Ingénieurs : pas de pénurie à l'horizon

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Pénurie d’ingénieurs, guerre des talents, concurrence acharnée. Ces derniers mois, les discours alarmistes sur les difficultés à embaucher des ingénieurs n’ont cessé de fleurir, un grand nombre d’écoles s’interrogeant même sur l’opportunité d’augmenter la taille de leurs promotions. À travers deux études, l’APEC (Agence pour l’emploi des cadres) (1) et le CNISF (Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France) (2) viennent calmer les esprits.
Les deux structures arrivent à la même conclusion. Si des tensions existent sur le marché de l’emploi des ingénieurs, on ne peut pas parler de pénurie généralisée.

Des tensions circonscrites à l'informatique et au BTP

L’enquête du CNISF illustre cette ambivalence. La moitié des ingénieurs sondés pensent qu’il est déjà difficile de recruter et que les jeunes sont attirés par d’autres métiers, tandis que l’autre moitié ne note pas de difficultés particulières. Deux secteurs concentrent les tensions : l’informatique et le BTP. Des difficultés de recrutement qui sont liées à des situations plus conjoncturelles que structurelles. Dans l’informatique, par exemple, l’effondrement de la bulle Internet dans les années 2000 a conduit à une baisse des étudiants formés dans cette filière. La situation profite ainsi aux jeunes diplômés. 72 % d’entre eux ont décroché leur premier emploi en moins de deux mois, contre 68 % l’année précédente. La durée moyenne de recherche s’établit désormais à 2,4 mois, selon le CNISF. Elle était de 5,4 mois il y a à peine cinq ans.

Un marché de recrutement hexagonal

En revanche, cette conjoncture favorable rend les ingénieurs casaniers. L’APEC le constate : le marché de l’emploi des ingénieurs n’est pas mondialisé. Le caractère plus international des formations n’influe pas sur leur mobilité. Une fois diplômés, ils disposent de suffisamment d’offres sur le territoire pour ne pas chercher un emploi hors de nos frontières. La mondialisation du marché de l’emploi devrait toutefois s’accélérer dans les années à venir. Une mondialisation dont la France pourrait profiter. La désaffection pour le métier d’ingénieur y est moins forte qu’en Allemagne ou aux États-Unis.


(1) « Ingénieurs : pas de pénurie généralisée. Comparaisons France, Allemagne, États-Unis », APEC, juin 2008.
(2) « Les ingénieurs dans la société et leur rémunération », 19e enquête socio-économique du CNISF, juin 2008.

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