Fin des droits universitaires en Allemagne

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland Publié le
La Bavière et la Basse-Saxe viennent de supprimer les droits d'inscription pour leurs établissements d'enseignement supérieur. L’université redevient ainsi gratuite sur l’ensemble de la République fédérale.

Lors d’un référendum lancé courant janvier 2013, les Bavarois se sont prononcés en faveur de la disparition des droits d’inscription (500 euros par semestre) dès la rentrée 2013. Au même moment, le land de Basse-Saxe suit le même mouvement avec l’avènement des sociaux-démocrates à sa tête. Ces deux derniers bastions venant de tomber, l’université redevient gratuite sur l’ensemble de la République fédérale. A l’exception des "retardataires" (dépassement du temps imparti) et des "indécis" (deuxième cursus), qui devront s’acquitter de droits d’inscription dans une demi-douzaine de länder.

Les frais d’inscription introduits en 2007 par les Länder conservateurs (chrétiens-démocrates et chrétiens-sociaux de Bavière), suite à leur requête auprès de la Cour de cassation, n’avaient jamais fait l’unanimité, avant d’être abandonnés land par land depuis 2011.

Le gouvernement bavarois s'engage à compenser la disparition des droits

"Dans l’opinion publique régnait la sensation de combler ainsi les déficits de l’Etat en matière d’enseignement supérieur", rappelle le Prof. Dr. Bernd Huber, président de la Ludwig-Maximilians-Universität de Munich. Perçus pendant cinq ans, ces droits universitaires ont rapporté chaque année à son université 30 millions d’euros - soit 6% de son budget - qui ont été investis dans de meilleures conditions d’études : achats de livres, horaires étendus d’ouverture de la bibliothèque, heures de tutorats ou encore de chargés de cours. 

Le gouvernement bavarois s’est engagé à compenser la disparition des droits d’inscription en allouant un budget d’un volume comparable et évolutif avec le nombre d’inscrits, ce qui n’a pas été le cas dans la plupart des autres länder.

Satisfait de cette solution, le Pr. Huber s’inquiète cependant.  "La bonne santé économique du pays nous permet aujourd’hui de dépendre des finances publiques, mais qu’en sera-t-il quand la conjoncture s’inversera ?", s’interroge-t-il, remarquant que ce retour à l’université gratuite va à l’encontre de ce que connaît l’enseignement supérieur dans le monde.

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland | Publié le