Formation et carrière des enseignants : Luc Chatel persiste et signe

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Luc Chatel a donné sa conférence de presse de rentrée à guichets fermés le 31 août 2010. Les journalistes sont venus en masse pour écouter le ministre de l’Éducation nationale présenter tout ce qui agitera l’année 2010-2011. Pas d'annonces nouvelles mais une année qui s'annonce riche en réformes (du lycée, de la formation des enseignants), en débats (sur les rythmes scolaires) et en expérimentations tous azimuts (dispositif « Cours le matin, sport l’après-midi », programme CLAIR (Collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite) pour les établissements qui concentrent le plus de difficultés, livret de compétences…).

Parmi les mots d'ordre du ministre de l'Education nationale : personnalisation « pour travailler au plus près des élèves », « autonomie des établissements » et « nouveau pacte de carrière ».

Des enseignants « mieux formés » et « mieux payés »

Non sans heurts, la réforme du recrutement et de la formation des enseignants entre en application. À la rentrée 2010, les étudiants qui se destinent à l’enseignement se voient proposer jusqu’à 216 heures de stage dont 108 heures de stage d’observation et de pratique accompagnée et 108 heures de stage rémunéré (à hauteur de 3000 €) en responsabilité dans une classe. Après le concours, c’est une année entière de formation pratique (plus de 400 heures) qui les attend. Les lauréats, nommés fonctionnaires stagiaires, seront responsables d’une classe dans le premier degré ou de plusieurs classes dans le second degré. Ils seront épaulés dans leur tâche par un tuteur, professeur expérimenté.

Plus formés (le niveau master est requis), les enseignants seront également mieux payés. « Près du quart d’entre eux (190 000) verront leur situation financière s’améliorer de façon concrète », assure Luc Chatel. 157 € nets par mois supplémentaires seront accordés aux futurs professeurs des écoles et professeurs certifiés, 259 € nets pour les professeurs agrégés et en moyenne 660 € pour les enseignants en début de carrière et jusqu’à sept ans d’ancienneté. En outre, tous ceux qui accepteront des missions de tutorat  ou autres activités annexes seront indemnisés.

Ménager les enseignants : DIF, bilan de santé, entretiens

Luc Chatel est également revenu sur des mesures destinées à améliorer les conditions d’exercice des professeurs (et par conséquent leur moral et leur investissement). Le ministre a ainsi annoncé la mise en place du DIF (droit individuel à la formation) pour les enseignants. Soit 20 heures de formation par an, cumulables sur six ans, pour acquérir de nouvelles compétences. Par ailleurs, tous les personnels éducatifs se verront proposer un bilan de santé l’année de leurs 50 ans. Des entretiens professionnels permettront de faire le point après les deux premières années d’expérience, de même qu’après 15/20 ans d’exercice. Enfin, le site Internet education.gouv.fr/portail-mobilite permettra de faciliter les démarches de mobilité.

Remplacements : plus de classes sans professeur ?

Dernier volet concernant les enseignants : les remplacements. « Le problème du remplacement n’est pas un problème de moyens. Aujourd’hui, on compte près de 50 000 remplaçants titulaires dans l’Éducation nationale. Mais le problème, c’est que ces personnels n’étaient jusqu’alors utilisés qu’à 60 % dans le second degré », révèle Luc Chatel. Le ministre a ainsi rappelé les mesures qu’il avait annoncées en mars 2010 pour améliorer le système. Au programme : suppression du délai de carence, désignation d’un référent dédié au remplacement dans chaque établissement, mise en place d’un service dans chaque académie, remplacements interacadémiques facilités et constitution d’un vivier de personnels contractuels remplaçants composés de jeunes retraités et d’étudiants formés.

Virginie Bertereau

Les autres nouveautés de la rentrée 2010 de Luc Chatel sur letudiant.fr .

Une rentrée « sans filet » pour les syndicats de l’éducation
Les politiques de l’opposition et les syndicats de l’éducation présagent une rentrée « difficile », « sans filet », « exceptionnelle » (dans le mauvais sens), évoquent « un climat de défiance » et déplorent une école « malade ». Même le SI-EN Unsa (principal syndicat des inspecteurs pédagogiques de l'Éducation nationale), qui a organisé le 30 août 2010 une conférence de presse de rentrée pour la première fois de son histoire, a observé que « sur le terrain, tout est loin d'aller très bien ». Le SNES (syndicat d’enseignants majoritaire dans le second degré) a appelé à la grève le 6 septembre 2010, la veille de la grève contre la réforme des retraites. « Ce n’est pas une surprise. Le SNES était opposé à la réforme du lycée, répond Luc Chatel. Citez-moi une rentrée au cours de laquelle les syndicats ne font pas état de difficultés », a ajouté le ministre.
VB

La masterisation : « une réforme catastrophique » selon le SNPDEN
Le SNP-DEN (Syndicat national des personnels de direction de l’éducation national) a renouvelé son désaccord avec la réforme de la formation des enseignants lors d’une conférence de presse le lundi 30 août 2010. « A deux jours de la rentrée, des stagiaires qui ont un service entier de 18 heures de cours pas semaine, se demandent encore comment faire leur premier cours », a déploré Philippe Tournier, secrétaire générale du SNP DEN. Les trois jours de formation de pré-rentrée des stagiaires sont déjà surnommés « kit de survie ». Faute de trouver des tuteurs, certains stagiaires seront accompagnés par de tout jeunes professeurs, qui n’ont que quelques années d’expérience. Le syndicat craint également de nombreux départs et démissions en cours d’année. « Il sera nécessaire de rouvrir le dossier de la formation des enseignants, a ajouté le secrétaire général. Pas tout de suite, mais au printemps 2012. » Autre sujet de discorde, le SNP DEN a jugé « chimérique » la proposition de Luc Chatel de remplacer un professeur absent dès son premier jour d’absence. « Les suppressions de postes pèsent sur les remplacements, a détaillé Philippe Tournier. A certains moments de l’année, les viviers de professeurs remplaçants sont vides. Sans moyen financier et humain supplémentaires, on peut pas y arriver. »
Julia Zimmerlich

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