JO de Pékin : les universités et grandes écoles qui jouent le jeu

Antoine Teillet Publié le
JO de Pékin : les universités et grandes écoles qui jouent le jeu
Yann Rocherieux (premier plan), Insa de Lyon // © 
Parmi les sportifs de haut niveau qui représenteront la France en août 2008 aux JO de Pékin, un certain nombre étudient dans une section de sport de haut niveau au sein d’une université ou d’une grande école. Un atout en terme d’image pour ces établissements qui leur proposent des filières d’études adaptées à leurs besoins.

Qu’ont en commun l’ESCP-EAP, l’EM Lyon, l’Insa de Lyon ou encore l’Université Paul-Sabatier de Toulouse ? Ces établissements disposent tous d’une section de sport de haut niveau (SHN) offrant la possibilité à leurs élèves d’obtenir un diplôme réputé tout en brillant sur les stades. Près de la moitié des 1386 sportifs de haut niveau recensés par le ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports sont étudiants. On compte aujourd’hui parmi eux 24 « élites », stars des podiums devant lesquelles les grandes écoles et universités déroulent le tapis rouge. Parmi les plus connus à avoir tenté l’expérience, Stéphane Diagana, Gwendal Peizerat, Bruno Marie-Rose ou encore Tony Estanguet. Rien de moins…

Paul Sabatier, une université pionnière en sport études

L’Université Paul Sabatier est une de ces institutions aujourd’hui en pointe dont l’image de marque repose notamment sur la présence de 80 jeunes champions listés haut niveau. « La filière a été fondée voici une quinzaine d’années sous l’impulsion de Jean-François Sautereau, ancien champion de demi-fond et futur président de l’université, explique Albert Souviraa, responsable du département du sport de haut niveau. Son objectif est clair : la réussite du double projet sportif et professionnel. Peu importe ensuite le sport, rugby, aviron, athlétisme ou triathlon… Nous accueillons aussi des jeunes en devenir ne figurant pas encore sur la liste des sportifs de haut niveau mais que nos conditions d’encadrement aideront à percer… » La plus sportivement titrée des universités tricolores compte entre autres à son tableau d’honneur le double champion olympique de canoë-kayak Tony Estanguet, porte-drapeau de la délégation française pour Pékin, mais aussi Mahyar Monshipour (boxe) ou encore les rugbymen Fabien Galthié et Thomas Castagnède.

Insa de Lyon : un cursus à la carte pour une stratégie réfléchie

Pour chaque institution, la règle est la même : priorité au parcours sportif, l’enseignement s’organisant en fonction des compétitions et des entraînements. Quitte à fabriquer des cursus à la carte… Michel Bouvard, patron de la SHN de l’Insa de Lyon fondée officiellement en 1981 confirme : « tout est fait pour faciliter la vie des athlètes.» Salle de musculation, possibilité de déplacer les examens, cours particuliers, repas chauds jusqu’à 23h, le suivi proposé par l’Insa est exceptionnel pour les 150 sportifs –dont 80 listés– fréquentant les lieux. « Nous consacrons chaque année 1,4 million d’euros au sport en général, SHN comprise, explique Alain Storck, directeur de l’Insa, dont 900 000 euros de salaires versés à 18 profs permanents. » Un important investissement mais la SHN contribue largement à l’attractivité de l’Insa auprès des jeunes bacheliers. « Cette structure nous place par ailleurs au premier plan en matière de diversité étudiante. » Pas question toutefois d’y délivrer complaisamment le diplôme maison. On est loin ici des facs américaines. Seule petite concession, une étude des dossiers d’admission au « cas par cas » et un examen plus flexible de certaines candidatures pour davantage tenir compte des conditions dans lesquelles travaillait auparavant chaque étudiant. Aujourd’hui, deux « insaiens » sont qualifiés pour les Jeux : Sara El Bekri, nageuse marocaine et Yann Rocherieux (voile - 49er – cf. notre photo). Un troisième élément, Brice Panel (400 mètres) pourrait également être retenu dans les prochains jours. Jonathan Coeffic, jeune diplômé, s’est enfin qualifié au sein de l’équipe de France d’aviron.

ESCP-EAP, une filière bien rodée

Autres formations de pointe, l’ESCP-EAP et le pôle universitaire Léonard de Vinci . Ce dernier espère au moins la qualification pour les Jeux de Bano Traoré, spécialiste du 110 mètres haies. L’ESCP-EAP travaille quant à elle avec l’Insep depuis environ vingt ans et intègre chaque rentrée quelques jeunes prometteurs. Dans les semaines à venir, nul doute que la grande école sera attentive aux performances pékinoises des escrimeurs français, Vincent Anstett, Brice Guyart et Anne-Lise Touya figurant parmi ses actuels élèves ou récents diplômés. A noter qu’une autre escrimeuse olympienne, Léonore Perrus, fréquentait cette année le master communication de Sciences Po…

Rapport Diagana-Auneau : vers un développement accru du sport à l’université

Une unité d’enseignement de sport obligatoire pour tous les étudiants de licence, un département sport dans chaque université, l’institution d’un « droit sport », un accueil privilégié pour les sportifs de haut niveau, telles sont les principales recommandations du rapport rédigé par Stéphane Diagana , président de la Ligue professionnelle d’athlétisme, et le professeur Gérard Auneau, texte remis le 10 juillet 2008 à Valérie Pécresse et Roselyne Bachelot-Narquin. Déjà, plusieurs de ses propositions font débat et notamment l’UE de sport obligatoire et le « droit » sport…

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