Grande Bretagne : le gouvernement incite les universités à dénoncer les étudiants musulmans « vulnérables »

De notre correspondante à Londres, Élisabeth Blanchet Publié le
Dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme, le gouvernement britannique vient de lancer une nouvelle stratégie destinée aux universités : inciter le personnel à dénoncer les étudiants musulmans esseulés et déprimés.

Lancé en 2007, le programme préventif de lutte antiterroriste, « Prevent Strategy », vient de subir un véritable lifting et cible désormais les universités. En janvier 2011, le passé estudiantin à l’University College London de  « underwear bomber » (1) est révélé. Theresa May, ministre de l'Intérieur, critique alors fermement le programme Prevent Strategy et fait entendre que le gouvernement travailliste « n'a pas voulu vraiment reconnaître ce qui pouvait se passer sur les campus ».

Mais les mesures prises en conséquence par le gouvernement choquent et suscitent des réactions d'opposition. Le NUS, syndicat national des étudiants, a averti ses membres que, sans mandat d'arrêt, ils n'avaient en aucun cas à divulguer des informations sur leurs « camarades ». Côté enseignants, « nous n'avons aucunement l'intention de fliquer nos étudiants ou de nous impliquer dans quelque activité risquant d'éroder la confiance entre les étudiants et nous », a déclaré un responsable de l'UCU, le syndicat des personnels du supérieur.

Quant à la communauté musulmane, elle estime qu'espionner des innocents constitue un affront à leurs droits humains et elle prône le dialogue. « C'est d'une politique sécuritaire intelligente dont nous avons besoin, et non pas d'une politique fondée sur des préjugés », a déclaré le porte-parole de la Federation of Student Islamic Societies.

(1) En 2009, Umar Farouk Abdulmutallab a tenté de faire exploser un avion en plein vol entre Amsterdam et Détroit. Les explosifs étaient cachés dans ses sous-vêtements.

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