Grève dans les universités : jusqu'où iront les enseignants-chercheurs ?

Fabienne Guimont Publié le
Grève dans les universités : jusqu'où iront les enseignants-chercheurs ?
©Eric.Le Roux/Communication/UCBL // © 
Plus de 300 représentants d’universités ont participé à l'assemblée générale organisée, le 2 février 2009, à La Sorbonne, par la coordination nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche. Selon les organisateurs, toutes les universités étaient représentées. L’appel à la grève illimitée et générale, sous le mot d’ordre « l’Université et la recherche s’arrête », a été voté en ce premier jour censé marquer le début du blocage des universités. Le succès de cette grève repose encore sur une inconnue. La Coordination nationale devra montrer sa capacité à mobiliser au-delà des cercles syndicaux et des collectifs, auprès des enseignants-chercheurs, des étudiants et même des personnels administratifs.

Semaine d’examens pour certaines universités, début théorique du deuxième semestre pour d’autres… L’entrée dans la grève des enseignants-chercheurs avec le slogan « Le 2 février, l’université s’arrête » comme l’a intitulé la coordination nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche - rejointe par les syndicats comme le Snesup et AutonomeSup - dépendra aussi du contexte local. A Paris 10 par exemple, le début de semestre commençant le 9 février, la question de débuter la grève une semaine plus tard se pose.

Rétention, motions...

Toujours est-il que depuis longtemps la communauté universitaire n’avait pas connu un tel mouvement, initié par une grève administrative (rétention de notes…) et une palanquée de motions. Selon le Snesup, 15 conseils d’administration d’universités ont voté des motions contre le décret modifié (Le Mans, Toulouse 3, Paris 3, Paris 4, Caen , Le Havre, Nantes, Angers..). Plus de 70 motions de conseils d’administration dénonceraient la réforme de la formation des enseignants. Devant cette opposition très marquée, quelle attitude adopteront les présidents d’université si la grève de leurs enseignants-chercheurs est massive ? La CPU a, elle, diffusé un nouveau texte de soutien à la réforme du décret . Mais certains présidents se montrent solidaires du mouvement.

L'AG de la coordination nationale focalise l'attention

L’assemblée générale de la coordination nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche du 2 février à midi à La Sorbonne a donné le la. Le Snesup a convoqué un bureau national le 3 février 2009 pour savoir quelle suite donner au mouvement. Elargir les mots d’ordre ? « La mobilisation est très forte dans l’enseignement supérieur et la recherche. Il y a une très vive hostilité de la communauté universitaire vis-à-vis de Sarkozy. Et une très grande unité de revendications que ce soit sur les emplois, le statut et mastérisation », indique Jean Fabbri, secrétaire général du Snesup pour qui la lettre de la ministre est une provocation. "Sur le fond, le décret reste en l'état".

Les étudiants dans la danse ?

Plusieurs inconnues devraient être levées en début de semaine et donneront les clés pour savoir si le mouvement peut se poursuivre. Les juristes, en tête de la mobilisation, de façon tout à fait exceptionnelle, sauront-ils rallier sur leurs revendications toutes les disciplines de l’université ? « Les juristes ont pris le mord aux dents mais on est attentif pour qu’ils ne négocient pas dans leur coin après leur rendez-vous avec Valérie Pécresse. Nous, on ne veut pas de modulation de services comme eux », s’inquiète Michèle Cohen-Halimi, enseignante-chercheuse à Paris 10 et élue du Snesup au CA.

Autre interrogation récurrente dans les assemblées générales : les étudiants vont-ils être solidaires du mouvement des enseignants-chercheurs ? Malgré la rétention des notes pratiquée à grande échelle et alors que les enseignants-chercheurs n’avaient pas massivement soutenus leur mouvement contre le CPE ? « Nous allons proposer aux enseignants-chercheurs une date d’action générale, dans les semaines qui viennent », annonce Jean-Baptiste Prevost, président de l’Unef, qui souhaite amplifier la mobilisation.

Des revendications plus larges pourraient donner des arguments supplémentaires aux organisations pour convaincre les étudiants de rentrer dans le mouvement. « Les étudiants ont largement de quoi se mobiliser sur la mastérisation, l’allocation des moyens , la professionnalisation… Il ne faut pas se priver de leur soutien», estimait une militante du syndicat lors de l’AG de l’UFR LLphi à Nanterre le 30 janvier 2009. Le Snesup déclare ne pas appeler explicitement les étudiants à soutenir le mouvement. A suivre.

Fabienne Guimont | Publié le