Institut Montaigne : réformer l’orientation pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes peu qualifiés

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Dans la note "Choisir les bons leviers pour insérer les jeunes non qualifiés", L’Institut Montaigne avec Entreprise & Personnel  proposent de mettre en œuvre une politique volontariste pour remédier au chômage des jeunes peu qualifiés. L’une des pistes prioritaires  : la refonte de l’orientation à l’école. Ouvrir le monde enseignant aux professionnels de l'entreprise, introduire des cours d'orientation au collège, repenser le métier de conseiller d'orientation... Autant de propositions détaillées dans cette tribune du think tank, dans le cadre de son partenariat avec EducPros.

L’orientation, un rôle clé pour les jeunes peu qualifiés


L’orientation à l’école devrait établir un lien entre la formation des jeunes, la réalisation de leurs aspirations et les besoins du monde du travail. C’est à travers les rencontres avec des professionnels, les mises en situation et la découverte de différents environnements professionnels que les jeunes pourront progressivement définir leur projet. Aussi la connaissance du monde du travail fait-elle partie des connaissances générales que tout élève devrait acquérir.

Le système français d’orientation à l’école fonctionne selon une logique de tri des «bons» et des «mauvais» élèves. Il ne joue pas véritablement son rôle d’articulation entre le monde de l’école et le monde extérieur, et pousse beaucoup de jeunes dans des voies qui ne les intéressent pas ou vers des formations sans avenir. Il est surtout pénalisant pour les élèves dont les résultats sont médiocres mais qui pourraient exprimer leurs talents dans un métier qui les motiverait. Il ne valorise pas certains secteurs fortement demandés, par exemple dans les services ou l’artisanat, qui ne nécessitent pas de niveaux de diplômes élevés, mais peuvent être attractifs et rémunérateurs. Cela s’explique en partie par une insuffisante connaissance de la réalité du marché du travail par le personnel d’orientation.

Les bonnes pratiques internationales


Les systèmes d’orientation dans les pays qui réussissent le mieux l’insertion professionnelle des jeunes (Allemagne, Canada, Danemark, Pays-Bas) se révèlent très différents du nôtre. En Allemagne et aux Pays-Bas, les conseillers d’orientation n’existent pas. Cette mission est remplie par des professeurs formés à cet effet et qui consacrent une partie de leur temps à l’animation d’activités d’orientation. Plus généralement, l’ensemble du corps enseignant est associé à l’effort d’insertion des jeunes dans le monde du travail.

"En Allemagne et aux Pays-Bas, les conseillers d’orientation n’existent pas"

Certains pays offrent aux élèves des cours d’orientation dès le début du secondaire. Aux Pays-Bas, l’orientation scolaire et professionnelle est intégrée à toutes les matières au programme et l’orientation sectorielle professionnelle à toutes les disciplines de l’enseignement secondaire technique (collèges et lycées techniques).

En Allemagne, dans les collèges et lycées à vocation professionnelle, l’initiation au monde du travail est intégrée à certaines disciplines ou fait l’objet de séances spécifiques. Ce programme est complété par des visites sur des sites d’entreprises, des stages d’initiation professionnelle et des cours dispensés aux élèves de 3e par des conseillers professionnels externes à l’école.

Au Canada, les programmes incluent dès le début du secondaire des cours d’orientation organisés autour de la découverte du monde du travail et de la formation et de la connaissance de soi. Les établissements de ces pays définissent de manière autonome le contenu des activités d’orientation qu’ils dispensent, afin de mieux articuler les besoins des élèves avec ceux de leur bassin d’emploi.

Trois propositions de réformes pour l’orientation à l’école


Des réformes du système d’orientation français ont été amorcées ces dernières années. On peut notamment saluer l’introduction en 2009 du parcours de découverte des métiers et des formations (PDMF), qui assure un suivi individuel des collégiens. Ce programme reste néanmoins limité au regard de ceux mis en œuvre à l’étranger, notamment en ce qui concerne la découverte du monde du travail.

"Les politiques d’orientation n’auront de véritable effet sur l’insertion professionnelle des jeunes que si l’école devient plus autonome et davantage responsabilisée dans l’exercice de cette mission"

La volonté de répondre aux problèmes d’insertion des jeunes se manifeste également au niveau des établissements et des académies, qui cherchent à renforcer le lien entre le système éducatif et le monde de l’entreprise en développant des initiatives telles que les «clubs école-entreprise» ou le «carrefour des métiers». Mais les politiques d’orientation n’auront de véritable effet sur l’insertion professionnelle des jeunes que si l’école devient plus autonome et davantage responsabilisée dans l’exercice de cette mission, avec l’objectif impératif de s’ouvrir au monde extérieur.

Trois propositions peuvent être avancées :

1) Ouvrir le monde enseignant aux professionnels issus du monde de l’entreprise
Le recrutement des enseignants devrait s’ouvrir aux personnes issues du monde de l’entreprise, au collège comme au lycée. On peut à cette fin envisager d’encourager le recrutement de personnel qualifié par la validation des acquis de l’expérience (VAE) et de créer dans l’enseignement secondaire un statut de «professeur associé», qui permettrait à des professionnels d’enseigner à temps partiel sur le modèle en vigueur dans l’enseignement supérieur.

2) Introduire des cours d’orientation au collège
Les programmes pourraient intégrer, dès le collège, des cours d’orientation adaptés à l’âge des élèves et au type d’établissement. Dispensés par des enseignants ou des professionnels extérieurs à l’Éducation nationale, ils porteraient sur la connaissance de soi, l’apprentissage de l’autonomie face à des choix de vie, la connaissance des métiers, puis, dans les lycées professionnels, sur la préparation à la formation, aux études supérieures et à l’entrée dans le monde du travail. Par des mises en situation et des rencontres directes, ils initieraient le processus de mise en réseau des jeunes et des professionnels.


3) Repenser le métier de conseiller d’orientation
Le métier de conseiller d’orientation-psychologue (COP) doit faire l’objet d’une réflexion de fond, tant dans ses missions, qui pourraient évoluer vers la coordination de l’orientation ou se spécialiser dans des actions strictement psychosociales, que dans sa formation initiale et ses modes de recrutement. Pour ouvrir le métier à une culture professionnelle plus diversifiée, une piste pourrait être de développer une voie parallèle par validation des acquis et fonder un statut de «conseiller d’orientation associé» qui permettrait à des professionnels de consacrer une part de leur temps à la transmission de leurs connaissances et à la mobilisation de leur réseau en faveur des jeunes.

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