IHEDREA veut former "les futurs dirigeants du monde agricole et des filières alimentaires”

Oriane Raffin Publié le
IHEDREA veut former "les futurs dirigeants du monde agricole et des filières alimentaires”
Christian Ouillet dirige l'IHEDREA, école d'agro-management, créée il y a 70 ans. // ©  IHEDREA
La seule école d’agro-management en Europe accueille plus de 250 étudiants chaque année sur ses deux campus, à Paris et à Rennes. Christian Ouillet, lui-même ancien de l’IHEDREA (Institut des hautes études de droit rural et d'économie agricole), dirige l’Institut depuis quatre ans. Il fait le point sur le positionnement de son établissement et les enjeux à venir.

La seule école d’agro-management d’Europe. L’IHEDREA (Institut des hautes études de droit rural et d'économie agricole) qui fête ses 70 ans, se positionne comme un établissement atypique dans le secteur de l'enseignement supérieur. "L’école a été créée en 1950 par un avocat en droit rural qui a associé l’économie au juridique. C’était précurseur et cela l’est toujours, alors que beaucoup de formations demeurent cloisonnées", estime ainsi Christian Ouillet, directeur de l’établissement depuis quatre ans. Il fait le point sur cette école, à l’occasion du salon de l’Agriculture.

Une école orientée vers le monde professionnel

"L’objectif c’est de former les futurs dirigeants du monde agricole et des filières agro-industrielles. Depuis l'origine, nous sommes très orientés vers le monde professionnel avec essentiellement des intervenants professionnels et beaucoup de pratique et d'expériences en entreprise et/ou organisation", précise le directeur.

Les domaines d’expertise sur la bio-économie de l’école sont larges : filières agricoles et agro-industrielles (industrie alimentaire et distribution, valorisation des agro-ressources...) dans les domaines de la gestion, du droit, du marketing, de l'aménagement du territoire, de l'expertise foncière, etc.

L’IHEDREA propose six formations bac+4 et +5 reconnues par l’Etat. "Nous avons un double diplôme parcours d’excellence qui permet l’obtention d’un BBA et du titre de l’IHEDREA (RNCP niveau 6)", indique le directeur.

L’école dispense aussi quatre diplômes de niveau bac+5, dont un grade master universitaire expertise foncière, en partenariat avec l’université d’Amiens, un mastère professionnel affaires internationales agricoles et agroalimentaires et un Master of science management des entreprises et entrepreneuriat, filières agricoles et agroalimentaires, en partenariat avec l’ISC Paris.

Faire face à une "vraie révolution de l’agriculture"

L’école doit aussi répondre aux enjeux climatiques et techniques. "Nous sommes face à une vraie révolution de l’agriculture, estime ainsi Christian Ouillet. Aujourd’hui, par exemple, vous pouvez utiliser moins de produits pour la protection des plantes grâce au ciblage à la micro-parcelle. Et différentes sortes d’agricultures se développent : la permaculture, l'agro-foresterie, l'agriculture urbaine... elles demandent une gestion et une organisation très différentes."

Le secteur est par ailleurs en pleine mutation. "Le plus important aujourd’hui dans une entreprise agricole, ce n’est plus la technique, mais la dimension entrepreneuriale. Il faut apporter de l’innovation et changer, être un entrepreneur", souligne le directeur.

Attirer des jeunes en dehors du monde rural

L’école espère aussi pouvoir intéresser des jeunes qui ne sont pas issus du monde agricole. Aujourd’hui, 60% des étudiants recrutés sont issus du monde rural. Mais la part des jeunes qui viennent de zone urbaine progresse (40%).

Pour les attirer, l’école mise sur des enseignements et des formats pédagogiques nouveaux. "Mais nous nous sommes rendu compte que les étudiants de zone urbaine ne connaissaient pas forcément toutes les réalités du monde rural. Nous avons donc enrichi notre formation avec des cours d’agronomie, de transformation des produits, etc. pour qu’ils aient une bonne maîtrise du sujet", indique le directeur.

L’école a aussi lancé, cette année, des stages agri-solidaires pour répondre à la quête de sens de la génération Z. "Nos étudiants vont avoir la possibilité de passer, en binômes, 15 jours à un mois dans une entreprise agricole en difficulté. Notre forte implication dans le monde agricole doit nous engager à agir. Chaque jour, un agriculteur se donne la mort, cela ne peut plus continuer ainsi. Nous espérons apporter l’expertise de nos jeunes, un coup de pouce mais aussi une bouffée d’oxygène." Un vaste programme…

Oriane Raffin | Publié le