Idex 2 : à Lyon, une université intégrée à marche forcée

De notre correspondante à Lyon, Muriel Florin Publié le
Idex 2 : à Lyon, une université intégrée à marche forcée
Les membres de l'Université de Lyon, parmi lesquels Lyon 3, doivent rendre leur dossier de candidature Idex le 29 novembre 2016. // ©  Laurent Cerino/REA
Candidate à l'Idex, l'Université de Lyon s’engage désormais sur la voie d'une université intégrée. Les établissements membres de la Comue doivent approuver ce processus avant fin 2016. Mais ce choix suscite encore beaucoup d’interrogations, portant notamment sur le futur modèle de gouvernance.

Ils sont "d'accord et pleinement engagés dans la création d'une université intégrée, rassemblant les quatre universités, les écoles et les organismes de recherche, faisant du site de Lyon-Saint-Étienne un grand pôle de stature internationale." Les douze membres de l'Université de Lyon, ainsi que l'Inserm, se sont officiellement engagés sur la voie de l'intégration, dans un communiqué commun signé le 30 septembre 2016.

Le 29 novembre, l'Université de Lyon devra déposer sa candidature auprès du jury Idex. En jeu, l'obtention du label, déjà espéré en 2012. "Courant novembre et décembre, les établissements seront saisis pour apporter leur soutien à cette candidature", indique Khaled Bouabdallah, le président de la Comue. L'oral de sélection est programmé pour février 2017, pour une labellisation dans la foulée.

Vers un "établissement unique" ?

Présélectionnée en juin 2016 pour continuer la course à l'Idex, l'UdL doit désormais choisir les modalités de gouvernance. Pourtant, que ce soit la présidence de Lyon 1, de Lyon 2 ou les représentants de la Région et de la Métropole, tous jugent prématurées les questions portant sur les statuts juridiques, la maîtrise du budget, le recrutement des personnels ou encore la maîtrise de l'offre de formation.

"Le projet donne les grandes lignes de la restructuration. Ensuite, nous avons deux ans pour discuter avec les partenaires", assure Frédéric Fleury, président de l'université Lyon 1, qui espère aussi " un accompagnement juridique." "Nous avons besoin de ce temps pour co-construire", estime quant à lui Yannick Neuder, vice-président enseignement supérieur et recherche à la Région.

Françoise Moulin-Civil, rectrice de l'académie de Lyon, se montre plus précise, concédant que "cet établissement unique – dont la forme reste à déterminer – signifie un budget unique." "Certains devront abandonner leur personnalité juridique, ajoute-t-elle, tout en insistant sur le maintien d'une marge de manœuvre. Pour le recrutement des enseignants, on peut imaginer que ces composantes – on peut les appeler pôles, ou bien écoles — fassent les propositions. Nous pouvons aussi trouver des modalités collégiales de gouvernance."

un consensus difficile à trouver

À l'heure actuelle, le dossier de candidature ne circule pas, y compris au sein des présidences, officiellement pour se protéger des concurrents. D'autres jugent ce flou "stratégique", afin d'emporter l'adhésion des établissements, en évitant d'évoquer les points sensibles : mise en commun des ressources, signature des publications, recrutement, etc.

Car les tensions sont encore palpables. Le 6 septembre, lors d'une réunion publique consacrée au projet, les présidences de Lyon 2 et Lyon 3 avaient exprimé des doutes et proposé un modèle alternatif à l'université intégrée. En visite à Lyon le 29 septembre, Najat Vallaud-Belkacem avait tenu à rappeler que "pour pouvoir être retenue, la candidature a besoin de montrer une gouvernance allant vers l'intégration, aussi bien entre les différentes universités qu'entre les universités et les grandes écoles." Le lendemain, tous les membres de la Comue signaient leur communiqué commun.

Pour pouvoir être retenue, la candidature a besoin de montrer une gouvernance qui va vers l'intégration.
(N. Vallaud-Belkacem) 

Malgré tout, des dissonances demeurent. À Lyon 2, le conseil d'administration n'est pas tout entier acquis à la cause. Le 11 octobre 2016, lors d'une assemblée générale des personnels, la présidente, Nathalie Dompnier, a voulu rassurer sa communauté : "Il y a aujourd'hui accord sur des principes [...]. Mais les établissements peuvent émettre des points de vigilance."

À Lyon 3, la faculté de droit – 10.000 étudiants sur les 28.000 de l'établissement – joue sa propre partition. "Fin juin, la fusion n'était pas à l'ordre du jour. Alors, j'attends qu'on m'explique ce revirement", s'agace le doyen Franck Marmoz, qui ne voit pas " les avantages d'être fondu dans une université globalisée."

Les syndicats quant à eux, ne veulent pas être menés à la baguette. À Lyon 3, pour l'intersyndicale CFDT, CGT, FSU et UNSA, les personnels sont placés devant une seule option : "entériner le fait accompli." "On nous demande de signer un chèque en blanc", résume un représentant CGT de Lyon 1.

Objectif 2020

Pour le président de la Comue, Khaled Bouabdallah, le dossier est tout de même "suffisamment solide pour convaincre le jury." En juin 2016, ce dernier écrivait qu'il attendait pour février 2017 "une "définition claire de l'université cible, en ce qui concerne la prise de décision et la responsabilité " et " une feuille de route détaillée en matière de gouvernance avec des actions et des jalons précis pour respecter la date de 2020." Année de fondation de la nouvelle université intégrée.

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