Italie : les universités s'associent au front de contestations de la loi Gelmini

De notre correspondante en Italie, Patricia Lota Publié le
La réforme Gelmini, du nom de la ministre italienne de l'Education Mariastella Gelmini, continue à susciter une forte opposition en Italie. Une grève générale est prévue ce 12 décembre 2008 en Italie contre les annonces de coupes budgétaire et les suppressions de postes dans l'éducation. Votée le 29 octobre 2008 par les députés, la loi Gelmini n'a cessé, depuis son annonce en août dernier, de faire des vagues de protestations dans toute la péninsule. Le 30 octobre, près d'un million de personnes ont manifesté à Rome et 90 % des établissements scolaires sont restés fermés. Le mouvement contre la réforme Gelmini, que de nombreux universitaires ont rejoint, s'est rapidement développé en une confrontation ouverte avec le gouvernement de Berlusconi.

Les  mesures de la loi 133, « la Gelmini », s'inscrivent dans une réforme globale de rationalisation des coûts, de chasse au gaspi et de stabilisation de la dépense publique. Enseignants, étudiants, parents et professeurs de l'université protestent contre ce texte qui annonce de sévères coupes budgétaires, principalement dans le primaire, avec 8 milliards d'euros qui devraient se traduire à terme par la suppression de 87 000 postes d'enseignants dans les établissements scolaires publics d'ici 2012. C'est aussi le retour au professeur unique (au lieu de 3 maîtres pour deux classes), la semaine de travail passe à 24 heures et de nombreux établissements scolaires, les plus petits, vont devoir fermer.

Vers une privatisation partielle des universités

Si le texte adopté mercredi 29 octobre ne concerne que le primaire, une large partie du monde universitaire a rejoint la mobilisation pour protester contre les principales lignes de la réforme gouvernementale de l'enseignement supérieur votées en août dernier : baisse des financements publics de 1,4 milliard d'euros au cours des cinq prochaines années (soit 20 % en moins),  diminution drastique des recrutements avec une seule embauche pour cinq départs en retraite - ce qui signifie un important vieillissement de la classe enseignante, déjà aujourd'hui parmi les plus vieilles d'Europe-, précarité des postes pour les nouveaux enseignants…. Le texte prévoit aussi une possibilité de financement des universités par des fonds privés à but non lucratifs (ce qui est gagné doit être dépensé). Un moyen de palier la diminution des budgets alloués, mais certains y voient un risque d'augmentation des frais de scolarité et d'adéquation des programmes aux intérêts des entreprises, d'où une perte d'autonomie. La première réunion nationale du mouvement, à l'université de la Sapienza (Rome), s'est conclue par la décision de participer à la grève générale du 12 décembre, appelée par le syndicat CGIL, la principale confédération syndicale transalpine. Et de transformer ainsi leur « vague » de protestations en « marée ».

Déroger à la règle d'une seule entrée pour 5 départs à la retraite

Suite aux nombreuses et virulentes protestions dans tout le pays, le décret Gelmini a été voté au Sénat avec quelques modifications. Afin de ne pas pénaliser les universités « vertueuses », ces dernières pourront déroger à la règle d'une seule entrée pour 5 départs à la retraite, à condition d'embaucher en priorité de jeunes chercheurs dans des proportions définis. Largement dénoncée pour son opacité, l'accessibilité aux concours sera plus « objective » : 4 membres sur 5 de la commission d'admission seront tirés au sort. Toujours dans le registre de la transparence chère à la ministre de l'Education Mariastella Gelmini, toutes promotions et augmentations de salaires devront être justifiées précisément.

Enfin, concernant les ressources allouées aux universités, le nouveau décret prévoit 65 millions destinés à la réalisation et à l'entretien des résidences universitaires et 135 millions pour les bourses d'études. Fait nouveau, ces budgets seront distribués pour la première fois selon des critères de mérite, de qualité et d'efficacité.

Plusieurs mois après son annonce par le gouvernement, la réforme de l'Education fait toujours débat au sein de l'opposition et des syndicats. La première réunion nationale du mouvement, à l'université de la Sapienza (Rome), s'est conclue par la décision de participer à la grève générale du 12 décembre, appelée par le syndicat CGIL, la principale confédération syndicale transalpine. Et de transformer ainsi leur « vague » de protestations en « marée ». 

De notre correspondante en Italie, Patricia Lota | Publié le