Geneviève Fioraso à la CDEFI : un rendez-vous manqué ?

Sophie Blitman Publié le
Invitée à s’exprimer devant la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s'est surtout attardée sur les universités et a réaffirmé que la réussite en licence était sa priorité. Signe d’un décalage avec les préoccupations des écoles.

Mardi 2 octobre 2012, la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) avait invité Geneviève Fioraso à sa première assemblée générale de l’année. La ministre a répondu présente, mais son discours de quatre pages s’est transformé, au fil des digressions, en un long passage en revue des problématiques universitaires, à commencer par la réussite en licence, priorité affichée du gouvernement.

Outre les difficultés des bacheliers professionnels arrivant à l’université, Geneviève Fioraso a évoqué la question de la revalorisation du doctorat, mais aussi de l’attractivité des filières scientifiques – en particulier en licence –, les problèmes de logement des étudiants et l’allocation autonomie… Au passage, elle aborde aussi la réforme de la LRU et dit son souhait de « responsabiliser » les membres des conseils d’administration en accordant le droit de vote aux personnalités extérieures. Une proposition qui est loin de faire l’unanimité dans la communauté universitaire…

Pas de moyens supplémentaires pour les écoles

Interpellée sur les moyens accordés aux écoles d’ingénieurs, la ministre a quelque peu esquivé la question, insistant sur le « déséquilibre » actuel qui justifie que la priorité soit donnée à la réussite en licence. Et d’ajouter à l’attention des directeurs : « il n’y aura pas forcément de moyens complémentaires mais le dialogue se poursuivra ».

Traduction par Christian Lerminiaux : « les écoles d’ingénieurs fonctionnent bien, continuez ainsi ! Mais on ne peut pas espérer augmenter le nombre d’ingénieurs formés en France à moyens constants », prévient le président de la CDEFI. Et de rappeler qu’il manque toujours 10 000 diplômés par an tout en restant philosophe : « nous allons continuer à l’expliquer. C’est une démarche pédagogique qui prendra du temps ».

Décalage

Pour certains directeurs d’écoles d’ingénieurs, la constitution du cabinet de la ministre, qui réunit nombre d’anciens membres de la CPU , n’est pas étrangère au décalage entre le discours officiel et leurs préoccupations.

Si l'ambiance est loin d'être hostile, Jean-Michel Nicolle, directeur de l'EPF et représentant des écoles privées à la CDEFI, parle de « manque de considération ». Au-delà du « sentiment d’abandon », certaines écoles, craint-il, pourraient surtout se retrouver dans une situation financière critique. Un "délaissement" que les écoles d'ingénieurs avaient déjà éprouvé quand Valérie Pécresse était ministre.

« Aujourd’hui, nous ne sommes pas sur l’écran radar du ministère », conclut Christian Lerminiaux au terme cette première rencontre. « Faut-il grogner plus fort ? Peut-être que nous serons amenés à la faire ».

Sophie Blitman | Publié le