À l'UTBM, l'Open Lab fait passer l'innovation de l'idée à l'objet

Camille Pons Publié le
À l'UTBM, l'Open Lab fait passer l'innovation de l'idée à l'objet
L'OpenLab de l'UTBM est progressivement déployé depuis février 2018. // ©  Marc Barral Baron / UTBM
Espaces d'idéation et de coworking, fablab, living lab…Ce seront, d'ici à fin 2019, quelques-unes des fonctions de l'Open Lab imaginé par l’université de technologie de Belfort-Montbéliard. Un espace d’un nouveau genre, réunissant tous les outils pour innover, de la conception aux tests des produits.

Une canne de marche connectée pour les enfants qui ne veulent pas suivre leurs parents en randonnée, équipée d'un jeu vidéo en lien avec la balade et proposant des défis, comme celui photographier des hérissons ? "C'est typiquement ce que l'on peut faire ici…" pointe Olivier Lamotte, chef de projet innovation à l'UTBM (université de technologie Belfort-Montbéliard), en désignant une petite canne équipée d'une caméra.

Ce prototype a été fabriqué par des étudiants de l'UTBM. C'est la partie fablab d'un projet plus ample et quasi-inédit sous cette formule au sein d'un établissement d'enseignement supérieur français : un Open Lab ayant vocation à organiser la rencontre entre 2.900 étudiants, des chercheurs, des entreprises, des collectivités, des associations ou encore des particuliers autour du développement de projets, de leur conception aux phases finales de tests.

Déployé progressivement depuis février 2018, outre ce Fablab dédié au maquettage rapide et à la modélisation, cet espace doit réunir un espace d'idéation, équipé d'une table tactile interactive censé favoriser la germination d’idées, un espace de coworking, un living lab, afin de tester les prototypes, et des espaces privatifs pour des travaux sur des courtes durées.

Cultiver l’interdisciplinarité des étudiants ingénieurs

Objectif principal de cet Open Lab ? Répondre à une évolution du métier d'ingénieur. "On leur a longtemps demandé d'être des optimisateurs. Aujourd'hui, ils doivent davantage être dans une posture d'innovation et donc capables de travailler avec des ingénieurs issus d’autres spécialités", rappelle le directeur de l'UTBM, Ghislain Montavon. D’où, une fois encore, l’intérêt d’insister ici sur le travail en équipes pluridisciplinaires.

On a longtemps demandé aux ingénieurs d'être des optimisateurs. Aujourd'hui, ils doivent davantage être dans une posture d'innovation.
(G. Montavon)

L'Open Lab s'inscrit d'ailleurs dans la lignée du défi Innovation Crunch Time, dont la 2e édition est programmée du 22 au 25 mai 2018. Pendant quatre jours, les 1.600 élèves du cycle ingénieurs, tous niveaux confondus, planchent sur des projets proposés par des entreprises.

Une idée née d’une démarche participative

Pour les professionnels, l’Open Lab constitue une opportunité de réfléchir, prototyper ou modéliser très rapidement et d’intégrer les retours au fur et à mesure, grâce aux tests. Un moyen de réduire les durées de développement, et donc les coûts.

Cet Open Lab a été imaginé dans le cadre d'une démarche participative. En 2017, l'ensemble de la communauté universitaire, étudiants compris, avait été convié à un forum pour échanger sur des idées de projets, autour d'une cinquantaine de thèmes, soumises ensuite au vote. Ce nouveau lieu figurait parmi les projets prioritaires, identifiés par les 300 participants.

Matériel 3D et pièces de Lego

A minima, l'Open Lab devrait occuper entre 1.500 à 1.700 m2. Le montant de l'investissement total nécessaire à sa mise en place a été évalué à 1,5 million d'euros sur trois ans, dont 1 million pour les travaux d'aménagement.

Pour l’instant, aux 500.000 euros fléchés sur fonds propres en 2018 vont s'ajouter, 250.000 euros du Grand Belfort et 100.000 euros de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Le nouvel espace est d’ores et déjà équipé de matériel 3D (imprimantes, outils de découpe, d'usinage numérique...), un scanner 3D, des cartes électroniques pour l'Internet des objets (GPS, giroscopes, wifi, bluetooth...), 40.000 pièces de Lego mises à disposition ou récemment acquises par l’UTBM pour réaliser des maquettages très rapidement.

Selon les calculs de l’établissement, 1.5 million d’euros supplémentaires assureraient la pérennité et le développement de l’Open Lab grâce, notamment, à l’embauche des Fabmanagers.

Un Fablab mobile dans les cartons

Un premier soutien à l'ingénierie de développement de projet obtenu dans le cadre d’un appel à projets Tiga (Territoires d'innovation de grande ambition) – auquel a candidaté l'UTBM aux côtés, entre autres, de l'université de Franche-Comté, des collectivités locales et des industriels – offre également la perspective d'exploiter deux plateaux supplémentaires de 4.000 m2 chacun.

Enfin, un autre projet d'extension de l’Open Lab lieu est à l'étude, en partenariat notamment avec la Communauté du savoir, un réseau visant à renforcer les collaborations franco-suisses dans l'Arc jurassien et rassemble une dizaine de tiers-lieux dédiés à l'innovation : celui d'un Fablab mobile pour diffuser la culture scientifique dans les lieux plus enclavés.


L’organisation de l’UTBM repensée pour plus de transversalité

Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une réorganisation plus vaste : laboratoires et départements de formation, gérés jusque-là par des directions séparées, sont désormais réunis au sein de pôles thématiques fonctionnant comme les collèges d'une université intégrée. Encore une fois, "il ne s'agit pas d'abandonner des activités et des spécialités mais d'encourager davantage la transversalité et la collaboration et de s'éloigner de l'hyperspécialisation", déclare Ghislain Montavon.
Le tout dans une démarche qui se veut participative. Au forum organisé en 2017, s'ajoutent des assemblées générales régulières. Neuf groupes, composés de représentants de l’ensemble des services, travaillent sur la restructuration. Ces derniers ont bénéficié de formations à la conduite du changement. La réorganisation sera suivie de retours d'expériences, le premier bilan étant attendu en juillet.

Camille Pons | Publié le