Internats d'excellence : un coût élevé pour des élèves pas toujours boursiers

Isabelle Dautresme Publié le
Le rapport des Inspections générales sur les internats d’excellence rendu public le 25 mai, avec 16 autres,  par le tout nouveau ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, est particulièrement sévère. En cause : le coût d’un dispositif qui ne concerne que peu d’élèves et dont seulement 60% sont boursiers.

Créés pour accueillir dans des conditions d’apprentissage optimales, des élèves méritants issus de milieux défavorisés, les internats d’excellence se révèlent être un gouffre financier.

Dans son rapport, daté de juin 2011, les Inspections générales pointent du doigt le coût très élevé du dispositif tant en investissement, qu’en dépenses de fonctionnement ou en personnel. Pour y face, les 12 internats d’excellence ont obtenu 200 millions d’euros. Au final, une année en internat d’excellence reviendrait entre 2 000 et 10 000 € par élève hors masse salariale, selon que l’internat est adossé ou non à un établissement déjà existant.

Pour financer ce dispositif, il a fallu ajouter au financement public des financements  privés, par l’intermédiaire de fondation et de mécénat. Ce financement, par nature aléatoire, inquiète les inspecteurs qui en viennent à douter « de la soutenabilité d’une opération qui a pu bénéficier, dans le cadre des investissements d’avenir, de moyens exceptionnels mais que leur caractère d’exception fragilise ».

Le public n’est pas  toujours celui attendu

Autre problème relevé par le rapport: la cible des internats d’excellence n’est pas toujours atteinte. Les internats d’excellence ont été mis en place à destination des jeunes issus de milieux défavorisés. Sauf, qu’à Sourdun, seulement 50% des élèves sont boursiers, et le pourcentage atteint péniblement la barre des 60% pour l’ensemble des internats d’excellence. Les inspecteurs s’étonnent d’ailleurs «  de la présence, dans tel internat d’un enfant de professeur des écoles, d’un enfant de notaire, de vétérinaire… de proviseur ».

Pas tous boursiers mais pas tous excellents non plus. A en croire certains chefs d’établissements, les internats d’excellence ont recruté, sans le savoir, des élèves au niveau décevant voire « perturbateurs ». « La moitié des 50 élèves de Cachan aurait des problèmes de nature médicale, psychologique, affective ou comportementale. La principale dit avoir été flouée » peut-on lire dans le rapport. Emplois du temps surchargés et règles très strictes ont en outre de quoi décourager les moins motivés d’où des abandons : entre 10% et 30% de départs sur l’ensemble des sites.

Quelle pérennité pour les internats d'excellence ?
Le rapport des Inspections générales pose clairement la question de la pérennité d’un tel dispositif qui ne peut exister qu’à la condition que « le relais soit assuré par les partenaires habituels du système éducatif que sont les collectivités territoriales ». Or,  rien n’est moins sûr au regard du peu de légitimité que les Conseils généraux accordent à ces internats.

Le rapport s’interroge également sur le bien-fondé d’un tel dispositif. S’il reconnait son efficacité - « en engageant des moyens importants et dérogatoires, utilisés par les personnels motivés et compétents, une meilleure prise en charge d’un petit nombre d’élèves, issus de milieux modestes, est possible » - il en souligne, néanmoins,  les limites intrinsèques qui font des internats d’excellence « une réponse partielle à un besoin plus global ».

Lire le rapport sur les internats d'excellence

26 internats d'excellence

Entre 2010 et 2011, le nombre d’internats d’excellence a doublé, passant de 13 à 26. Le nombre d'élèves accueillis dans ces structures également : ils étaient 1089 en 2010 et 2400 à la rentrée 2011.
À cela, s’ajoutent , les 679 internats scolaires qui proposent  7900 places « labellisées » internat d’excellence.
A terme, le programme d’investissement d’avenir prévoit l’ouverture de 20 000 places.

Isabelle Dautresme | Publié le