HEC : 100 millions d’euros de fonds à lever d'ici 2013

Sarah Piovezan Publié le
HEC : 100 millions d’euros de fonds à lever d'ici 2013
La fondation HEC lors du lancement de la campagne de levée de fonds en 2008 © HEC // © 
HEC sort l'artillerie lourde pour lancer sa campagne de levée de fonds. La grande école a choisi le siège de la CCIP, le 17 octobre 2008, pour attirer les regards de ses futurs généreux donateurs sur sa fondation. Celle-ci s’est fixé une collecte de 100 millions d'euros sur une période de cinq ans.

Le faste avec lequel HEC a lancé, vendredi 17 octobre 2008, sa première vraie campagne de levée de fonds a de quoi laisser pantois. Sous les dorures du siège de la CCIP, près des Champs-Elysées, l'école de Jouy-en-Josas avait en effet réuni entre 400 et 500 personnes, en majorité des anciens, dont une belle brochette de grands patrons français. Ecran géant, lustres majestueux, grande musique...

Il n'en fallait pas moins pour accueillir près de deux heures de discours à la gloire de la grande école, et en appeler à la générosité des alumni - comme on appelle les anciens dans les universités anglo-saxonnes - ainsi que des entreprises.  

Bourses, profs, immobilier  

L'objectif de la fondation est en effet ambitieux : 100 millions d'euros à récolter d'ici 2013. Jusqu'à présent, HEC a réussi à lever au maximum 6,1 millions d'euros par an (en 2007), soit tout de même cinq fois plus qu'il y a cinq ans. « Le chiffre de 100 millions d’euros a été pris comme objectif après avoir mené une réflexion sur les besoins à cinq ans du groupe HEC », explique Bertrand Léonard, président du comité de campagne.

« Financer des bourses pour les étudiants, passer de 95 à 140 professeurs permanents, investir dans l'immobilier, tout cela a été chiffré à 50 millions d’euros, poursuit-il. Ensuite, il faut assurer la pérennité des fonds. Nous voudrions que notre capital atteigne 50 millions d’euros, que nous allons placer à la manière des « endowments » dans les universités américaines. Enfin, nous avons aussi fait une estimation du potentiel de levée de fonds. Nous avons déjà 40 millions d’euros de promesses de dons. »  

Un donateur à cinq millions d’euros  

Au rang des grands donateurs (plus de 150 000 euros) figurent notamment Baudouin Prot (BNP Paribas), Henri Proglio (Veolia) ou Pierre Kosciusko-Morizet (PriceMinister). Quatre hommes d'affaires sortis d'HEC ont donné un million d'euros : Didier Pineau-Valenciennes, Henri de Castries, Daniel Bernard - présient de la fondation HEC - et Pierre Bellon. Un seul (pour le moment) porte le titre de « Grand HEC », le fondateur d'Adecco Philippe Foriel-Destezet, qui a fait un chèque de 5 millions d’euros.  

Leurs motivations ? « Rendre ce que l'école nous a donné », répondent en choeur messieurs Prot et Foriel-Destezet. Mais ensuite, chacun a ses marottes : pour François-Henri Pinault, « permettre à l'école de former davantage d'étudiants étrangers, car les entreprises ont besoin de profils internationaux » ; « faire en sorte que les plus défavorisés puissent accéder à HEC », pour le fondateur de Sodexho Pierre Bellon, qui voudrait aussi qu'HEC « forme davantage d'entrepreneurs que de financiers ! ».

Professeur à Princeton et francophile, Ezra Suleiman est venu expliquer les ressors intimes du don : « Les anciens ne contribuent pas seulement à cause des avantages fiscaux. Il y a une fierté à être associé à l'excellence. Et puis, nous sommes tous des enfants de notre école. C'est notre devoir d'assurer la même chose aux générations suivantes. Nous avons récolté, il est temps de semer. »  

Les généreuses promotions  

Un sentiment d'appartenance que HEC cultive dès la sortie de l'école, puisque des « class gifts » (dons collectifs de promotion) sont aussi organisés chaque année. La promotion la plus récente, sortie cette année, a même enregistré un taux de participation record : 75% des diplômés ont donné, récoltant au total 200 000 euros. Impossible d'ailleurs d'échapper à la machine HEC, qui traque ses anciens jusqu'en Angleterre et en Amérique, où des comités internationaux de campagne ont été créés. Il faut dire que là-bas, la culture du fundraising est ancienne et permet de relativiser quelque peu les objectifs de l'école française : en mai 2008, l'université d'Oxford a ainsi lancé sa propre campagne de levée de fonds, dont le but est de recueillir... 1,25 milliard de livres-sterling, soit plus d'un milliard et demi d'euros !   

Sarah Piovezan | Publié le