Gilles Fourtanier, président de Toulouse 3 : «L'université de Toulouse sera dotée d'un statut d'EPSCP»

Propos recueillis par Franck Dorge Publié le
Le projet de Toulouse sera auditionné par le jury de l’Idex 2 le 31 janvier 2012. Gilles Fourtanier, président de Toulouse 3-Paul-Sabatier (UPS), fera partie de la délégation. Il explique à EducPros les changements opérés dans le projet déposé par le PRES Université de Toulouse. Gilles Fourtanier en profite également pour dresser un bilan de quatre années de présidence alors qu’il se présente pour un second mandat.

Toulouse n’a pas été retenue à l’Idex 1. Le 31 janvier, vous serez auditionné par le jury de l’Idex 2. Pensez-vous avoir suffisamment retravaillé votre projet d’Idex ?
Avec nos partenaires du PRES, nous avons tenu compte de l’ensemble des remarques du jury pour notre dossier Idex 2. Nous avons ainsi supprimé le projet d’ENS, réfléchi au rapprochement entre les universités et les écoles d’ingénieurs – ce qui a été fait en partie avec strong>la création de la FSI au sein de l’UPS – et mis en avant les relations étroites que nos établissements ont nouées depuis des années avec le tissu socio-économique. La région Midi-Pyrénées est en effet la première de France en matière de croissance du PIB sur les dix dernières années. Elle possède de nombreux atouts dans les domaines de l’aéronautique, de l’espace, de la bio-ingénierie, des agroressources et de la santé. Nous avons mieux précisé nos relations dans ces trois domaines d’excellence avec les trois pôles de compétitivité du site.

«L’interdisciplinarité sera assurée par un Sénat académique»

Le dernier point – le plus important – est le travail que nous avons réalisé pour proposer une gouvernance unique de site incluant l’Idex. Aujourd’hui, le projet que nous présentons est celui d’une université de Toulouse dotée d’un statut d’EPSCP [établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel], qui rassemble l’ensemble des établissements du PRES en collèges, assurant l’interdisciplinarité par un Sénat académique [SA], déjà mis en place. Les avis du SA et d’un Comité d’orientation stratégique au conseil de surveillance présidé par une personnalité extérieure, ainsi qu’un Comité exécutif incluant les futurs directeurs des collèges, garantissent souplesse, réactivité et démocratie. En faisant ces aménagements au premier projet d’Idex, nous avons répondu à toutes les attentes du jury. Nous sommes même allés au-delà pour mettre toutes nos chances de notre côté.

Ce projet bénéficie-t-il d’une large adhésion de votre établissement ?
À l’UPS, comme dans les autres établissements membres du PRES, nous avons organisé une dizaine de réunions ouvertes à toute la communauté. Le projet d’Idex a été présenté, entre autres, aux UFR de l’université, aux pôles de recherche ainsi qu’aux trois conseils de l’UPS réunis en congrès. Le projet d’Idex a été approuvé par mon conseil d’administration à l’unanimité. Cinq personnes n’ont pas souhaité prendre part au vote. L’appropriation de ce projet est essentielle pour comprendre que l’excellence est ouverte à tous et que les postes des personnels ne seront en rien affectés par ces évolutions.

Quelles répercussions auront les résultats à l’Idex ?

«Il y a une forte adhésion au projet d’Idex des partenaires industriels»

Si nous obtenons l’Idex, cela sera un formidable levier pour consolider notre statut de grande université française. Rester en retrait risquerait de nous faire perdre en lisibilité et en attractivité à l’international. Par ailleurs, le projet ayant une forte adhésion des partenaires industriels et des collectivités, l’échec entraînerait une grande déception.
Si nous n’obtenons pas l’Idex, la mise en œuvre de l’UT ne sera pas compromise mais plus longue. Il est indispensable qu’elle voie le jour, à l’instar des autres universités fusionnées dans les grandes villes de France.

Vous êtes à nouveau candidat à la présidence de l’UPS. Quelles sont vos motivations ?
Avec mon équipe, nous avons ouvert de grands chantiers qui concernent la recherche, la formation, l’innovation, l’insertion professionnelle des étudiants et le patrimoine. Compléter ces chantiers et les stabiliser dans la continuité nous est nécessaire pour intégrer la politique du site que nous sommes en train de construire avec nos partenaires.
 
Qu’avez-vous mis en place pendant ce premier mandat ?

«Nous avons mené plusieurs chantiers pour faire évoluer les structures de l’UPS»

Nous avons établi des relations fortes, au sein du site de Toulouse, avec les pôles de compétitivité, les RTRA [réseaux thématiques de recherche avancée], les collectivités locales et d’une manière générale avec le milieu socioprofessionnel. Nous sommes partie prenante dans le schéma régional de l’enseignement supérieur et de la recherche. Nous avons été proactifs et fédérateurs dans les grands chantiers qui intéressent Toulouse pour la recherche, les formations et la diffusion de la culture scientifique, notamment pour l’Oncopole [centre de lutte contre le cancer de Toulouse], Montaudran Aerospace (voir encadré et le Quai des Savoirs [ce lieu abritera en 2014 le siège de l’Université de Toulouse, un centre de culture scientifique et un café des sciences].

En interne, nous avons mené plusieurs chantiers pour faire évoluer les structures de l’UPS dans différents domaines, notamment la recherche et la formation. Nous avons créé des directions stratégiques de la recherche et des enseignements pour mieux tenir compte des composantes [laboratoires et UFR]. Le travail de ces directions a permis d’obtenir d’excellents résultats lors des évaluations de l’AERES, mais également de créer des passerelles entre les trois grands domaines de notre université, sciences, santé, technologie. Nous avons ainsi pu fusionner quatre UFR en une seule, la faculté de sciences et ingénierie [FSI], au sein de laquelle a vu le jour une école d’ingénieurs [UPSSITECH]. Cette faculté nous permettra de tisser des liens organisationnels entre notre université et les douze écoles d’ingénieurs du site pour la future UT.

Enfin, dans le domaine de la santé, nous avons réussi à regrouper les facultés de médecine, de pharmacie et d’odontologie en une fédération de santé ancrée dans une relation étroite avec le CHU.





Montaudran Aérospace : pose de la première pierre de l’espace Clément-Ader

Toulouse Montaudran Aérospace souhaite rassembler d’ici à 2020, sur un même site de 50 hectares, tous les acteurs publics et privés de la recherche et de l’innovation en matière d’aéronautique, d’aérospatial et de systèmes embarqués. La première pierre du premier bâtiment de Toulouse Montaudran Aérospace a été posée le 12 janvier 2012.

Ce bâtiment dénommé Clément-Ader, situé à quelques mètres de la mythique piste de l’Aéropostale d’où s’envolèrent Latécoère, Mermoz et Saint-Exupéry, accueillera sur 13.000 m2 notamment l’Institut Clément-Ader – qui regroupe les laboratoires de génie mécanique de différents établissements de l’université de Toulouse –, plusieurs laboratoires de R&D de l’industrie aéronautique (Airbus France, EADS IW, Hutchinson, Liebherr…), mais également le centre de calcul de Météo-France, le super calculateur du PRES et le siège du RTRA «Sciences et Technologies pour l’aéronautique et l’espace ».

Propos recueillis par Franck Dorge | Publié le