Fondation de Lyon 1 : les entreprises choisissent l'affectation de leurs dons

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Fondation de Lyon 1 : les entreprises choisissent l'affectation de leurs dons
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Nouvelle étape dans notre série sur les fondations, l'université lyonnaise Claude Bernard. Elle a lancé à la rentrée 2008 la « fondation Lyon 1 », destinée à renforcer le lien avec les entreprises. Son point fort ? Les entreprises peuvent savoir ce que deviennent leurs dons et même les flécher, en amont, sur l'un des 12 projets thématiques définis par l'université.

La fondation Lyon 1 , dédiée à la promotion de l’université auprès des entreprises, fait ses premiers pas. L’université lyonnaise n’en est pas à son coup d’essai en la matière. Lionel Collet, son président, avait créé une fondation au printemps 2007, avant même que la loi LRU ne lui en donne la possibilité. Il s’agissait d’une « fondation d’entreprise », qui comptait trois membres fondateurs : la Banque populaire Loire et Lyonnais, Sanofi Pasteur et « Ezus Lyon », la filiale de valorisation de Lyon 1.

En juin 2008, la fondation d’entreprise a été transformée en fondation partenariale, avec le même objectif, à savoir la « promotion de l’ensemble des compétences de l’université, la recherche, la formation, les actions sociales autour du handicap par exemple, etc. », expose le directeur de la fondation, Gérard Posa. Pourquoi changer de statut ? « Nous avons pu intégrer l’université au sein des membres fondateurs, ce qui n’était pas possible auparavant, ainsi qu’une autre entreprise, Arkéma ». Les membres fondateurs sont de bons leviers pour la récolte de fonds. Mais la différence majeure concerne les investisseurs potentiels. « Avec la fondation d’entreprise, nous ne pouvions pas faire appel à la générosité publique ou à d’autres entreprises que les membres fondateurs pour investir », explique Gérard Posa.  

Un choix stratégique : la fondation partenariale  

Lyon 1 a également fait un choix stratégique concernant le format de sa fondation. La loi LRU ouvrait plusieurs possibilités. Plutôt qu’une fondation universitaire, Lyon 1 a préféré mettre en place une fondation partenariale. Pourquoi cette décision ? Non dotées de la personnalité morale, les fondations universitaires constituent un service interne de l’université, relevant donc du droit public. A l’inverse, le format partenarial donne la personnalité morale et permet ainsi de relever du droit privé. « C’est plus adapté à des relations avec les entreprises », souligne Gérard Posa.  

Pour quelle raison ? « Avec une fondation universitaire, les dons entrent dans la masse du budget de l’université, en l’occurrence, environ 300 millions à Lyon 1 », souligne Gérard Posa. Difficile alors de « tracer » l'affectation des dons. Grâce au format partenarial, la fondation a son propre budget. Cela permet de suivre les dons, élément capital pour attirer les entreprises qui ont souvent peur que leur investissement s’évapore dans le magma budgétaire d’une université.

Le conseil d’administration de la fondation décide ensuite d’allouer les fonds sur les programmes de recherche, le matériel de pointe, les bourses au mérite ou encore l’aménagement des espaces étudiants. Cet organe de direction est composé des membres de l’université, en majorité, et des membres fondateurs, auxquels s’ajoutent quatre personnalités extérieures.

Les entreprises flèchent leur don sur l'un des 12 projets de l'université

Les entreprises donatrices ont pour l'instant toutes choisi de flécher leur don, en amont, sur l’un des 12 projets élaborés par l’université. Exemples de programme à financer : pour 1,5 millions d’euros, Neurocampus (le pôle européen de recherche sur le fonctionnement du cerveau) , pour 700 000 euros, la Maison des étudiants (« 1300 m2 pour permettre à votre futur médecin de bien étudier »), pour 1 million d’euros, Biolab (« pour former aux protocoles des biotechnologies du futur »), ou encore un programme spécifique sur les bourses « Envol » (5000 euros par bourse), qui permettront à des jeunes venant de milieux défavorisés d’entrer à l’université.

Outre ces douze programmes, une alternative : orienter l'argent sur les « bourses d’accompagnement », destinées aux étudiants de Lyon 1 en difficulté financière. Microsoft souhaite ainsi qu’un tiers de sa donation aille aux bourses d’accompagnement. L’entreprise danoise Lundbeck – la plus grande donatrice - a mis, elle, 800 000 euros sur la chaire d’excellence dans l’économie et la santé.

Objectif : 10 millions d’euros sur 5 ans  

En tout, 2 millions d’euros ont été récoltés par la fondation partenariale. « Ezus Lyon » a investi 150 000 euros, le reste provient des entreprises. Concernant les réseaux d’anciens élèves, potentiellement donateurs, le chantier est ouvert. « Nous savons bien que le sentiment d’appartenance est moins fort dans les universités », souligne Gérard Posa. « Nous sommes en train de prendre contact avec les associations pour voir comment les intégrer », ajoute-t-il.  

Dernier choix plutôt habile : faire de la fondation le passage incontournable pour toutes les entreprises. « La fondation est le phare de l’université », image Gérard Posa, qui précise, « les industriels vont s’adresser à la fondation pour l’ensemble de l’offre de compétence de l’université, stages, recherche, formation, etc. ». La fondation les oriente ensuite au bon endroit. « Cela permet d’identifier les entreprises et d’en faire des partenaires. Il sera plus facile de les solliciter plus tard pour investir dans la fondation », décrit Gérard Posa, malin.  

L’objectif est de réunir les 10 millions d’euros nécessaires pour financer les 12 programmes, sur les 5 années à venir. La crise a-t-elle eu des conséquences sur les levées de fonds ? Pas pour l’instant. « L’important c’est de garder le cap et on passera la crise », estime le directeur, qui reste confiant sur ses objectifs. Et ce, non sans raison. « D’ici quelques semaines, nous devrions atteindre les 3 millions d’euros, grâce à deux projets de dons supplémentaires de 500 000 euros », annonce-t-il.

Crédit photo : Nadine Beysseriat / Eric Le Roux / UCBL

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