Formation des enseignants : confusion à l’heure des inscriptions

Fabienne Guimont Publié le
Formation des enseignants : confusion à l’heure des inscriptions
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Où en est la réforme sur la formation des enseignants ? Des rencontres bilatérales ont déjà eu lieu entre la CPU, la CDIUFM, le comité de suivi master et les cabinets des ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. Au-delà de ces entrevues, la concertation entre tous ces acteurs tarde à démarrer. Xavier Darcos veut que les nouveaux concours soient déclinés à partir de 2010. La CPU et la CDIUFM s’accordent pourtant à dire que la mise en place de nouveaux masters est impossible à organiser pour la rentrée 2008… 

A l’heure de la pré-inscription des étudiants à la préparation aux concours de l’enseignement, la confusion règne dans les universités. Faut-il s’inscrire directement en master ou dans les préparations aux concours des IUFM, voire aux deux ? Les consignes données par les responsables de licence dépendent des établissements. Les IUFM enregistrent d’ores et déjà des baisses d’effectifs dans les pré-inscrits et reçoivent des demandes d’annulations de pré-inscriptions... « Si les universités mettent en place plein de masters pendant les vacances et que les étudiants s’y inscrivent, c’est la fin des IUFM », s’alarme Claire Pontais, signataire de l’appel pour une formation des enseignants de haut niveau dans des IUFM rénovés et et professeur d’EPS à l’IUFM de Basse-Normandie.    

Les IUFM montent au créneau  

Quelques IUFM sont mobilisés comme celui de Midi-Pyrénées et la quasi-totalité a voté des motions réclamant une formation des maîtres de qualité. Du côté des IUFM, la conférence des directeurs réunie les 26 et 27 juin 2008 exprime des « réserves importantes sur les premières dispositions relatives au projet de réforme de la formation et du recrutement ». Elle alerte sur la « confusion » engendrée pour les étudiants, la « précipitation » et les « dérives possibles » concernant le projet de réforme.

Autre menu détail : celui des candidats qui échoueront aux concours 2009 et dont certains seront diplômés de licence. La CDIUFM soulève le problème de leur inscription l’année suivante aux concours dans leur nouvelle version qui exigera des candidats inscrits en master 2. Elle demande donc des « mesures transitoires » leur permettant de pouvoir s’inscrire en master 2, en validant –via des commissions d’équivalences - leur préparation aux concours de l’année précédente…  

Incertitudes sur les postes aux concours  

A ces soucis liés au passage d’un système à un autre risquent de s’ajouter des grincements de dents autrement plus aigus. Le nombre de postes ouverts aux concours risquent de diminuer conséquemment aux restrictions annoncées sur les non-remplacements de départs à la retraite d’enseignants. Aux 11 200 postes supprimés et annoncés pour la rentrée 2008, Le Canard enchaîné du 25 juin 2008 croit savoir que s’ajouteront 20 000 départs à la retraite non-remplacés pour la rentrée 2009. « On ne sait pas quels concours seront ouverts l’année prochaine », ajoute Patrick Baranger, président de la CDIUFM.  

Quels masters pour mastériser ?  

D’autres questions non résolues se profilent. Pour la rentrée 2008, les nouveaux masters risquent de n’être que de pâles copies de ce qui reste à inventer. « Nous ne seront pas capables de fabriquer de nouveaux master dès 2008. A la CPU, nous sommes favorables à la mastérisation comme validation a posteriori de la formation de l’IUFM en y ajoutant une formation supplémentaire », explique Simone Bonnafous, présidente de Paris 12 et présidente à la CPU de la commission pédagogie et formation continue.

Comment reformater des masters disciplinaires pour préparer des CAPE, CAPET, CAPLP ou CPE, interroge de son côté la CDIUFM ? « On a raisonné sur le noyau dur des CAPES et des grandes disciplines qui ne représentent que 40% des étudiants concernés par les concours. Les masters disciplinaires ne sont pas adaptés pour préparer les autres concours », explique Patrick Baranger. Universités et IUFM doivent proposer une offre au ministère sur les nouveaux masters qui seraient mis en place en 2009. A eux de trouver un équilibre entre enseignements disciplinaires (ou pluridisciplinaires), didactique, professionnel et épistémologie. Un processus qui devrait prendre du temps alors qu’une harmonisation nationale de ces masters est fortement souhaitée par la CPU et la CDIUFM.

Quelle place pour la formation pratique ?

Pour cette dernière des « masters radicalement nouveaux » devront être proposés avec deux exigences : la présence de stages obligatoires tout au long de la formation, pas seulement à la fin du dernier semestre de master, et l’habilitation de master sur la base du référentiel de dix compétences professionnelle élaboré par le ministère de l’Education nationale et paru au BO il y a un an seulement… « plutôt que de faire semblant de croire que n’importe quel master peut être suffisant pour savoir enseigner », proteste le communiqué de la CDIUFM. La CPU s’aligne sur cette proposition. « On peut craindre que, pour des raisons financières, l’épreuve pratique des concours ne soit une leçon virtuelle devant un jury – in vitro – plutôt que devant une classe –in vivo », prévient Patrick Baranger pour la CDIUFM.  

Pour le moment, tous attendent que la consultation nationale commence pour débattre de leurs propositions sur les futurs masters. Xavier Darcos devrait rendre le schéma des nouveaux concours en plein l’été…          

Les postes version 2007

Le ministère de l’Education nationale vient de sortir une note d’information sur Les concours de recrutement des personnels enseignants du second degré public en 2007. Un écho des dernières tendances avant la réforme ? 11650 postes avaient été mis aux concours. Les inscriptions étaient en baisse de près de 15% par rapport à la session 2006. La quasi-totalité des postes ont été pourvus, à 84% par recrutement externe. L’âge médian des lauréats étaient de 25 ans. Qu’avaient-ils comme bagage universitaire avant le concours ? Aux concours externes, près de la moitié ont une maîtrise, plus du tiers ont une licence et plus de un sur dix a un bac+ 5 ou plus. Les candidats les plus diplômés sont aussi ceux qui ont aussi les taux de réussite aux concours les plus élevés comme le note l’étude ministérielle. +4 points par exemple entre les candidats diplômés de licence et ceux de maîtrise. Les mastérisations feront-elles grimper les scores ?

Fabienne Guimont | Publié le