Geneviève Fioraso vue par les responsables de l’enseignement supérieur grenoblois

Propos recueillis par Sophie Blitman, Jessica Gourdon et Mathieu Oui Publié le
Geneviève Fioraso vue par les responsables de l’enseignement supérieur grenoblois
Genevieve Fioraso // © 
La nomination de Geneviève Fioraso au poste de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est apparue comme l’une des surprises du gouvernement Ayrault, lors de l’annonce de sa composition, le 16 mai 2012. Mais qu'en pensent ceux qui la connaissent le mieux : les responsables de l'enseignement supérieur grenoblois ?

Peu connue du grand public, Geneviève Fioraso, députée de l’Isère, adjointe à l'économie, l'université et la recherche à la ville de Grenoble et première vice-présidente de la communauté d’agglomération de Grenoble (la Métro), est pourtant très impliquée dans les projets universitaires et de recherche de sa région. La nouvelle ministre était jusqu’à sa nomination membre du conseil d’administration de Grenoble INP et de celui du PRES.

EducPros a interrogé des responsables de l’enseignement supérieur grenoblois sur la personnalité et la connaissance de l’enseignement supérieur de la nouvelle ministre. Lise Dumasy, présidente de l’université Stendhal-Grenoble 3, Farid Ouabdesselam, ancien président de l’université Joseph-Fourier-Grenoble 1 et administrateur du PRES de Grenoble, Thierry Grange, directeur de Grenoble École de management, et Brigitte Plateau, administrateur général de Grenoble INP, dressent un portrait plus qu'élogieux de la nouvelle ministre. Il lui reste désormais à faire ses preuves au niveau national…

Sa personnalité

Thierry Grange : C’est une femme très dynamique et déterminée. Elle travaille beaucoup, c’est une technicienne, qui connaît à fond ses dossiers. Ce n’est pas une femme de grandes théories politiques. Ce qui l’intéresse, ce sont les solutions concrètes, le terrain. Elle a un côté militante associative, elle n’hésite pas à mouiller la chemise pour aller résoudre des problèmes de crèches ou discuter avec les représentants des maisons de quartier.

Brigitte Plateau : C’est une femme chaleureuse, quelqu’un de courageux. Elle est aussi très sensible à la cause des femmes, au fait que celles-ci doivent trouver leur place dans la vie professionnelle. Elle m’a ainsi encouragée quand j’ai présenté ma candidature au poste d’administrateur général de Grenoble INP, et félicitée après mon élection .

Farid Ouabdesselam : Elle connaît très bien ses dossiers et elle a fait preuve d’une implication incontestable au sein du PRES où elle siégeait au conseil d’administration en tant que représentante de la ville et de la Métro. Elle a toujours été présente lors des inaugurations et manifestations officielles et toujours en contact avec la communauté scientifique.


Sa connaissance de l’enseignement supérieur

Thierry Grange : Elle connaît à fond l’enseignement supérieur, et particulièrement la recherche, les dispositifs de valorisation de la technologie dans l’industrie. Elle a d’ailleurs écrit un rapport parlementaire sur ce sujet. Elle connaît également bien les problématiques immobilières.

Brigitte Plateau : Elle connaît très bien tous les établissements de l’enseignement supérieur grenoblois. Je ne l’ai certes pas vue à l’œuvre dans l’écosystème national, mais elle a travaillé sur ces questions dans l’équipe de François Hollande.

Ses actions à Grenoble

Farid Ouabdesselam : Elle a fortement soutenu l’Opération campus. La Métro a ainsi financé à hauteur de 40 M€, ce qui est très significatif compte tenu du fait que c’est une petite collectivité. En comparaison, la région est intervenue à hauteur de 85 M€ et la dotation de l’État se montait à 400 M€. Geneviève Fioraso est également intervenue pour la mise en place du centre de recherche intégrative, un lieu où se retrouvent les chercheurs des établissements universitaires et des organismes avec les ingénieurs des entreprises qui ont des verrous technologiques à lever. Elle a aussi été active sur la vie étudiante par un soutien politique et financier à l’espace de vie étudiante du campus.

Thierry Grange : À Grenoble, elle a travaillé aussi bien avec les universités qu’avec les grandes écoles, et elle est appréciée par la communauté académique. Surtout, Geneviève Fioraso, c’est en quelque sorte l’égérie de GIANT. Elle représente la mairie dans ce projet de campus technologique grenoblois, une sorte de MIT à la française. Elle a également été en première ligne pour les appels à projets lancés par Valérie Pécresse : Opération campus, Idex, Labex, Equipex, IRT.

Brigitte Plateau : Elle a beaucoup lutté pour le développement économique de la région, la création de valeur et d’emploi. C’était vraiment son cheval de bataille, ce qui l’a amenée à beaucoup s’intéresser au secteur universitaire. Elle maîtrise parfaitement la problématique de l’employabilité, qui constitue un volet important de sa fonction de ministre.

Lise Dumasy : Geneviève Fioraso est une personnalité active sur Grenoble. Elle s’est beaucoup investie sur les dossiers liés à la recherche et ses liens avec l’innovation et la création d’entreprise. Elle s’est aussi beaucoup impliquée dans le projet GIANT de campus d’innovation. Mais globalement, je dirai qu’elle a surtout travaillé avec le CEA, l’INP, l’École de management ou l’université Joseph-Fourier, plutôt qu’avec notre université spécialisée en sciences humaines.

Ce qui pourrait la mettre en difficulté

Farid Ouabdesselam : Je ne connais pas ses capacités de négociation… qui seront nécessaires pour peser face à Bercy.

Thierry Grange : Je vois peu de failles chez elle. C’est une femme consensuelle, pas politicienne. Peut-être que certains mauvais esprits lui reprocheront de ne devoir sa place qu’à des exigences de parité, ce qui me paraît aberrant !

Brigitte Plateau : Elle devra faire face à des contraintes de moyens, mais cela ne concerne pas le seul ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche !

Lise Dumasy : Même s’il y a eu des évolutions ces dernières années, les préoccupations à Grenoble se sont beaucoup portées sur les liens entre recherche et technologie ou recherche appliquée et la création d’entreprise, au détriment de la recherche fondamentale. Sur ce plan, la recherche en SHS a été un peu négligée.

Propos recueillis par Sophie Blitman, Jessica Gourdon et Mathieu Oui | Publié le