François Hollande met les résultats Idex à l'actif de son bilan

Aurore Abdoul-Maninroudine Publié le
François Hollande met les résultats Idex à l'actif de son bilan
François Hollande, a défendu l'importance donnée à l'enseignement supérieur et à la recherche au sein des programmes d'investissement d'avenir. // ©  Gilles ROLLE/REA
À l'occasion d'une cérémonie à l'Élysée mettant à l'honneur les lauréats des appels à projets Idex et Isite, lundi 13 mars 2017, François Hollande a défendu la logique des investissements d'avenir et la priorité accordée à l'enseignement supérieur. Thierry Mandon a, quant à lui, annoncé le réexamen, l'an prochain, des candidatures de Sorbonne-Paris-Cité et de Toulouse.

"56 milliards d'euros, dont la moitié consacrée à l'enseignement supérieur et la recherche". Sept années après le lancement du premier PIA (programme des investissements d'avenir), le président de la République, François Hollande, a défendu l'importance accordée à l'enseignement supérieur au sein des trois PIA, ainsi que la méthode employée, alors que la dynamique avait été lancée en 2009 par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy.

S'exprimant au cours d'une cérémonie en l'honneur des projets Idex et des Isite, dont les derniers lauréats ont été annoncés il y a deux semaines, le président de la République a estimé que "la priorité donnée à l'enseignement supérieur a permis de faire émerger des universités mondiales", avant de rappeler que près de la moitié des universités sont parties prenantes des 18 sites labellisés Idex ou Isite.

LE jury international, un choix "judicieux"

Surtout, a-t-il souligné dans un discours qui sonne comme un testament de son action, ces labels récompensent "un effort pour une gouvernance plus intégrée de toutes les composantes du paysage de l'enseignement supérieur et de la recherche en France". "Cette étape n'a pas été la plus facile à franchir : il faut faire confiance à l'intelligence collective, surtout à l'université, où il y a beaucoup d'intelligences individuelles", a-t-il relevé, ironique.

François Hollande est également revenu sur la méthode et le recours à un jury international dont les décisions s'imposent aux pouvoirs publics. "Nous l'avons accepté, de gré ou de force. [...] C'était un choix judicieux pour qu'au plan international les lauréats puissent bénéficier d'une véritable consécration. (...) Cela aura un impact considérable pour l'après-demain, à la condition que cet effort soit poursuivi. Rien ne serait pire qu'une interruption brutale des financements", a-t-il conclu, semblant cette fois-ci s'adresser à son successeur.

Rien ne serait pire qu'une interruption brutale des financements.
(F. Hollande)

Les projets de Sorbonne-PAris-Cité et Toulouse examinés en 2018

Le président de la République a également eu un mot pour les candidats malheureux : Sorbonne-Paris-Cité et Toulouse, qui ont vu leur Idex arrêté au printemps 2016, et Rennes, qui n'a pas obtenu d'Isite. S'adressant "à ceux qui ne sont pas là", il s'est voulu rassurant : "Je sais les déceptions mais leur travail ne sera pas perdu. Ils ont œuvré pour trouver des dynamiques qui seront à un moment ou à un autre récompensées."

Peu avant, le secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, Thierry Mandon, avait en effet annoncé que le gouvernement demandera au jury "d'examiner, dès l'année prochaine, les dossiers de l'USPC et Toulouse, afin de voir si les actions mises en place peuvent justifier un retour à la labellisation d'excellence".

Le secrétaire d'État a aussi indiqué qu'il incitera les projets devant faire l'objet d'un réexamen – PSL (Paris Sciences et Lettres), Sorbonne Universités et Paris-Saclay ont vu leur période probatoire reconduite – à "aller au bout" de leur démarche.

Enfin, il souhaite "prolonger" la labellisation d'excellence "en accompagnant la réflexion sur les modifications législatives qui permettraient de consolider l'autonomie des établissements tout en gardant un certain nombre de principes nationaux". Alors que certains projets de regroupements, dont l'emblématique Saclay, connaissent des blocages, le gouvernement avait tenté fin 2016, sans succès, de faire passer un cavalier législatif créant un nouveau statut.

passe d'armeS sur l'autonomie des établissements

Revenant sur cette "expérience exceptionnelle humaine et académique", Jean-Marc Rapp, le président du jury international, en a profité pour souligner le manque de "flexibilité" et d'"autonomie" dont souffrent les acteurs de l'enseignement supérieur français. "La France dispose maintenant d'universités leaders au niveau international, mais offre-t-elle toutes les conditions nécessaires au succès ? s'est-il interrogé avant de donner sa réponse. En France, où il faut résoudre la difficulté supplémentaire de l'intégration des universités, des grandes écoles et des organismes de recherche au sein des Idex et Isite, il paraît nécessaire d'élargir considérablement la liberté de choix des acteurs."

Si l'excellence est plurielle et complexe, il doit en être autant dans son évaluation.
(N. Vallaud-Belkacem)

En particulier, alors qu'un projet de décret sur la mobilité des enseignants-chercheurs irrite la CPU (Conférence des présidents d'université), qui y voit une atteinte à son autonomie, Jean-Marc Rapp fait de la question des ressources humaines "un point clé" : "Tant que les universités françaises ne pourront gérer elles-mêmes la gestion des dossiers des enseignants-chercheurs étrangers, (...) elles resteront handicapées."

Un argumentaire auquel la ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem n'a pas manqué de répondre, dénonçant "la tendance qui menace l'enseignement supérieur à travers des grilles d'évaluation uniformes, dénaturantes et des modes de calcul dont [elle voit] les limites. Si l'excellence est plurielle et complexe, il doit en être autant dans son évaluation, sa mesure." Tous les politiques ont néanmoins mentionné l'impact attendu des investissements d'avenir dans les classements internationaux.

Aurore Abdoul-Maninroudine | Publié le