Inspecteurs de l’académie de Paris : un "corps" en voie d'extinction

Julia Zimmerlich Publié le
Le rapport 2010 de la Cour des comptes a épinglé les 22 inspecteurs de l’académie de Paris. Leurs missions initiales étant assurées depuis 1962 par les IA-IPR, la Cour recommandait la suppression de ces postes faisant office de « double emploi manifeste » au rectorat de Paris. Pour assurer leur reconversion, le ministère de l’Education nationale leur a ouvert un concours sur titres pour devenir IA-IPR (Inspecteur d’académie - inspecteurs pédagogiques régionaux). Les résultats de la première session de ce concours sont tombés. L’histoire de la lente disparition des inspecteurs de l’académie de Paris a commencé…

Lors du contrôle du rectorat de Paris en 2009, la Cour des comptes a dénoncé la persistance de 22 inspecteurs de l’académie de Paris, rémunérés 4500€ net par mois, sans réelle mission d'inspection pour la majorité d'entre eux. « L'objectif de ces nominations n'était pas de faire exercer des fonctions d'inspection au sein de l'académie de Paris [...], mais de garantir aux personnes ainsi nommées une rémunération pérenne, quels que soient l'endroit et la manière dont elles exerçaient par la suite leurs activités », notait sobrement le rapporteur. Avant d'ajouter : « En juin 2009, sur les 22 inspecteurs rémunérés, un seul exerçait de manière effective une mission d’inspection pour le compte de l’académie de Paris, conformément aux missions fixées à l’origine. Huit inspecteurs s'étaient vu assigner des missions diverses et temporaires au sein du rectorat de Paris, huit étaient chargés de mission à temps plus ou moins partiel au sein de l'IGEN, et cinq étaient en position de mise à disposition de fait auprès de diverses instances ». Des inspecteurs, dont le rapporteur chiffre tout de même l’inactivité à 775 000€ par an.

En réponse, le ministère de l’Education nationale a annoncé, en octobre 2009, la création d’une voie supplémentaire de recrutement dans le corps des IA-IPR (Inspecteur d’académie - inspecteurs pédagogiques régionaux). Un concours sur-mesure qui permet de mettre en extinction ce "corps de fonctionnaires atypique" d’ici deux ans, comme s’y est engagé le ministère.

Des postes attribués sur simple décret du Président

La Cour des comptes relève dans son rapport une multiplication de ces postes au cours des dix dernières années, passant de 6 à 22. Sorte de « point de chute doré », le plus souvent à l'occasion de remaniements ministériels, ces postes étaient attribués sur décret par le Président de la République.

Le nouveau concours sur titre d’IA-IPR, dont les résultats ont été donnés le 1er avril 2010, est constitué d’une sélection sur dossier et d’un entretien. Dans son rapport la Cour des comptes jugeait ces conditions de sélection beaucoup trop « larges ». Il suffit, en effet, d’être titulaire d’une licence (rappelons que les futurs enseignants seront désormais sélectionnés avec un concours justifiant d’un master) et de faire valoir huit années d’expérience professionnelle dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement, de la formation, ou de l’inspection, de l’expertise ou de l’audit.

« Il sera indispensable de prendre toutes les mesures nécessaires pour que la suppression des inspecteurs de l’académie de Paris ne se traduise pas par la régularisation purement formelle de pratiques contestables », notait pourtant le rapporteur. Des conditions trop larges, encore faut-il passer... puis réussir le concours. Sur les 22 inspecteurs de l'académie de Paris, 8 ont passé sa première session et 6 ont été reçus.

Des cumuls de fonctions fréquents

Parmi eux : Fabrice Larché , qui a quitté son poste de chef de cabinet de Valérie Pécresse le 1er avril 2010. Il avait été nommé inspecteur de l’académie de Paris sur décret de Jacques Chirac le 30 mars 2007, alors qu’il était directeur du cabinet de Gilles de Robien au ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche depuis juin 2005. Deux mois après son entrée dans le "corps" des inspecteurs de l'académie de Paris, il est mis à disposition par le rectorat pour occuper la fonction de chef de cabinet de Valérie Pécresse. Reçu au concours sur titres, il vient d'être nommé IA-IPR stagiaire pour une période d’un an. La rémunération mensuelle des IA-IPR en début de carrière s’élève à environ 3700€ net.

Egalement reçu cette année, David Teillet, délégué général de l’UNI (Union nationale inter-universitaire) de 1998 à 2002, nommé inspecteur de l’académie de Paris le 2 mai 2008 par Nicolas Sarkozy, et immédiatement mis à disposition au poste de chef de cabinet de Xavier Darcos au ministère du l’Education, puis au ministère du Travail. En revanche, Arnaud Teullé, nommé le même jour, n’a pas dépassé le stade des admissibilités au concours des IA-IPR. Ancien conseiller à l’Elysée en charge des Hauts-de-Seine (92), Arnaud Teullé avait ainsi été remercié d’avoir retiré sa candidature aux élections municipales de mars 2008, pour laisser sa place à Jean Sarkozy à Neuilly-sur-Seine. Recalé également, Jean-Yves Cerfontaine, qui occupait pourtant le poste d’inspecteur de l’académie de Paris depuis le 8 décembre 1992, nommé par François Mitterrand.

Parmi les autres admis, l’ancien chef de cabinet du recteur de Paris Philippe Cocquebert, qui avait été nommé inspecteur de l’académie de Paris le 9 octobre 2006 par Jacques Chirac. Il quitte son poste auprès du recteur en décembre 2008. Sa collègue Camille Le Caruyer de Beauvais, responsable des relations extérieures au rectorat de Paris, décroche également son ticket d’entrée dans le corps des IA-IPR. Elle avait été nommée inspectrice de l’académie de Paris le 9 mai 2008, par Nicolas Sarkozy. Enfin les deux derniers admis, qui avaient été nommés inspecteurs de l’académie de paris par Jaques Chirac sont Daniel Assouline et Raymond Riquier. Restent 12 inspecteurs de l'académie de Paris, payés par le rectorat, dont 6 mis à disposition dans différents organismes publics et administrations.

Résultats admissibilité concours sur titre IA-IPR
Résultats d’admission concours sur titre  IA-IPR

Julia Zimmerlich | Publié le