Au Groupe EDH, une page se tourne

Sophie Blitman Publié le
Notre cartographie de l'enseignement supérieur privé s'arrête aujourd'hui sur EDH. Fondé par Denis Huisman il y a plus de 50 ans, ce groupe a été racheté en juillet 2014 par l'homme d'affaires Amin Khiari, épaulé par le fonds d'investissement Platina. Un changement de propriétaire qui est aussi un changement de cap, désormais orienté vers le digital et l'international.

"Le groupe est de retour, qu'on se le dise !" C'est par cette formule volontariste qu'Amin Khiari, nouveau propriétaire d'EDH, a ouvert la conférence de presse organisée fin janvier 2015, quelques mois après avoir bouclé le rachat de la société fondée par Denis Huisman en 1961, qui compte aujourd'hui 2.300 étudiants. Une opération menée avec le soutien du fonds d'investissement franco-britannique Platina Equity Solutions. "Les candidats au rachat étaient nombreux", assure l'entrepreneur trentenaire, qui a passé de longs mois à courtiser Denis Huisman, 85 ans, désormais président du conseil de surveillance.

Amin Khiari n'est pas un jeune premier dans le paysage universitaire. Il a dirigé le pôle universitaire Léonard-de-Vinci de 2008 à 2010 et a fait jouer son réseau pour constituer "une équipe de choc renouvelée". Celle-ci compte notamment deux anciens de l'ESCE, école du groupe Laureate : Farid El Alaoui, directeur des écoles, et Emmanuelle Baruch, directrice du développement et de la communication. Par ailleurs, Vincent Montet, passé comme Amin Khiari par le pôle Léonard-de-Vinci, a été nommé directeur de la stratégie digitale.

Objectif : digitaliser et internationaliser les écoles

La "transformation digitale des écoles" fait partie des objectifs affichés par le président du groupe. En particulier, dans le cadre de la "révolution" que doit connaître l'EFJ (École française de journalisme), la technologie sera "boostée" et le code enseigné à tous les élèves. Plusieurs millions d'euros doivent par ailleurs être investis pour construire une newsroom.

En outre, le groupe lance des MBA spécialisés en digital en partenariat avec le think tank Hub Institute, signe aussi de la volonté de développer la formation continue. Pour accompagner ce développement, dès la rentrée 2015, les études en cinq ans deviennent la norme, ce qui permettra au groupe d'augmenter ses recettes sans toucher aux frais de scolarité.

L'internationalisation des écoles constitue, par ailleurs, un autre axe de la nouvelle stratégie. Celle-ci prévoit l'instauration systématique de parcours en anglais et de séjours d'au moins six mois à l'étranger, la multiplication des accords de doubles diplômes et surtout l'implantation de nombreux campus à l'étranger (avec une installation cet automne 2015 au Moyen-Orient ou en Asie), sur le modèle de celui ouvert en 2000 à New York en partenariat avec le NYIT (New York Institute of Technology).

Il faut choisir ses combats.
(A. Khiari)

fermeture d'écoles

En France, il s'agit de continuer à animer les campus de Paris, Lille, Bordeaux et Lyon où sont présentes l'Efap – marque phare du groupe – , l'EFJ et Icart, les trois écoles qui constituent désormais le groupe EDH. En effet, le rachat a abouti à la fermeture de l'école de management EMP et d'Icart photo. Amin Khiari l'explique : "Le management a été réintégré dans la formation de l'Efap. Quant à la photo, c'est un métier à part entière et il faut choisir ses combats."

L'heure est donc au recentrage, avec l'idée de "développer Icart et peut-être [d']augmenter les effectifs de l'Efap en province mais sans rechercher la croissance à tout prix", insiste Amin Khiari. Et de souligner que "Platina est un fonds généraliste qui ne poursuit pas une logique de rachat d'autres écoles. Ce qui n'empêche pas, concède-t-il, d'avoir une approche opportuniste du marché".

Sophie Blitman | Publié le