Inspecteurs de l’académie de Paris : fin des "petites nominations" entre amis politiques ?

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La Cour des comptes avait épinglé le corps les inspecteurs de l’académie de Paris (IAP) dans son rapport public annuel en février 2010, considérant qu’il s’agissait d’une « survivance historique injustifiée ». Alors que les fonctions des derniers IAP ont cessées le 29 octobre 2011, l’accès à l’Inspection générale par nomination reste encore possible.

Depuis fin octobre 2011, les six derniers IAP (inspecteurs de l’académie de Paris) ont cessé leur fonction par décrets. Dès 2009, la suppression des 22 inspecteurs de l’académie de Paris avait été programmée dans un délai de deux ans. Une intégration par concours dans le corps des IA-IPR était alors prévue. Dans son rapport annuel 2010, la Cour des comptes prévenait que « le concours prévu pour l’intégration des actuels inspecteurs de l’académie de Paris dans les corps des IA-IPR ne [devait] pas être réduit à une simple formalité. Certains inspecteurs n’ont en effet ni les compétences professionnelles, ni l’expérience indispensable pour remplir certaines des missions qui sont dévolues aux IA-IPR, notamment en ce qui concerne l’évaluation pédagogiques des enseignants au sein des classes ». Depuis, seuls 12 IAP sur 22 ont été reçus au concours et quatre ont fait valoir leur droit à la retraite.

Des inspecteurs sans mission

Recrutés sans concours ni condition d’ancienneté ou de compétence, ils étaient à l’origine chargés de l’inspection de l’administration et de l’enseignement au sein des lycées parisiens, lors de la création de ces postes en 1810 dans le cadre de l’administration napoléonienne. Mais la création du corps des IA-IPR (inspecteurs d'académie-inspecteurs pédagogiques régionaux), en 1962, a changé la donne, confiant à ce nouveau corps d’inspecteurs les missions alors dévolues aux IAP.

« Ces postes ont servi à caser des amis politiques »

« J’ai découvert l’existence de ce corps de inspecteurs de l’académie de Paris en arrivant au ministère de l’Education nationale en 1982, où je m’occupais alors de la gestion des inspecteurs, se souvient Bernard Toulemonde, inspecteur général honoraire de l’Education nationale. Dans les années 1980, ces postes ont servi à caser des amis politiques et des anciens membres des cabinets ministériels. » Les gouvernements, de droite comme de gauche, font bon usage de ces postes dont l’accès par nomination reste un secret bien gardé.

Des irrégularités multiples

Une tendance confirmée par le rapport de la Cour des comptes publié en 2010, précisant qu’ « au fil du temps, la gestion de ces agents a évolué vers des conditions de nomination et d’emploi déconnectées de toute fonction d’inspection au sein de l’académie de Paris. Elle s’est en outre caractérisée, depuis une dizaine d’années, par le triplement des effectifs et par des irrégularités multiples. Elle a enfin donné lieu au dévoiement de l’utilisation de ces emplois publics pour permettre des nominations de collaborateurs d’autorités politiques ». Chaque IAP bénéficiait d’une rémunération, absolument pas fictive, de 4500 euros par mois.

Le « tour extérieur » demeure à l’Inspection générale

Bernard Toulemonde pointe aujourd’hui du doigt ce qu’il considère comme « un autre scandale ». « L’Inspection générale est accessible par entretien de sélection pour quatre inspecteurs sur cinq. Et toutes les cinq nominations, il est possible de procéder à une nomination extérieure par simple décret en conseil des ministres sans autre condition que l’âge, puisqu’il faut avoir plus de 45 ans », explique l’inspecteur général honoraire de l’Education nationale, avant de préciser que « ce cinquième tour extérieur a été institué dans les années 1980 par les politiques, toujours pour caser des amis bénéficiant d’un salaire qui doit tourner autour de 7000 euros par mois ».
« La Cour de comptes devrait aller y mettre son nez », conclut Bernard Toulemonde.

En savoir plus

Le rapport 2010 de la Cour des comptes

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