Insertion en licence : l’efficacité de la professionnalisation en question

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Le document «L’insertion des diplômés de licence : du parcours d’études au premier emploi» , qui vient d'être rendu public, établit une comparaison entre l’insertion des diplômés de licence générale et ceux de licence professionnelle. Cette étude de Philippe Lemistre, du CERTOP (Centre régional associé au Céreq de Toulouse) est basée sur les chiffres de l’enquête 2007 du Céreq auprès de la génération 2004. Résultat : les différences d'insertion entre licences professionnelles et licences générales ne sont pas si prégnantes.

De l'importance du parcours d'études

Ainsi, et selon l’auteur, "le parcours d’études joue un rôle primordial sur les salaires, la durée d’accès à l’emploi, et la qualification." Ainsi le fait de détenir un DUT ou d’un BTS procure un net avantage. Les domaines et spécialités de formation influent fortement sur les salaires et l’accès à la qualification. Les diplômés issus de filières scientifiques, par exemple, ont la probabilité la plus forte d’obtenir un emploi qualifié. En revanche, « histoire – géographie », « psychologie et sciences cognitives » sont les filières générales aux plus bas salaires et à la plus faible probabilité d’accès à la qualification (-10 % dans les deux registres).

L’avantage relatif des licences professionnelles

En matière d’insertion, l’avantage des licences professionnelles par rapport aux licences générales est cependant tout relatif. Par exemple, pour les salaires, l’écart brut (ou moyen) entre licence professionnelle et générale est de plus de 30 % mais « toutes choses égales par ailleurs » (ensemble des caractéristiques individuelles et de l’emploi), cet écart est divisé par plus de dix. La raison ? La plus grande sélectivité de la filière professionnelle et le fait qu’elle se déploie dans les domaines et spécialités universitaires les mieux rémunérés sur le marché du travail.

L’avantage relatif des étudiants sortants de licence professionnelle est donc lié en grande partie à leur parcours d’études – par exemple 36 % sont passés par un DUT contre 9% pour ceux en licence générale - qui leur confère de meilleures capacités d’adaptation aux emplois, et pas seulement à ceux de leur spécialité. Au final, l’auteur pose la question de la « réelle » efficacité de la licence professionnelle. En effet, les diplômés de licences professionnelles et générales coexistent souvent au sein de mêmes emplois, ceux de licences générales sont même parfois dans des emplois plus qualifiés.

Une poursuite d’études en hausse

Pour Philippe Lemistre, l’évolution des licences professionnelles pourrait s’apparenter à celle des DUT conçues également à l’origine dans une finalité professionnelle. Mais leur caractère sélectif a en fait contribué à attirer de bons étudiants qui ont souhaité poursuivre leurs études. « Aujourd’hui plus de 80% des DUT poursuivent, dont 50% en master » rappelle le chercheur. Pour ce qui est des licences professionnelles, le taux de poursuite n’est que de 20% mais il ne cesse d’augmenter et  pourrait donc, à terme, remettre en cause sa vocation première d’insertion.

Selon l'auteur, "la multiplication des licences professionnelles, l’augmentation des poursuites d’étude à leur issue et l’objectif d’insertion des licences générales risquent de brouiller encore les frontières entre ces deux filières".

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