Le président de la République a donc fait part, le 14 décembre 2009, de ses "arbitrages" sur le grand emprunt. L’Etat investira 35 milliards d’euros dans l’enseignement supérieur, la formation et la recherche, l’industrie et les PME, le numérique et le développement durable.
Faire émerger une dizaine de campus d’excellence
Premier chantier de taille : l’enseignement supérieur et la formation. Et Nicolas Sarkozy de préciser : "Notre objectif est d’avoir les meilleures universités du monde (...). La France va se doter de moyens jamais mobilisés pour gagner le combat de la compétitivité (...). Nous souhaitons faire émerger une dizaine de campus d’excellence avec les moyens, la taille critique pour rivaliser avec les universités mondiales". Huit milliards seront mobilisés pour ce projet.
Un grand campus à Saclay
Sur les 11 milliards d’euros qui seront consacrés à l’enseignement supérieur et la formation, un milliard sera tout de suite investi pour créer à Saclay un gigantesque campus regroupant sur un seul site la majorité des écoles de ParisTech (aujourd’hui dispersées dans la capitale), ainsi que l’Ecole centrale de Paris, l’Ecole normale supérieure de Cachan, Supélec et l’université Paris 11.
Le chef de l’Etat a aussi déclaré que 1,3 milliards d’euros complèterait le plan campus.
L’apprentissage toujours et encore
Nicolas Sarkozy souhaite aussi développer l’apprentissage : 500 millions d’euros serviront notamment à la rénovation des centres de formation, à la création de 20.000 places supplémentaires dans les internats d’excellence...
Le président veut "muscler les pôles de compétitivité"
Sur le volet recherche (8 milliards d'euros investis), Nicolas Sarkozy a mis en avant deux priorités : une politique de valorisation visant à "amener les travaux de nos laboratoires vers les applications industrielles" ainsi que la santé et les biotechnologies. 2,5 milliards d’euros seront ainsi consacrés à la recherche sur le cancer, les maladies génétiques, Alzheimer et le sida.
Selon le président de la République, la recherche française pèche par "la dispersion des efforts et le cloisonnement trop fréquent avec le monde économique". Il veut donc "muscler les pôles de compétitivité". Un appel d’offres devrait aussi être lancé, en 2010, pour sélectionner cinq sites pour des "projets d’instituts hospitalo-universitaires", se concentrant sur un chantier scientifique "cohérent".
Premières réactions
L’enseignement supérieur est donc à l’honneur de ce grand emprunt. Le syndicat étudiant UNI s’est réjoui des annonces de Nicolas Sarkozy et souhaite désormais "que les universités se montrent à la hauteur des objectifs que le chef de l’Etat leur a fixés".
Mais toutes les universités sont-elles vraiment gagnantes ou seulement quelques établissements ultra-privilégiés ?, comme le souligne Laurent Bouvet, professeur de science politique à l’université de Nice Sophia-Antipolis et blogueur EducPros qui, dans une chronique, s’oppose vivement à la concentration de ces milliards d’euros sur une dizaine d’établissements d’enseignement supérieur...
Les autres projets financés par le grand emprunt
Trois autres axes prioritaires font partie des domaines d’affectation de ce grand emprunt : les PME, le numérique et le développement durable. Au total, l'enveloppe globale est de 35 milliards d’euros de financements publics, qui devrait générer, selon Nicolas Sarkozy, quelque 60 milliards, d’investissements publics et privés.
Soutien à l'industrie et aux PME : 6,5 milliards d'euros pour l'automobile, l'aéronautique, le ferroviaire et l'industrie navale, principaux bénéficiaires de cette enveloppe.
Développement durable : 5 milliards d'euros en plus de ce qui est déjà prévu dans le cadre du Grenelle de l'environnement.
Passage à l'économie numérique : 4,5 milliards d'euros, notamment pour la couverture du territoire en haut débit dont le plan sera présenté «dans les prochains jours », a promis le chef de l'Etat. D'autre part, 750 millions d'euros seront alloués à la numérisation du patrimoine culturel national (musées, bibliothèques…).
Les blogs débattent des milliards
Le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche doublé des arbitrages sur le grand emprunt inspirent les blogueurs EducPros.
Vous pouvez retrouver un éclairage historique de Claude Lelièvre intitulé "Un effort sans précédent pour le supérieur ?".
Laurent Bouvet, dans son billet "Les milliards du « grand emprunt » : dernière chance de l’université française?", salue l’effort du grand emprunt mais met en garde contre les erreurs passées dans l’attribution des milliards sur quelques établissements phares. Quant au chercheur Henri Audier, il décortique le budget 2010 du supérieur et de la recherche dans son billet "Budget.2010@Pécresse.com" et dénonçait en novembre "un grand emprunt servant à pallier les faiblesses du budget".