Jean-Marie Vigroux : "La Société des ingénieurs Arts et Métiers est prête à aider l'école à transmettre différemment ses valeurs"

Laura Makary Publié le
Jean-Marie Vigroux : "La Société des ingénieurs Arts et Métiers est prête à aider l'école à transmettre différemment ses valeurs"
La puissante Soce se dit prête à aider la direction d'Arts et métiers à définir une nouvelle période de transmission des valeurs. // ©  Arts et Métiers ParisTech
À la tête de la Société des ingénieurs Arts et Métiers, l'association des diplômés de l'établissement, depuis décembre 2017, Jean-Marie Vigroux réagit à la décision de l'école d'interdire la "période de transmission des valeurs" et se dit ouvert à la discussion avec la direction de l'école.

Comment réagissez-vous à l'annonce d'Arts et Métiers de mettre fin à la PTV (période des transmissions de valeurs) ?

Tout d'abord, à la Soce, en tant qu'alumni, nous ne sommes pas partie prenante de l’organisation de la PTV. C'est du ressort de l’école et des élèves avant toute chose. Laurent Champaney, le directeur général, a fait le choix de mettre fin à la PTV telle qu’elle existait jusqu’à présent.

Jean-Marie Vigroux, Soce Arts et Métiers
Jean-Marie Vigroux, Soce Arts et Métiers © Romaric Mathieu

Nous prenons acte de cette décision et attendons désormais de voir les propositions et les dispositions prévues par la direction, afin de faire perdurer les valeurs de solidarité des Gadzarts, malgré la fin de la PTV. Il est nécessaire que l’école évolue en même temps que la société.

Au sein de la Soce, les avis sont bien entendu variés sur la question, puisque nous rassemblons 34.000 ingénieurs, mais les débats sont globalement positifs. La Soce est prête à aider l’école et les étudiants à trouver des solutions, peut-être plus modernes, afin de transmettre différemment ces valeurs auxquelles nous tenons.

Comprenez-vous que, vu de l'extérieur, la PTV puisse en inquiéter certains ?

Avant tout, je tiens à le dire : la PTV n’est pas un bizutage, au sens de la loi. Mais peut-être que Laurent Champaney a eu peur que certains exercices risquant de déraper puissent provoquer des réactions hors de l’école. Nous comprenons tout à fait qu'à l’extérieur, certaines choses puissent être mal perçues, mal comprises. Mais quand je vois certains termes utilisés, comme celui de "rites initiatiques", cela me semble tout à fait inapproprié. Ce n'est pas une secte !

Est-ce alors un problème de communication sur ce qui se passe réellement durant cette période ?

Certainement. Mais cette communication doit venir de l'école et de ses élèves. La Soce pourra bien entendu l'appuyer en cas de besoin, pour partager notre expérience sur le sujet. Durant la période de transmission des valeurs, les étudiants réalisent des activités de qualité, comme la réhabilitation d’une abbaye, mais dont on ne parle pas. Sans doute faudrait-il davantage les mettre en avant, afin de montrer l’étendue des exercices réalisés par les nouveaux arrivants à l’école, et pas seulement les dérapages et les dérives.

Quand je vois certains termes utilisés, comme "rites initiatiques", cela me semble tout à fait inapproprié.

Autre exemple, les étudiants organisent des événements d’ampleur, comme le forum entreprise en janvier, ou les galas sur chaque campus. C’est quelque chose de particulier à l’école, qu’il faut conserver. En revanche, il est compréhensible qu'il faille limiter les exercices au caractère potentiellement dangereux.

Quelles sont les prochaines étapes pour l'association sur ce sujet ?

Je suis en contact avec Laurent Champaney. Une rencontre est prévue dans les prochains jours, afin de discuter du futur de cette transmission des valeurs et de la forme qu'elle prendra à l'avenir. Cela nécessitera de toute façon du temps.

Laura Makary | Publié le