Innovation en région : la place des universités en débat au colloque de la CPU

De notre envoyée spéciale, Fabienne Guimont Publié le

La France ne fait pas partie des leaders européens de l’innovation. Elle est un peu au-dessus de la moyenne de l’Union européenne, derrière notamment la Suède, la Finlande, l’Allemagne, le Danemark ou l’Angleterre. Jean-Marie Castelain, responsable du suivi de l’agenda de Lisbonne pour la France à la Commission européenne, a dressé ce panorama lors du colloque de la Conférence des présidents d’université (CPU), qui s'est tenu du 25 au 27 mars 2009 à Brest, avant que celui-ci ne soit sérieusement perturbé par des étudiants.

Les pôles de compétitivité font cavaliers seuls

« En France, les pôles de compétitivité sont gérés par le seul ministère de l’économie et il n’y a pas de commission interministérielle sur l’innovation. De plus, le retour de création de connaissances vers la formation n’est pas pensée », a déploré ce responsable également impliqué dans la mise en place de l’IET (Institut européen de d’innovation et de technologie).

Pour lui et à la lumière des expériences observées dans les pays les plus en pointe dans l’innovation, l’une des clés réside dans l’accroissement des investissements privés pour la France. En revanche, il a mis en garde contre plusieurs écueils. « Les universités ne doivent pas être des lieux d’externalisation de la recherche des entreprises. Les enseignants-chercheurs ne doivent pas devenir en premier lieu des entrepreneurs. Les universités ne doivent pas être des centres de formation professionnelle. »

Des fonds communautaires sous-employés

Depuis 2005, le soutien à l’innovation, comme facteur essentiel de la compétitivité des régions, fait partie de la stratégie de Lisbonne, misant sur l’économie de la connaissance. Les universités y ont toute leur place, encore faut-il pour elles s’inscrire dans une stratégie régionale d’innovation exigée par la Commission européenne pour distribuer la plupart de ses crédits.

Patrice Baillieux, en charge de la politique régionale à la Commission européenne est venu rappeler aux présidents d’université qu’il y avait « une sous-utilisation préoccupante des programmes [de financement] sur la compétitivité. Le préfet de région pilote directement ces fonds. Ceux capables de faire des propositions correctes par rapport à l’innovation ont des chances d’obtenir des crédits communautaires ».

Un exemple : la région Bretagne n’avait programmé en mars 2009 que 2 % des crédits de la Commission alloués pour la période 2007-2013. « Dans une période de crise où on veut faire une relance économique avec des crédits publics, ces fonds sont à mobiliser », a enjoint le responsable européen.

Les universités peu présentes dans la stratégie régionale d'innovation

Pourquoi les universités ne sont-elles pas plus motrices dans la demande de ces lignes budgétaires ? « Il est difficile de mettre les universités au centre de la gouvernance des pôles de compétitivité. On n’est pas associé à la vision stratégique du développement. Des universitaires interviennent à titre individuel pour défendre leur discipline, mais il n’y a pas de volonté des collectivités », a reproché Richard Messina, président de l’université d’Evry, dont l’établissement est impliqué dans cinq pôles de compétitivité. D’autres en revanche ont fait peser davantage la responsabilité sur les universités elles-mêmes, peu volontaristes dans la définition de la stratégie économique régionale.

« Il nous manque au niveau régional, une instance stratégique », avance Jean-Pierre Gesson, président de l’université de Poitiers. Un vœu que l’université d’Angers est sur le point d’exaucer en réunissant les maires d’agglomération et les présidents d’université pour discuter de l’enseignement supérieur.

Les PRES, porte d'entrée de l'innovation ?

Dans ses conclusions, la CPU s’est voulue, elle, volontariste en revendiquant que l’université soit un acteur de l’innovation, au sein des PRES et que l’effort de financement public soit « significatif et continu ». Lionel Collet, son président a défendu aussi la nécessité de développer dans tous les pôles de compétitivité des actions consacrées à la formation et à la formation pour la recherche.  

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