Franchises : quand l'université allemande copie McDo

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland Publié le
Elles vendent la recette de leur succès en kit, louent leurs profs, parfois même leurs locaux et décernent un agrément universitaire au diplôme. De plus en plus, les universités allemandes cèdent certains de leurs cursus ou en créent d'autres à l'attention d'organismes privés qui ne disposent pas d'un grade de l'enseignement supérieur.

Ce modèle de franchise tend à se répandre en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et en Basse-Saxe, deux Länder dont la loi sur l'enseignement supérieur autorise de telles pratiques.

L’université de technologie de Niederrhein franchise des instituts privés


Le Pr Harald Vergossen, qui enseigne les sciences économiques à la Fachhochschule de Niederrhein, préfère parler de PPP (partenariats public-privé). Une coopération qu'il qualifie « de fructueuse car chacun des partenaires donne ce qu'il a de plus positif ». Avec quelques confrères, il a créé un institut de sciences économiques appliquées à Mönchengladbach. De statut juridique SARL, cet institut perçoit des droits de scolarité de 2.875 € par semestre auprès de la quarantaine d'étudiants. En échange d'un droit de licence dont Harald Vergossen préfère taire le montant, acquis auprès de la FH de Niederrhein, l'institut dispense une formation mise au point par la FH et qu’elle sanctionnera.

« L'avantage est que nous disposons de plus de flexibilité qu'une université, notamment pour embaucher et rémunérer des chargés de cours », expose le Pr Vergossen, qui certifie que son institut applique les mêmes normes qualitatives que l'enseignement supérieur. D'ailleurs, ajoute-t-il, « nous nous trouvons en concurrence avec d'autres universités et d'autres instituts semblables aux nôtres dans la région, et les étudiants font leur choix ! ». Il est vrai que le modèle essaime. La FH de Niederrhein dispose d'un autre institut « franchisé », spécialisé en expertise comptable.

Les franchises se déclinent en Allemagne et même à l’étranger


L'université de sciences appliquées de Cologne, la FH Köln, a été le précurseur de ces modèles de franchises. Dès l'année universitaire 2005-2006, elle a vendu une licence à la FOM, une école privée d'économie et de management portant sur un cursus de bachelor of arts en finances, management et marketing international. Aujourd'hui, l'université de Westphalie du Sud va même plus loin et compte désormais des franchisés aussi bien dans l'industrie (centre de formation de Siemens) qu'à l'étranger, tel l'ASET à Barcelone, ou encore les centres de formation du TÜV, le contrôle technique allemand !

Reste que si les enseignants, souvent employés dans les deux structures y trouvent leur compte, la question de ces franchises n'est pas soulevée par les contribuables allemands, dont les deniers ont pourtant servi à développer des cursus, aujourd'hui commercialisés par le privé !

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland | Publié le