Grandes écoles : insertion et salaires des jeunes diplômés dépassent les niveaux d’avant-crise

Etienne Gless Publié le
Grandes écoles : insertion et salaires des jeunes diplômés dépassent les niveaux d’avant-crise
adobe enquete cge insertion // ©  Freedomz/Adobe Stock
La 30e enquête d’insertion des diplômés de la CGE affiche des indicateurs d’employabilité qui renouent avec ceux d’avant la crise sanitaire. Une ombre au tableau : la persistance des écarts de salaire entre hommes et femmes. Et la question de la pertinence de la formation des élèves aux enjeux sociétaux et environnementaux qui se pose de plus en plus.

"Nous avons complètement gommé l’effet négatif de la crise : le taux d’emploi des jeunes diplômés des grandes écoles entrés sur le marché du travail dépasse le niveau d’avant-crise (2019). Et surtout les salaires sont revenus au niveau d’avant", constate Nicolas Glady, président de la commission Aval de la CGE (Conférence des grandes écoles), à l'occasion de la présentation de la dernière enquête d’insertion des diplômés 2021 réalisée avec l’ENSAI et rendue publique le 15 juin.

"Nos écoles offrent des diplômes qui sont de vrais outils de résilience et cela se confirme encore cette année", se réjouit de son côté Laurent Champaney, président de la CGE.

Près de neuf diplômés sur dix en emploi

En effet, selon l'enquête, le taux de jeunes diplômés en emploi est au plus haut. Ainsi, 89,6% des diplômés sont en emploi moins de six mois après l'obtention de leur diplôme. Le taux net d'emploi est en hausse de 10,7 points sur un an après une chute de 9% pour la promo précédente.

Et en moyenne, les jeunes diplômés trouvent leur emploi rapidement. Ainsi, 94,7% des diplômés 2021 sont en activité moins de quatre mois après l'obtention de leur diplôme. Parmi eux, huit diplômés sur dix ont trouvé un emploi en moins de deux mois (83,6%). Mieux : près des deux tiers des étudiants (63,6%) ont même signé leur contrat avant l'obtention de leur diplôme. Seuls 8,7% sont en fait toujours en recherche d'emploi.

94,7 % des diplômés 2021 sont en activité moins de quatre mois après l'obtention de leur diplômés.

Par ailleurs, l'enquête montre aussi que les salaires sont en hausse de +3%. Ils se situent pour cette année entre 30.000 et 38.000 euros bruts par an pour près de 70% des jeunes diplômés. Le salaire moyen d'embauche d'un diplômé de grande école en 2021 ressort à 36.551 contre 35.461 euros un an plus tôt. "On a retrouvé la croissance des salaires d'avant-crise", se félicite Nicolas Glady.

Certains jeunes diplômés ont des salaires très élevés pour un début de carrière à plus de 50.000 euros bruts par an. Cela concerne 8% des diplômés d'écoles de commerce et 2% des ingénieurs.

Une nuance cependant, cette hausse des salaires "intervient dans un contexte de relance économique très favorable à l’emploi des cadres, les jeunes diplômés en particulier et dans un contexte inflationniste", précise Nicolas Glady, président de la commission Aval à la Conférence des grandes écoles.

L’écart de rémunération femmes-hommes demeure

Ombre au tableau de l'insertion, la part des femmes en activité professionnelle (71,7% des diplômées 2021) est toujours moins élevée que celle des hommes (74,3% des diplômés). L’écart est encore plus fort dans les écoles d’ingénieurs, il est de trois points.

Ce problème ancien se retrouve également dans les salaires où les écarts de rémunération demeurent. Dans l’écrasante majorité des secteurs? les hommes sont significativement mieux payés que les femmes.

La part des femmes en activité professionnelle (71,7% des diplômées 2021) est toujours moins élevée que celle des hommes (74,3% des diplômés).

En particulier dans le monde de la banque et des assurances où les écarts sont très importants à l’avantage des hommes, avec un salaire brut annuel moyen supérieur à 47.000 euros, au détriment des femmes qui touchent en moyenne un salaire inférieur à 43.000 euros.

La formation des grandes écoles à la RSE de qualité ?

Cette année, la CGE a aussi interrogé les jeunes diplômés sur la qualité de la formation des grandes écoles aux enjeux sociétaux et environnementaux. Pour les deux tiers des répondants - sur 97.000 réponses exploitables -, la réponse est affirmative.

Concrètement, la RSE est présente dans près d’un quart des postes de occupés par les jeunes diplômés (23,4%). Et 84% de ces postes comportent un enjeu lié à l’environnement. Aussi, 63% des diplômés occupant ces postes déclarent avoir acquis durant leur formation des compétences utiles en matière sociétale et environnementales.

Dans le détail, plus des deux tiers des ingénieurs (67,7%) et 60% des managers occupant un poste comportant une ou des missions de RSE estiment avoir été préparés durant leurs études. "Au-delà des prises de paroles très médiatisées de nos diplômés pour remettre en cause leur formation, une majorité de diplômés en poste s'estiment préparés à ces enjeux", relève Denis Guibard, directeur de l’Institut Mines télécom business school.

Des formations à la RSE à enrichir

Reste que les grandes écoles sont régulièrement interpellées sur la question de la formation qu’elles dispensent en matière de responsabilité sociétale et environnementale. "Ce serait une tartufferie de ne pas faire référence aux sorties de certains de nos diplômés dans des cérémonies de diplomation comme AgroParisTech ou HEC Paris", convient Nicolas Glady...

RSE, transition écologique écologique… Toutes nos écoles ont conscience qu’il s’agit d’un enjeu majeur. (N. Glady, CGE)

Les vidéos de diplômés remettant en cause leurs formations accusées de les conduire à des métiers responsables du désastre écologique actuel ont beaucoup circulé ce printemps sur les réseaux. "RSE, transition écologique écologique…Toutes nos écoles ont conscience qu’il s’agit d’un enjeu majeur. Beaucoup mettent en place des formations de façon significative aussi vite que possible", poursuit Nicolas Glady qui cite les 82 heures de formation consacrées à la RSE dans son école (Télécom Paris).

Mais si les grandes écoles accentuent leurs efforts en matière de formation aux grands enjeux sociétaux et environnementaux, elles savent que la marche est encore haute pour satisfaire véritablement leurs étudiants.


Méthodologie de l'enquête insertion de la CGE
Les 194 grandes écoles membres ont participé à l’enquête insertion 2022 : 138 écoles d'ingénieurs, 37 écoles de management et 17 écoles d'autres spécialités.

Près de 187.000 diplômés ont été interrogés, toutes promotions confondues (2021, 2020 et 2019) et 97.171 questionnaires étaient exploitables début avril.

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