturation de la filière Staps.

En deux ans, 15 étudiants prépareront à la fois la L1 Staps et le BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport) "Activités physiques pour tous", en suivant un programme rendant possible l'accès à un double diplôme.

"Pourquoi jouer dans son couloir avec l'argent du contribuable, alors que nous sommes avant tout au service des usagers ?" s’interroge Éric Journaux. Cette alliance vise en effet plusieurs objectifs : mutualiser les moyens, donc diminuer les coûts, et agréger les compétences tout en favorisant l'innovation."

Le Creps a des formations plus pratiques, l'université peut offrir un apport scientifique et des compétences construites sur des temps plus longs, souligne de son côté Jean-Paul Doutreloux, doyen de la F2SMH. Nous avons tout à faire ensemble : notre objet commun, c'est le sport."

C’est cette logique qui a poussé les deux partenaires à ouvrir à la rentrée prochaine un DU (diplôme universitaire), dédié aux aspects mentaux de la performance sportive, en partenariat avec la clinique Médipôle Garonne. Ils viennent également de se porter candidat à l'appel à projets de l'INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) pour un projet de recherche sur l'entraînement cognitif et la perception visuelle, avec plusieurs fédérations.

Au final, Creps et université imaginent surtout la constitution d'une structure unique : un Institut des sciences et des métiers du sport qui donnerait "plus de lisibilité et de cohérence à l'offre", et mettrait fin, observe encore Jean-Paul Doutreloux, à "la pagaille dans l'architecture des formations du sport, qui se partagent entre la Jeunesse et les sports, l'université, les fédérations et le secteur privé..."

Camille Pons | Publié le