Haïti : la reconstruction du système éducatif ne fait que débuter

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Un an après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti, le système éducatif, et notamment le réseau de l’enseignement supérieur, est toujours en ruine. Et outre les victimes et les bâtiments détruits ou gravement endommagés, ce séisme a révélé les carences d’un système universitaire qui ne compte que 50 000 étudiants pour un pays de 8 millions d’habitants, soit 1 % des Haïtiens de 18 à 24 ans.

« Avant le séisme, l’enseignement supérieur en Haïti souffrait d’un grave déficit de régulation et d’offres publics », souligne ainsi Nesmy Manigat, directeur Amérique Latine Caraïbes de l’ONG Aide et Action , décrivant un réseau hétérogène d’établissements privés, autoproclamées « universités », et de quelques établissements publics très fragiles faute de financements.

Un plan d'action qui démarre tout juste

Prenant la mesure de cette situation,  les Assises internationales pour la reconstruction du système universitaire haïtien organisé par l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) ont adopté en mai 2010 un plan d’action qui vient tout juste de démarrer. Il prévoit rien de moins que refondre et harmoniser les cursus existants.

« Il y a urgence à mettre sur pied des formations supérieures en cohérence avec les besoins du pays sous la direction d’un ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche qui serait détaché de l’Education nationale », souligne Nesmy Manigat. Ce plan d’action prévoit par ailleurs de développer la formation à distance (voir encadré), de mettre l’accent sur la formation des enseignants en primaire et secondaire et aussi de multiplier les bourses de mobilité pour les étudiants en maîtrise et en doctorat, contre un engagement au retour au pays. « Car la fuite des élites est un problème majeur en Haïti, note Nesmy Manigat, notamment pour les professions d’ingénieurs, d’enseignants et de médecins ».

Des initiatives pour la formation professionnelle

Ces Assises ont par ailleurs fait de la formation professionnelle une priorité. Plusieurs initiatives ont déjà été lancées dans ce domaine qui est un enjeu majeur pour la reconstruction du pays. Pour exemple, en partenariat avec les ministères français et haïtiens de l’Education nationale, l’université Quisqueya et le groupe Schneider Electric, un programme a été lancé pour former en deux ans quelque 2000 jeunes Haïtiens aux métiers du bâtiment et des travaux publics : électriciens, maçons, charpentiers, plombiers…

Ou encore, toujours en lien avec l'Université Quisqueya, un master de journalisme a été mis sur pied avec le Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes (CFPJ) et le soutien de l'UNESCO, de l'ambassade de France et de l'Union Européenne pour former une centaine de jeunes journalistes. « Ces formations doivent s’accompagner d’une incitation à rester au pays quand on sait que 80 % des ressources humaines qualifiées vivent en dehors d'HaÏti, estime Nesmy Manigat. Plus que jamais le pays ne pourra s'en sortir sans ce capital humain expatrié. »

Un campus numérique pour pallier les universités détruites

L’AUF (Agence universitaire de la francophonie) a inauguré fin septembre 2010 le premier campus numérique francophone en Haïti. Ses 45 campus numériques à travers le monde (accès internet, ressources documentaires, accès à des formations à distance…) sont gérés par du personnel de l’AUF et sont établis dans les universités membres. L’AUF doit aussi accompagner une douzaine d’espaces numériques au sein des universités haïtiennes sinistrées. Pour la formation des enseignants, l’Agence a par ailleurs ouvert à la rentrée 2010 un espace numérique IFADEM (Initiative pour la formation à distance des maîtres) lancé avec l’OIF (Organisation internationale pour la francophonie).
Soixante-quatre étudiants haïtiens ont reçu une bourse pour suivre des licences et masters à distance dans les domaines du droit, de l’économie, de la santé publique et de la formation de formateurs cette année.
FG

Enseignement supérieur haïtien : 8 millions d'euros consacrés par la France

Depuis un an, le ministère français de l'enseignement supérieur et de la recherche a consacré 8 millions d'euros dans des actions d'aide à la reconstruction du système universitaire haïtien. Ces projets ont concerné l'accueil de 450 étudiants haïtien en master et doctorats dans 42 universités françaises (dont 250 à l’université des Antilles et de la Guyane), un programme d'équipement et d'ingéniérie pour l'enseignement à distance et une participation au financement de huit projets de recherche dans les domaine de la santé, de l'économie, de l'agronomie... EV

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