Grenoble École de Management fait le pari de la Turquie

Eva Mignot Publié le
Grenoble École de Management fait le pari de la Turquie
En 2019, GEM s'implante à Istanbul, en Turquie, pour dispenser deux diplômes de formation continue. // ©  plainpicture/robertharding/Ben Pipe
Grenoble École de Management a choisi de lancer son Executive MBA et son DBA en Turquie malgré la situation politique, économique et sociale du pays. Un choix motivé par l’envie de se développer dans les régions du Proche et Moyen-Orient.

À partir de juin et de novembre 2019, GEM (Grenoble École de Management) dispensera respectivement son Executive MBA et son DBA (Doctorate in Business Administration) à Istanbul, en Turquie. "C’était une opportunité pour nous. Le fondateur de 41 North, notre partenaire dans la région, était auparavant directeur GEM du DBA à Genève", explique Gaël Fouillard, directeur de la formation continue dans l’établissement.

C’était aussi l’occasion pour l’école grenobloise de poursuivre son développement au Proche et au Moyen-Orient. "GEM est actif depuis une vingtaine d’années dans la région. Nous avions ouvert des programmes DBA au Liban, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis", poursuit-il. Pour la business school, Istanbul semble être un hub encore plus puissant et attractif.

"Nous avons estimé que le risque était relativement mesuré"

Mais ce choix d’installation peut paraître étonnant étant donné la situation politique du pays. Alors que des centaines d’enseignants sont réprimés par le régime, contraints d’arrêter d’exercer, voire emprisonnés, l’école grenobloise a choisi d’envoyer ses professeurs dans la métropole turque pour former les managers de la région.

"Cela a été beaucoup débattu entre les membres du comité de programme de GEM, révèle Gaël Fouillard. Mais nous avons estimé que le risque était relativement mesuré. Aujourd’hui, la répression touche principalement des enseignants locaux. Par ailleurs, des écoles et des lycées français poursuivent leurs activités sans problème", poursuit-il.

Du côté des professeurs, l’école n’a pas ressenti de réticence générale. "On fait attention tout de même. Compte tenu des relations politiques entre la Turquie et les États-Unis, nous ne pouvons pas envoyer une collègue américaine enseigner à Istanbul, raconte Valérie Sabatier, directrice des programmes doctoraux à GEM. Nous respectons le choix des professeurs de partir ou non", complète-t-elle.

S'appuyer sur des partenaires internationaux

Par ailleurs, en travaillant avec un institut privé de formation continue, l’école n’a pas de liens directs avec les autorités turques d’un point de vue académique. Sans campus, il est plus facile de partir et de s’adapter à la situation du moment. "Ainsi, on peut rapatrier nos professeurs ou mettre en pause la collaboration si les conditions deviennent dangereuses", poursuit Gaël Fouillard.

Se dispenser de structure propre pour les formations continues à l’international est un choix stratégique qui s’est révélé plutôt payant. "À Londres, par exemple, nous sommes bien contents de ne pas avoir de campus en ce moment. Nous pouvons ainsi déplacer plus facilement à Berlin une partie de nos programmes que nous avions là-bas", explique Gaël Fouillard. En effet, ces formations qui accueillaient jusqu’à présent une grande partie d’étudiants internationaux voient leurs effectifs diminuer avec le Brexit et les restrictions de plus en plus fortes quant à la délivrance de visas.

Ce n’est pas la première fois que la business school grenobloise s’aventure dans des territoires considérés comme géopolitiquement risqués. Il y a une dizaine d’années, elle a choisi de lancer son Executive MBA à Tbilissi (Géorgie) dans la région du Caucase. "Dans le pays, le programme est devenu une référence. Nous avons d’ailleurs développé un Bachelor avec notre partenaire. Et les professeurs se bousculent pour y aller", raconte Gaël Fouillard. L’école espère une réussite comparable à Istanbul.

Eva Mignot | Publié le